Depuis le 1er mai 2019, le centre d’incendie et de secours de Magny-les-Hameaux n’a plus que 22 pompiers professionnels, au lieu de 24 auparavant, dont un sapeurs-pompiers en moins tous les soirs. Les deux soldats du feu ont été envoyés à la caserne de Montigny-le-Bretonneux. En désaccord avec cette décision, les sous-officiers professionnels et volontaires de la caserne concernée ont donc alerté les élus le 1er mars. Ces derniers, n’étant pas au courant, ont adressé le 18 avril une lettre au président des sapeurs-pompiers des Yvelines.
Ainsi, le maire de Magny-les-Hameaux Bertrand Houillon (Génération.s) et ses homologues, les maires de Buc, Châteaufort, Guyancourt, et Toussus-le-Noble, s’opposent à ce rééquilibrage et demandent « de maintenir l’effectif des sapeurs-pompiers professionnels à 24 et la présence opérationnelle journalière à 9/9. » Selon eux, cette baisse nuirait à la sécurité et la santé de leurs habitants.
Ce rééquilibrage des effectifs de garde répondrait à une hausse significative des interventions à Montigny-le-Bretonneux, par rapport à celles de Magny-les-Hameaux et à des contraintes budgétaires, selon le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis). Contacté par la rédaction, il affirme : « Pour en limiter l’impact économique, […] le service est contraint de prendre un certain nombre de mesures organisationnelles, parmi lesquelles le rééquilibrage des effectifs de garde, selon leur taux de sollicitation. »
Et ce n’est pas la première fois que la caserne de Magny-les-Hameaux subi une baisse de ses effectifs. En 2012, les pompiers opérationnels étaient au nombre de dix de jour comme de nuit. Ils sont passés à neuf l’année d’après. Une décision paradoxale pour Jérémy Courtel, vice-président du syndicat autonome du Sdis des Yvelines, surtout que d’après lui, le nombre de sollicitations augmentent sur leur secteur depuis 2012. Selon ses statistiques : 2 400 interventions ont eu lieu cette année là, en 2017, les pompiers interviennent 2 800 fois, et en 2018, ils passent la barre des 3 000 interventions, soit une hausse de 6,6 %.
Cette baisse d’effectifs ne devrait pourtant pas remettre en cause la réponse opérationnelle des soldats du feu de Magny-les-Hameaux, selon le Sdis. Ce que contestent les syndicats et les maires signataires. Avec deux personnes en moins, « on augmente la charge sur le personnel restant et le non départ de certains véhicules. Cela réduit la possibilité d’action et augmente l’insécurité », affirme Jérémy Courtel, également sergent professionnel au centre de secours de Magny-les-Hameaux.
Il donne l’exemple d’un départ de feu. Selon lui, le véhicule d’intervention doit contenir au minimum six pompiers. Mais si le camion part avec quatre ou cinq sapeurs-pompiers, il faut appeler un autre véhicule issu d’une autre caserne, comme celle de Montigny-le-Bretonneux. D’autant que cette dernière est déjà très sollicitée, d’après Bertrand Houillon.
Et plus le véhicule vient de loin, plus il mettra du temps à venir, selon le syndicat. Sachant que la zone couverte par les sapeurs-pompiers de Magny est « un territoire où l’on intervient moins rapidement. Il faut compter entre 10 et 15 minutes », confie le maire de la commune. Même si le Sdis l’affirme : « Cette mesure, […] ne remet pas en cause le respect de l’objectif de couverture opérationnelle du Schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (SDACR), qui fixe les délais souhaitables d’arrivée sur les lieux pour chaque commune. »
Autre contestation soulevée par les maires signataires, les conditions de travail des soldats du feu, qui pourraient également être détériorées. Avec deux sapeurs-pompiers en moins, les soldats du feu yvelinois auront « moins de temps pour se reposer et se restaurer. Ils risquent alors d’être moins en alerte », abonde Jérémy Courtel. C’est pourquoi, le vice-président du syndicat souhaite que le service procède à de nouveaux recrutements.
Ce que le Sdis compterait faire. Il affirme dans leur mail adressé à la rédaction que : « Des recrutement sont engagés pour le cours de l’année 2019 et vont permettre de couvrir prioritairement les centres de secours en surtension opérationnelle. […] qui conduira à une évolution de la masse salariale de +1,9 % cette année. » Pourtant la caserne de Magny-les-Hameaux n’a pas pu bénéficier de cette évolution de la masse salariale. Les maires et les syndicats n’ont donc pas dit leur dernier mot et comptent bien se mobiliser contre cette décision, en commençant par en informer les habitants et les autres sapeurs-pompiers.