Tout pourrait laisser croire que c’est une véritable entreprise qui s’est installée dans les anciens locaux du musée de la Ville, juste à côté de la médiathèque du Canal à Montigny-le-Bretonneux. Mais non, la cinquantaine d’ « associés » qui fourmillent quatre jours par semaine dans ce lieu sont en réalité les demandeurs d’emploi qui ont intégré pour sept semaines l’Entreprise éphémère de Saint-Quentin-en-Yvelines. L’aventure a démarré pour eux le 12 mars, avec la mission de dénicher les offres d’emploi « cachées » des environs et potentiellement celle qui les sortira du chômage (voir notre édition du 12 février).

L’Entreprise éphémère, bien que fictive, reprend les codes d’une vraie entreprise composée de différents services, regroupés par tables avec tout le matériel nécessaire. Parmi les 54 « associés », nom donné aux demandeurs d’emploi qui ont intégré la structure, les profils sont variés, de l’assistante de gestion à la responsable des ventes en passant par le commercial, la boulangère ou encore le préparateur de commande. Autant de compétences mises en commun avec l’objectif d’aller trouver les offres d’emploi locales par tous les moyens et en unissant leurs forces.

Pour cela, lors de leur arrivée en mars, les « associés » ont ainsi été répartis dans six services : « grands comptes », « web », « call », « communication », « Ressources humaines (RH) » et « face à face ». Ce dernier par exemple, composé d’une vingtaine de personnes, à la charge de « faire de la prospective directement sur le territoire en toquant à toutes les portes, PME, grands comptes, commerçants, pour tenter d’avoir un premier contact », explique Nolwenn Boucher, membre du service communication, Ignymontaine et juriste de formation, en recherche d’emploi depuis l’automne.

Ces données, en plus de celles collectées par d’autres services, sont centralisées sur une plateforme accessible aux « associés » pour qu’ils puissent candidater aux offres ou envoyer une candidature spontanée aux contacts dégotés. « Par contre, à l’issue des sept semaines, les offres que nous aurons trouvées seront basculées à Pôle emploi », souligne Nolwenn Boucher.

L’Entreprise éphémère, bien que fictive, reprend les codes d’une vraie entreprise composée de différents services, regroupés par tables avec tout le matériel nécessaire.

Mais ce ne sont pas là les seules activités réalisées par les « associés », qui arrivent également à faire venir des sociétés dans les locaux de l’Entreprise éphémère pour qu’elles présentent leurs offres – comme cela a déjà été le cas avec notamment Axa ou JC Decaux – surveillent les différentes actions sur l’emploi organisées dans les alentours, ou encore se forment entre eux sur la rédaction de CV ou la simulation d’entretiens.

Le tout grâce à des échanges permanents entre les différents services toute la journée et dès 9 h avec le brief quotidien où chacun fait le point sur ses actions réalisées et à venir. « Il y a des liens entre chaque service, insiste Carine Dos Santos, l’une des trois coachs présents quotidiennement à l’Entreprise éphémère et consultante chez BPI group, le cabinet de conseil RH à l’origine de l’initiative. Ils forment un vrai collectif. »

« L’objectif, c’est de travailler 50 % de son temps pour le collectif, et les autres 50 % pour soi », ajoute Nolwenn Boucher. Le 10 avril, lors de notre visite au sein de l’Entreprise éphémère, soit près de quatre semaines après son lancement, le travail a déjà porté ses fruits : plus de 460 offres d’emploi ont été détectées et trois « associés » ont même déjà décroché un contrat. « Certains n’entrent pas en poste immédiatement et ont décidé de rester avec nous pour faire profiter de leur expérience », note Nolwenn Boucher.

Que ce soit Nolwenn Boucher ou Carine Dos Santos, les éloges ne manquent pas pour ce dispositif inédit de retour à l’emploi. « Ça nous permet d’avoir un regard croisé les uns sur les autres, d’acquérir de nouvelles compétences, et d’avoir une autre position vis-à-vis des recruteurs, apprécie la membre du service communication. Là, on n’est plus demandeurs d’emploi, on est recruteurs d’offres. Ça montre qu’on a de l’envie et qu’on est proactif. […] Ça peut aussi permettre d’envisager des secteurs d’activité que certains n’imaginaient pas, grâce à la diversité des profils. »

« Ils se retrouvent dans un collectif, retrouvent un rythme et un dynamisme, complète la coach de BPI group, dont l’Entreprise éphémère de SQY est la neuvième lancée en France. Pour nous, il y a un double objectif : qu’ils retrouvent un emploi [et] se constituent un réseau. » Pour Carine Dos Santos, l’Entreprise éphémère les « fait sortir de l’isolement » et « casse les codes » : « Certains [recruteurs] peuvent avoir un regard négatif des chômeurs, et là, ils ont en face d’eux des gens qui sont proactifs. » Et Nolwenn Boucher de conclure : « Rechercher un emploi, c’est un emploi à plein temps. Et là, ça se concrétise aux yeux des recruteurs. »