Le projet de fusion des départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine revient sur le devant de la scène. Depuis quelques années, les présidents des deux conseils départementaux, Pierre Bédier (LR) dans les Yvelines et Patrick Devedjian (LR) dans les Hauts-de-Seine, appellent de leurs vœux ce rapprochement. Mais depuis que les deux assemblées départementales ont toutes les deux validé en 2017 le projet d’une fusion, elles attendent une décision du gouvernement. Et la semaine dernière, Europe 1 a assuré que le feu vert pour la fusion, avait discrètement été donné par Emmanuel Macron au printemps. Une information catégoriquement démentie dans la foulée par les députés LREM et l’État. Les deux Départements indiquent, eux, n’avoir été informés d’aucune décision.

C’est en 2016 que Pierre Bédier et Patrick Devedjian avaient annoncé leur volonté que les deux Départements ne fassent qu’un. Pour préfigurer à ce rapprochement, ils ont créé, en 2016, l’Établissement public interdépartemental (EPI 78/92) pour permettre le rapprochement de plusieurs services des deux Départements. En juin 2017, les conseils départementaux yvelinois et altoséquanais ont voté un regroupement des deux collectivités. Depuis, ils attendent une réponse du gouvernement, le seul qui peut acter, ou non, cette fusion.

Le dernier rebondissement de ce serpent de mer a eu lieu la semaine dernière sur Europe 1. Selon la radio, « le feu vert a discrètement été donné au printemps par Emmanuel Macron » et la fusion serait « désormais » négociée. Si Europe 1 indique qu’il s’agirait « d’optimiser deux territoires puissants et prospères », le média mentionne également une note qu’il a pu consulter. D’après cette dernière, l’objectif serait, en échange de la fusion, de négocier des places pour les marcheurs aux élections municipales puis aux départementales.

Si l’information de l’aval du gouvernement a immédiatement fait réagir habitants comme politiques, elle a surtout été rapidement démentie. Aurore Bergé, députée de la 10e circonscription des Yvelines et porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale a été l’une des premières à dégainer sur Twitter. « Je le dis clairement : aucune décision n’a été prise par le gouvernement quant à une éventuelle fusion de nos deux départements. Les éléments rapportés par Europe 1 sont clairement des fausses informations », nous répète Aurore Bergé par mail, qui est par ailleurs « très opposée à ce projet de fusion ».

Dans les colonnes du Parisien, l’Élysée assure également qu’« aucun feu vert n’a […] été donné par la présidence ». Ce que nous confirme l’entourage de Sébastien Lecornu (LREM), ministre chargé des collectivités territoriales. « On dément complètement qu’une décision ait été prise, pour nous, l’information d’Europe 1, on ne sait pas d’où elle sort, nous affirme le cabinet du ministère des collectivités territoriales. Ce sera au Président de décider dans le cadre d’une réflexion plus globale sur le Grand Paris. Donc aujourd’hui, on est vraiment dans l’instruction du dossier et il n’y a pas du tout de décision qui a été prise. »

Du côté du conseil départemental yvelinois, une décision de l’État est d’ailleurs toujours attendue. « On en est au même point qu’il y a six mois », avance Pierre Bédier, le président du conseil départemental yvelinois, assurant qu’aucun feu vert n’a été donné. Pour lui, la volonté reste cependant la même. « On est toujours convaincu, nous, de la pertinence de ce rapprochement », confirme Pierre Bédier. Et de rappeler que la mutualisation se poursuit : « Comme on mutualise de plus en plus de services, à un moment donné il y aura toujours deux départements mais un EPI qui aura la quasi-totalité des compétences. »

Du côté du conseil départemental des Hauts-de-Seine, le son de cloche est le même : aucun feu vert n’a été donné pour le moment. Si tous les acteurs du dossier démentent donc l’information d’Europe 1, pourquoi est-elle donc parue ? Pour beaucoup, il s’agirait de stratégies politiques. Dans des échanges sur Twitter avec Aurore Bergé, Michaël Darmon, l’éditorialiste qui a révélé l’information sur Europe 1, maintient en tout cas l’information : « Madame la députée des Yvelines, vous avez sans doute réagi sans posséder encore tous les éléments sur le dossier de cette fusion entre le 92 et le 78. »

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