Pour la première fois, tout le monde peut participer au spectacle de fin d’année ! L’association Maurepas entraide répète pour le final, le 19 juin au Café de la plage. Autrefois réservée aux enfants issus de l’aide au devoir, la participation au spectacle n’était pas proposée aux apprenants issus des cours d’alphabétisation délivrés par l’association. Les choses ont désormais changé.

Avec l’arrivée de la nouvelle directrice, Nicole Malaquin, ancienne directrice d’école et également conseillère municipale d’opposition à Maurepas, le spectacle fait maintenant monter sur scène les enfants et les adultes apprenants, qui sont pour la plupart des migrants, pour chanter tous ensemble. La direction souhaite en effet « effacer les différences » et « mixer les différents publics », pour une meilleure intégration de ces migrants. C’est la particularité de cette association. Créée en 1985, dans le quartier populaire des Friches, Maurepas entraide accompagne deux publics différents. Elle fait de l’aide au devoir tous les soirs pour des élèves âgés de 6 à 16 ans. Et en parallèle, elle délivre des cours socio-linguistiques pour apprendre le français à des migrants arrivés en France et à ceux issus du regroupement familial. L’association fait ensuite rencontrer ces deux publics à travers d’autres activités.

Faire monter les apprenants sur scène, pendant le spectacle, c’est « leur montrer qu’ils maîtrisent notre langue, affirme Nicole Malaquin, qui souhaite les mettre à l’aise parmi les enfants et les bénévoles. C’est aussi leur donner de l’estime de soi. » Pourtant, certains sont encore réticents à l’idée de participer au spectacle. Au début de la répétition, il n’y a que trois apprenants sur les 70 de l’association.

C’est le cas de deux apprenantes, présentes à la répétition mais qui n’osent pas encore monter sur scène. Mais en fin de séance, elles finiront par le faire et rejoindront les enfants et les autres apprenants. Cela prend du temps d’arriver à faire se rencontrer tout le monde, et Nicole Malaquin en est consciente. « On est humble. On sait qu’on ne va pas arriver à tout changer en une année », avoue-t-elle. Alors, progressivement, la directrice veut transmettre la culture française aux apprenants migrants. Grâce au spectacle, intitulé L’arbre musical, Nicole Malaquin a intégré des textes de Bernard Clavel, et des chansons de Henri Salvador, Michel Seguin et Julien Clerc. Et les paroles des chansons ont été modifiées pour transmettre un message sur le vivre ensemble. Le 8 juillet, avec Maurepas entraide, ces mêmes enfants et apprenants ont découvert les fables de La Fontaine à Port-Royal des Champs à Magny-les-Hameaux.

L’association souhaite également les intégrer dans l’engagement environnemental au sein de la commune de Maurepas. Elle a organisé le 17 février un nettoyage de la ville en compagnie des enfants, de leurs parents et des apprenants. « Ça a étonné la population. Et les apprenants étaient très contents. Ça leur a montré qu’ils s’intègrent », se remémore Nicole Malaquin.

Pour preuve, certains vont même plus loin. Des apprenants sont devenus bénévoles de l’association et donnent maintenant des cours aux enfants pendant l’aide aux devoirs. C’est le cas de Lushika, originaire d’Afrique du Sud, qui aide les collégiens en anglais. Et en échange, ces derniers lui apprennent le français. Avec eux « je parle plus en Français. Ils ne comprennent pas beaucoup en anglais », raconte Lushika dans un Français très correct.

Criminologue, elle est arrivée en France en août 2018, alors qu’elle ne parlait pas un mot de Français. Et pour l’instant, elle ne travaille pas, en raison de son visa visiteur. Dans son quotidien, en tant que bénévole, Lushika a conscience de l’importance de ces moments passés avec les enfants. « C’est intéressant pour nous et pour les petits. Ils apprennent à accepter les différences. Ce n’est pas grave si on n’a pas la même couleur de peau », explique-t-elle. Et depuis son arrivée sur Maurepas, l’association lui a donné l’opportunité de se faire des amis au sein de la structure. Ce ne sont d’ailleurs principalement que des bénévoles. Elle avoue : « C’est difficile de trouver des amis dehors, ça n’arrive pas dans les magasins. »