Ils étaient environ une quinzaine à braver la pluie le 9 mai dernier, devant le lycée Jean Vilar de Plaisir, en ce jour de mobilisation nationale contre la loi Blanquer, qui doit entrer en vigueur dès septembre prochain. Pour rappel, cette loi, qui a déjà suscité de nombreuses manifestations dans les établissements saint-quentinois, prévoit notamment la disparition des filières S, ES ou L, la mise en place d’enseignements de spécialité ou encore la refonte du bac.

Une réforme que les professeurs du lycée plaisirois estiment « bâclée » et « précipitée », d’après les mots de Corinne Solomon, qui enseigne le français au sein de l’établissement. « Ils ont fait une consultation, mais après avoir fait la réforme », regrette-t-elle. Un timing brutal et une réforme « très floue » conduisant à ce que « l’on découvre les choses au fur et à mesure sans même être très au clair sur ce qui va se passer pour les élèves », juge de son côté Gaelle Tamagno, professeur de SES, évoquant « des programmes que l’on ne connaît pas encore ».

Tous font part de leur colère et de leurs craintes. Des craintes, d’abord, que les enseignements de spécialités délaissent la qualité des programmes sur le tronc commun. « Ceux qui veulent se former à une culture générale humaniste doivent prendre la spé, donc ça fait une certaine manière de sélectionner », s’indigne Aziz Bouazza en citant l’exemple de sa matière, l’histoire-géographie.

Il redoute également une surcharge des classes qui pourrait avoir de graves conséquences sur l’avenir des élèves. « Dans les spés, les effectifs sont de 35 élèves minimum, or nos salles ne peuvent pas accueillir plus de 35-36 élèves, explique-t-il. Si un élève se trompe et que l’on doit le mettre dans une autre spé, il n’y a plus de place. »

Et de poursuivre : « Avec les effectifs de 35 et l’exigence qu’en spé, il faille que l’enseignement soit de haut niveau pour rapprocher les élèves de celui de l’enseignement supérieur, les élèves en difficulté, on ne peut pas les accompagner. »

Dénonçant un calendrier électoral et des mesures surtout destinées à faire des économies, les professeurs réclament une réforme « mieux faite et qui nous laisse plus de temps », selon Corinne Solomon, tandis que son collègue en mathématiques Denis Veron, syndiqué au SNES, aimerait lui son report « d’au moins un an ».