Àl’heure où la crise énergétique et l’inflation font peser toujours plus de contraintes sur le budget des ménages comme des collectivités, le rapprochement opéré voilà maintenant quelques années entre les départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine montre toute sa pertinence.

En 2016, Pierre Bédier et le regretté Patrick Devedjian, alors président des Hauts-de-Seine, avaient annoncé leur volonté de fusionner leurs deux collectivités. Une décision prise avec le double objectif de contrer le projet d’Emmanuel Macron de supprimer une partie des départements, tout du moins en Île-de-France, mais également de mutualiser les services, de réduire les dépenses de fonctionnement et d’augmenter l’efficacité des services rendus à la population.

Sept ans de collaboration

Depuis, ce projet de suppression de l’échelon départemental ne semble pas avoir trouvé de véritable écho, mais la coopération entre les deux départements, elle, se poursuit. « Avec Georges Siffredi, […], nous poursuivons une politique de coopération entre nos départements, qui n’a pas d’équivalent en France. Nous avons conservé les services communs que nous avons créés, nous partageons dans le domaine du numérique, de l’insertion, de l’autonomie, de l’environnement, des opérateurs spécialisés, rendus plus efficaces par notre alliance », a expliqué le président des Yvelines, Pierre Bédier (LR), lors de la dernière cérémonie des vœux.

« […] notre partenariat montre combien la liberté est gage d’innovation territoriale, soulignait lors de la même cérémonie Georges Siffredi, l’actuel président des Hauts-de-Seine. Depuis sept ans, il a œuvré à de nombreuses réussites pour répondre aux grands défis d’aujourd’hui et de demain. Il prouve surtout combien nous sommes plus forts ensemble, pour améliorer en permanence les conditions et le cadre de vie de nos concitoyens. »

Des économies d’échelle

Plusieurs services départementaux ont ainsi fusionné et les deux protagonistes assurent que les résultats sont là. Les économies liées à cette rationalisation et à la commande publique unifiée seraient au-delà des 10 %, soit plus de 4 millions d’euros par an. Et parmi les mutualisations réussies, se trouve l’Établissement public interdépartemental Yvelines/Hauts-de-Seine (EPI 78/92). Mi-janvier, l’EPI, qui gère notamment l’entretien et l’exploitation du réseau routier départemental, l’archéologie préventive ainsi que le sujet délicat de l’adoption, a tenu son débat d’orientations budgétaires. Ainsi, en 2023, 12,9 millions d’euros vont être consacrés aux 1 910 km de routes départementales, 825 ouvrages d’art et aux 1 051 carrefours que comptent les deux collectivités.

En 2023, le service d’archéologie préventive devrait entreprendre huit diagnostics et quatre fouilles. Enfin, 197 000 euros sont prévus pour l’adoption, le service interdépartemental le plus important de France, en prévision du recrutement de psychologues. « Grâce à l’amélioration continue de la qualité de service rendu à l’usager, et des économies d’échelle importantes de par les groupements de commandes, l’EPI 78/92 apporte la preuve d’un fonctionnement opérationnel sans dépense ni administration supplémentaire, en s’appuyant uniquement sur les moyens mis à sa disposition par les deux collectivités », assurent les départements dans un communiqué commun.

Mais les deux partenaires ont décidé d’agir ensemble dans bien d’autres domaines. C’est le cas par exemple de l’emploi et de l’autonomie comme le rappelait, entre autres, Georges Siffredi. « […] c’est encore cet esprit d’innovation qui a animé la création de nos agences interdépartementales, Activity – pour renforcer notre capacité d’accompagner vers un emploi stable et pérenne, les publics les plus éloignés du marché du travail – et Autonomy – pour prendre à bras le corps le défi immense du vieillissement de la population et mettre en place, avec l’ensemble des acteurs concernés, un grand “service public de l’autonomie” ».

La coopération se fait également dans le domaine de la culture et des sports, en soutien aux athlètes, dans les partenariats avec le Tour de France ou l’impulsion donnée « pour faire de nos départements des Terres de Jeux, dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, qui laisseront un héritage solide aux Yvelinois comme aux Alto-Séquanais, à l’image du stade Yves-du-Manoir, que nous inaugurerons à Colombes en fin d’année », précisait alors le président des Hauts-de-Seine.

Dans le domaine de l’environnement, les deux présidents confirment « ensemble l’engagement de nos deux collectivités de recourir systématiquement à l’écoconstruction dans la mise en œuvre de nos programmes d’investissement car, dans ce domaine de l’environnement et du climat, comme dans les autres, il est plus que temps de passer de la parole à l’action », assurait Pierre Bédier.

Des agences communes

Cette collaboration s’appuie aussi sur les solidarités avec à la création de l’Institut du psychotraumatisme de l’enfant et de l’adolescent, ou l’implantation dans les Yvelines du foyer d’accueil médicalisé Patrick Devedjian, « qui permet d’accueillir sur notre territoire des adultes atteints de handicap psychique ou de troubles du spectre autistique, et d’éviter ainsi aux familles de devoir se rendre en Belgique pour espérer trouver une solution de prise en charge pour leurs proches », se réjouissait le président des Hauts-de-Seine.

Enfin, les Yvelines et les Hauts-de-Seine ont créé un fonds d’investissement solidaire avec cinq autres départements, « […] qui, chaque année, redistribue environ 150 millions d’euros de crédits d’investissement et qui nous offre aussi une enceinte pour réfléchir ensemble, au-delà des clivages politiques ou géographiques, à l’avenir du Grand Paris. Une initiative de nos départements qui là encore n’a pas d’équivalent en France », précisait Pierre Bédier. Tout cela nous permet de développer une action plus innovante, plus pertinente, moins couteûse.


Une action particulière sur les transports

Côté transports, les deux présidents ont rappelé les actions et les objectifs qu’ils portent conjointement. « […] Après EOLE, dont nous devrions enfin voir l’achèvement en 2026, ce sera le bouclage du Grand Paris Express, avec le prolongement de la ligne 18 de Versailles à Nanterre, qui finira d’unir nos territoires, mais profitera à l’ensemble des Franciliens et évitera de répéter, dans le domaine ferroviaire, l’erreur, hélas sans doute irrattrapable, commise dans le passé dans le domaine routier, avec l’absence de bouclage de la Francilienne », lançait Pierre Bédier. Et de poursuivre : « Nos deux assemblées sauront le moment venu porter un effort au moins aussi conséquent que celui mis en œuvre pour le prolongement du RER E. Avec l’engagement sans barguigner de la Société du Grand Paris et de son président exécutif, Jean-François Monteils, […] la ligne 18 sera notre grand sujet, notre plus grand sujet. »

Un axe de développement fort, également souligné par Georges Siffredi sur leur « engagement commun en faveur des mobilités, en lien avec la Région, alors que les discussions avec l’État sur le volet “transports” du nouveau Contrat de plan État/Région sont au point mort depuis plus d’un an. Qu’il s’agisse des transports en commun, de la voirie ou des circulations douces, à l’image de la passerelle entre Houilles et Bezons inaugurée l’année dernière, nous investissons massivement pour faciliter les déplacements quotidiens de nos concitoyens et assurer des continuités entre nos deux départements. »


 

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