Et si vous testiez votre projet de commerce à moindres risques ? Après une première réussie avec l’ouverture d’un salon de coiffure en 2017, Magny-les-Hameaux réitère l’opération « Ma boutique à l’essai ». Pour occuper une cellule commerciale du quartier du Buisson, vide depuis plusieurs mois, la commune vient de lancer un appel à candidature pour trouver l’entrepreneur qui y ouvrira son commerce. Après une sélection minutieuse du candidat retenu, l’idée est de lui permettre d’essayer son projet en conditions réelles pendant un an, tout en bénéficiant d’un loyer réduit et d’un accompagnement renforcé de la part de nombreux partenaires impliqués.

Dans le quartier du Buisson, autour de la place du 19 mars 1962, depuis la semaine dernière, la façade d’un local commercial questionne désormais les passants : « Et si cette boutique devenait la vôtre ? ». Dans ce local de 45 m², la commune, en partenariat avec le Parc naturel régional (PNR) de la haute vallée de Chevreuse, a décidé de lancer sa deuxième Boutique à l’essai. Les entrepreneurs, avec un projet de commerce, peuvent dès à présent candidater pour tenter d’être celui qui s’y installera et sera conseillé pendant un an pour la réussite de son projet.

Sont en effet partie prenante à l’aventure, en plus de la commune et du PNR, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA), le bailleur du local, ainsi qu’un expert comptable, un assureur, une banque et la Fédération des boutiques à l’essai qui est à l’origine du concept. Tous font partie du comité de pilotage qui va sélectionner l’entrepreneur qui pourra tester son idée.

Pour Henri Omessa (SE), adjoint de Magny-les-Hameaux aux finances et à la vie économique, ce sont là les avantages du concept : « L’accompagnement, l’expert comptable qu’on a pu monter avec [l’entrepreneur] tout le projet financier, un point tous les trois mois pour valider, conseiller et aider à la poursuite de l’activité », explique-t-il, mentionnant également « l’aide à la formation de gestionnaire » fournie par la CMA, et des subventions possibles de la part du PNR pour la réalisation de travaux dans la boutique.

« Depuis un an, je suis en autonomie », sourit Christine le Bourgeois, gérante du salon de coiffure ouvert dans la première Boutique à l’essai, mettant en avant l’encadrement dont elle a pu bénéficier.

Un autre avantage concerne le local commercial en lui-même. « Le porteur de projet n’a pas besoin de chercher un local car on en identifie un bon avec les collectivités », indique Maxime Breart, coordinateur national de la Fédération des boutiques à l’essai. Grâce à l’implication du bailleur, l’entrepreneur bénéficie également d’un loyer modéré. « Le bailleur fait un effort important puisque c’est 30 % de moins sur le loyer la première année, 20 % la deuxième et 10 % la troisième, détaille Henri Omessa. Au départ, [le bailleur] fait un effort, c’est mieux que de ne pas avoir de loyer du tout, et après il a toutes les chances d’avoir un commerce qui dure. » Le bail est également de courte durée pour permettre au commerçant de l’arrêter plus facilement si ça ne marchait pas pour lui.

« C’est le regroupement des personnalités et des professionnels qui permet d’apporter ce confort aux candidats, résume Henri Omessa, pointant les difficultés que peuvent souvent rencontrer les entrepreneurs pour lancer leur commerce. Ce qui a été important pour moi, c’était de ressentir cette capacité qu’on avait, en se mettant tous ensemble, à trouver des solutions. […] Et faire, pour des candidats qui ne sont pas des gens riches, que ce ne soit pas une question de vie ou de mort de s’installer. »

Autant de dispositifs qui permettent à la Fédération des boutiques à l’essai d’assurer un taux de réussite de « 80 % » sur l’ensemble des Boutiques à l’essai ouvertes en France. « Les délais de mise en place peuvent être parfois assez longs […], mais il vaut mieux prendre son temps, identifier une bonne cellule et identifier le bon porteur de projet plutôt que quelques mois après, ça périclite », estime le coordinateur national de la Fédération des boutiques à l’essai. Et si la période de test d’un an s’avère concluante, le commerçant a la possibilité de s’installer définitivement.

Le lancement d’une deuxième Boutique à l’essai magnycoise fait justement suite au succès d’une première opération en 2017. Il y a deux ans, Christine le Bourgeois avait été sélectionnée pour ouvrir la toute première Boutique à l’essai des Yvelines, même si d’autres concepts plus ou moins similaires existent, souvent désignés comme boutique éphémère. C’est ainsi que le salon de coiffure Chev’un’court a vu le jour fin juin 2017 dans le quartier du Buisson, et perdure depuis.

« Les accompagnements m’ont aidé à me lancer », apprécie Christine le Bourgeois, gérante du salon de coiffure, qui ne cache pas sa satisfaction d’avoir pris part à l’aventure. Auparavant coiffeuse à domicile, cette habitante du quartier avait envie de donner un nouveau tournant à sa carrière et d’avoir son propre salon. Le succès a été au rendez-vous puisque le salon est toujours présent, après l’arrêt des conseils prodigués dans le cadre de la Boutique à l’essai à l’issue de la première année. « Depuis un an, je suis en autonomie », sourit-elle, mettant en avant l’encadrement dont elle a pu bénéficier, surtout pour l’aider dans son nouveau rôle de chef d’entreprise.

C’est en effet là que l’accompagnement des partenaires de la Boutique à l’essai s’est avéré essentiel pour Christine le Bourgeois : « On peut être un très bon artisan, mais après, il faut savoir gérer son affaire. » La coiffeuse magnycoise s’en est visiblement bien sortie puisqu’ après avoir commencé seule, elle emploie même maintenant une apprentie. Du côté de la municipalité, on se montre également ravi de cette réussite commerciale. « On a ici un quartier excentré du reste de la ville, on a absolument besoin d’y maintenir cette activité, cette animation », rappelle Henri Omessa pour expliquer l’intérêt initial de la Ville pour prendre part à l’expérience de la Boutique à l’essai.

Après cette première réussite, Magny-les-Hameaux vient donc de lancer un deuxième appel à projets, pour installer une nouvelle Boutique à l’essai à quelques pas du salon de coiffure de Christine le Bourgeois. La municipalité cherche donc le porteur de projet qui occupera un local de 45 m², vide depuis maintenant plus d’un an, où se sont auparavant succédé notamment une auto-école et la Boîte à films. Les entrepreneurs peuvent dès à présent candidater et proposer leur idée de commerce. L’objectif affiché par Henri Omessa est ainsi un démarrage de l’activité pour la rentrée de septembre : « Ce serait l’idéal. »

La Ville ne semble par contre pas avoir d’idée préconçue du type de commerce qu’elle souhaite voir s’ouvrir, mais veut en tout cas renforcer l’offre existante dans le quartier du Buisson. « On ne donnera pas un blanc-seing à une entreprise qui ferait une concurrence directe avec quelque chose qui est ici, avance l’adjoint magnycois. On cherche du complémentaire, il faut que ça apporte quelque chose au quartier et que ça ait une vraie chance de survie. C’est le comité de pilotage qui tranchera. »

Visiblement convaincue par l’efficacité de la Boutique à l’essai, la municipalité magnycoise ne ferme d’ailleurs pas la porte à une troisième ouverture ensuite. Par exemple dans le local auparavant occupé par une boucherie, toujours dans le quartier du Buisson, qui ne trouve pas preneur depuis des mois. « Je vais en discuter avec le bailleur », nous confie ainsi l’adjoint à la vie économique.