« On a besoin d’oxygène », affirme Jérémy Courtel, vice-président du Syndicat autonome du service départemental incendie et secours des Yvelines (Sdis). Également sergent professionnel de la caserne de Magny-les-Hameaux, il dénonce le nombre insuffisant de pompiers opérationnels. La manifestation va donc continuer.

En grève depuis le 26 juin, le syndicat autonome, la CGT, et l’Unsa (l’Union nationale des syndicats autonomes) ont renouvelé leur préavis pour la rentrée. Ils se sont alignés sur le mouvement national des sapeurs pompiers, qui compte prolonger sa manifestation jusque fin octobre, comme l’annonce leur préavis datant du 20 août, affiché sur la page Facebook du syndicat yvelinois.

Tout comme l’appel national, les grévistes demandent une augmentation des effectifs, à savoir, dans les Yvelines, le recrutement de « 42 sapeurs pompiers opérationnels avant la fin 2019. Et la création de 100 postes de sapeurs pompiers échelonnés sur 2020 et 2021 », selon les informations du vice-président du Syndicat autonome du Sdis.

Mais après avoir rencontré, lundi 26 août, la direction et le président du conseil d’administration du Sdis, ces derniers ne leur ont pas donné gain de cause. À la place, ils ont pris « la décision de recruter 20 sapeurs pompiers professionnels avant la fin de l’année », regrette Jérémy Courtel.

Contacté par la rédaction, le Sdis78 nuance dans son mail de réponse, en rappelant avoir déjà prévu le recrutement de « 24 sapeurs pompiers professionnels […] pour tenir compte de la surtension opérationnelle constatée fin 2018 ». Par conséquent, 16 agents ont déjà été recrutés au 1er septembre, toujours selon le mail de réponse. Ce nombre s’ajoute au recrutement des 20 sapeurs pompiers professionnels, que le Sdis s’engage à recruter d’ici décembre 2019.

Pour autant, cette décision reste insuffisante pour les syndicats. Et selon Jérémy Courtel, la direction se serait justifiée en rappelant les restrictions budgétaires, dont elle fait l’objet. « On ne peut pas se contenter de nous dire ‘‘non’’ parce qu’ils n’ont pas d’argent. […] C’est le service public qui est en jeu. Est-ce qu’on accepte qu’il se détériore ? », se révolte-t-il.

Le vice-président fait référence à l’augmentation du nombre des interventions, ces deux dernières années, en comparaison avec le nombre d’effectifs opérationnels. Comptez 110 368 interventions dans le département des Yvelines en 2016. Ce chiffre est passé à 112 939 en 2017 puis à 123 981 en 2018, selon les informations de Jérémy Courtel.

Mais la tendance serait à la baisse depuis 2019. Le Sdis aurait réduit les interventions auprès des personnes ne relevant pas des missions des pompiers, laissant le Samu et l’Agence régionale de santé s’en charger. Par conséquent, les interventions des sapeurs pompiers ont baissé « de 8 % au regard de 2018, soit une réduction d’environ 5 536 au 26 août 2019 », indique dans son mail le Sdis.

Mais ce n’est toujours pas satisfaisant pour le vice-président du Syndicat autonome du Sdis des Yvelines. Jérémy Courtel affirme : « L’augmentation des effectifs doit être complémentaire à cette baisse. » Il fait notamment référence à la réduction des effectifs dans les casernes, qui s’est traduit en 2014 par le retrait de 53 pompiers en présence opérationnelle journalière sur le département, selon les chiffres avancés par le vice-président du syndicat.

Et cette situation aurait conduit les soldats du feu à s’exposer davantage pendant leurs interventions. « Les véhicules partent avec du personnel en moins. On nous demande de faire plus avec moins de personnes », dénonce le syndicat, qui souhaiterait moins de départs en interventions, pour avoir le temps de se reposer, afin de garder une bonne condition physique.

Comment les pompiers font-ils grève ?

Non, tous les pompiers ne vont pas descendre dans les rues pour manifester. Pendant une grève, un nombre de pompiers minimum, défini par un arrêté préfectoral, assure la continuité du service d’interventions dans chaque caserne. Et ceux qui peuvent participer à la manifestation, vont le plus souvent « faire des affichages sur la voie publique », « prendre contact avec les médias », « manifester dans les rues avec des banderoles », illustre Jérémy Courtel, vice-président du Syndicat autonome du service départemental incendie et secours des Yvelines (Sdis). Certains peuvent même aller plus loin, comme peindre des véhicules, « même si ce n’est pas légal et répréhensible par le Sdis », prévient le syndicat.