Un gratte-ciel verra-t-il le jour à Saint-Quentin-en-Yvelines dans les prochaines années ? Si cette idée portée par l’agglomération n’est à l’heure actuelle qu’un projet envisagé, SQY a lancé courant juillet un concours d’architecture en vue d’implanter un immeuble de grande hauteur à Guyancourt, dans le quartier de la gare. Ce bâtiment, voulu pour être un « ‘‘objet architectural emblématique’’ apte à créer un signal urbain fort » selon l’agglomération, pourrait culminer à 180 mètres de haut. À titre de comparaison, la tour Montparnasse à Paris affiche une hauteur de 209 mètres. Une nouvelle qui n’a pas manqué de faire réagir les Saint-quentinois sur les réseaux sociaux, certains emballés par l’idée, d’autres beaucoup moins.

Un communiqué de presse de l’agglomération, envoyé fin juillet, explique que ce gratte-ciel, ou Immeuble de grande hauteur (IGH), « doit être le projet révélateur de l’identité innovante et avant-gardiste du territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines ». Et d’ajouter : « Défi ambitieux pour l’agglomération, ce nouveau chantier sera l’occasion de consolider l’image innovante de SQY et d’accroître son attractivité, tant sur la scène nationale qu’internationale. »

L’immeuble en projet pourrait mesurer 180 mètres de haut, avec une marge de plus ou moins 10 mètres. À titre de comparaison, la tour Montparnasse (photo) mesure 209 mètres.

Dans des propos rapportés par Le Parisien, le maire d’Élancourt et président de Saint-Quentin-en-Yvelines, Jean-Michel Fourgous (LR) souligne à propos de ce gratte-ciel, qu’il appelle déjà la « SQY Tower », sa volonté de rendre l’agglomération toujours plus attractive pour les entreprises. « Nous avons de superbes entreprises, et pour en attirer d’autres, il faut offrir les meilleurs services », explique-t-il, avec toujours le développement économique comme mot d’ordre, dans les colonnes du quotidien francilien. Et des services, la future tour ne devrait en effet pas en manquer.

D’après le cahier des charges du concours d’architecture, cet immeuble « d’environ 180 mètres (avec une marge de plus ou moins 10 mètres) » devrait ainsi s’orienter « principalement vers l’accueil d’activités tertiaires, d’un centre d’affaires ou de congrès, d’espaces de co-working et de fab-lab, d’espaces de bien-être, de restaurants, de services et d’un hôtel de haut standing, à l’exclusion de tout logement ». Les documents de l’agglomération stipulent cependant que ce programme sera ajusté « en concertation avec le ou les futurs investisseurs et promoteurs ».

La « SQY Tower » est également voulue par l’agglomération pour être une « véritable prouesse architecturale » et « porteur d’une nouvelle génération d’immeuble ». Le règlement du concours stipule ainsi que dans les projets soumis par les architectes, l’immeuble « devra être d’une grande qualité esthétique en brisant l’image de la tour monolithique et en développant un design résolument moderne », « limitera son empreinte et contribuera à la résilience du territoire par une haute qualité environnementale » et « participera de la Smart city (ville intelligente, Ndlr) en étant un immeuble intelligent intégrant toutes les technologies informatiques présentes et en cours de développement ».

Le terrain envisagé pour accueillir ce gratte-ciel est d’une surface d’environ 5 000 m², situé le long de l’avenue des Frères Lumière à Guyancourt, juste derrière le SQY Cub à quelque pas de la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines, sur l’emplacement où se trouve actuellement la boucle de l’échangeur de la RD 127. Cet échangeur sera par ailleurs « modifié avec la suppression de la bretelle de sortie » d’après le cahier des charges du concours d’architecture. Ce document précise également que, dans le cadre du concours, les architectes devront proposer « un schéma d’orientation pour requalifier et recomposer l’aménagement des espaces publics aux abords du projet afin d’ancrer le projet dans le quartier et lui donner une urbanité ».

Ce nouveau projet est en effet adossé à la redynamisation du quartier de la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines, dit « Hyper-centre » (voir La Gazette du 9 juillet), pour lequel l’agglomération souhaite « engager une démarche de restructuration globale afin de redynamiser ce secteur stratégique et de lui créer une vraie identité de centre-ville ». Le quartier est en effet en pleine mutation avec plusieurs opérations de démolition-reconstruction dont celle de l’ancien immeuble de La Poste, celle de l’ancien L’international devenu le Carré, ou encore la démolition prévue de l’Anneau rouge directement à côté de la gare « qui pourrait donner lieu à une opération totalisant 19 000 m² de bureaux » selon l’agglo.

Interrogée par de potentiels candidats au concours d’architecture sur l’enveloppe financière prévue pour les travaux comme sur le nombre d’étages prévus, l’agglomération précise que ces éléments ne sont pas encore définis. Dans le règlement du concours d’architecture, il est en effet précisé que si SQY est propriétaire du terrain sur lequel le gratte-ciel est potentiellement prévu, la collectivité « envisage de le vendre ». « Ainsi, la maîtrise d’ouvrage sera de nature privée », poursuit le règlement du concours.

Si les exigences de l’agglomération pour ce potentiel immeuble sont définies, Jean-Michel Fourgous s’est néanmoins montré prudent dans les différents médias locaux et a rappelé que cette « SQY Tower » restait pour l’instant un projet, qui devra recevoir l’aval des élus de l’agglomération pour être lancé ou pas. « Rien n’est décidé. Ce ne sont que des hypothèses », souligne le président de SQY sur le site internet 78actu. Mais les prochaines étapes du projet sont tout de même déjà connues.

Le terrain envisagé (en jaune) pour accueillir cette « SQY tower » est situé à Guyancourt, juste derrière le SQY Cub, sur l’emplacement où se trouve actuellement la boucle de l’échangeur de la RD 127.

Alors que le concours d’architecture pour cet immeuble de grande hauteur a été lancé à la mi-juillet, trois cabinets d’architectes doivent être retenus dès la rentrée. Ces derniers disposeront ensuite de quatre mois pour envoyer leurs projets respectifs à l’agglomération. Selon le cahier des charges du concours d’architecture, Saint-Quentin-en-Yvelines souhaite « être en mesure de présenter le ou les projets lauréats à l’occasion des Marchés internationaux des professionnels de l’immobilier (Mipim) », que ce soit à celui de Cannes en mars 2020, ainsi que ceux du Royaume-Uni en octobre 2020 et d’Asie en novembre 2020.

Sur les réseaux sociaux, après l’annonce du lancement du concours d’architectes, les avis des Saint-Quentinois sont en tout cas divergents, entre ceux qui saluent le projet et espèrent un impact sur l’emploi, et d’autres qui critiquent une énième construction et s’inquiètent pour le paysage comme pour l’environnement. Suite à la publication pendant l’été des différents articles annonçant ce possible immeuble, la liste « Montigny solidarité 2020 », une liste de gauche en cours de constitution pour l’élection municipale de l’année prochaine, s’est exprimée contre le projet.

Dans un communiqué envoyé la semaine dernière, « Montigny solidarité 2020 » dénonce ainsi une « folie des grandeurs » pour « un projet inutile [qui] veut nous être imposé ». « Nous refusons ce projet qui défigurera le quartier, qui sera énergivore, augmentera la circulation automobile et les émissions de gaz à effet de serre et qui coûtera cher aux contribuables », estime le communiqué.

Le projet de « SQY Tower » s’inscrit également dans le cadre de l’accueil de plusieurs épreuves des Jeux olympiques de 2024, pour lesquels un aménagement de la colline d’Élancourt est prévu, et dans celui des études en cours pour la mise en place d’un transport semi-aérien automatique par cabines, Supraways (voir notre édition du 26 mars). Autant de projets sur lesquels Saint-Quentin-en-Yvelines mise pour affirmer toujours plus son slogan « Terre d’innovations ».

CREDIT PHOTO 2 : Google Maps