Mêler agriculture et réinsertion. Tel est le pari lancé pour 2020 par la ville de Guyancourt, qui a décidé fin 2018 de racheter des terres de la Petite minière, au Nord-Est de la commune, et souhaiterait y développer dés 2020 un jardin de Cocagne (exploitation maraîchères, Ndlr) solidaire. La vente est en cours d’officialisation chez le notaire. Le terrain en question, d’une superficie de 19 hectares, devrait être mis à la disposition d’une association qui y fera travailler des personnes en réinsertion professionnelle. Mais les enjeux liés au terrain de la Petite minière ne s’arrêtent pas là, la municipalité entend également, par ce rachat, préserver l’équilibre entre zone urbaine et zone rurale du territoire de la ville et faire de la Petite minière un terrain pédagogique pour les jeunes Guyancourtois.

« C’est le volet solidaire qui m’intéresse. » L’objectif est clair, pour Marie-Christine Letarnec, maire DVG de Guyancourt, rencontrée en décembre à ce sujet. « Nous voulons y monter un projet d’agriculture de proximité, en lien avec de la réinsertion professionnelle, c’est donc un jardin de Cocagne solidaire », explique l’édile. Et le projet est ambitieux : la Ville souhaiterait mettre le terrain de la Petite minière à la disposition d’une association, qui fera travailler sur des cultures des personnes éloignées de l’emploi, telles que des jeunes en réinsertion professionnelle, des seniors ou des personnes handicapées.

« Je ne sais pas si ça sera du maraîchage ou de l’herboriculture, détaille Marie-Christine Letarnec. Ça ne se fera pas du jour au lendemain, la concrétisation du projet est prévue pour 2020 au mieux. »  Le terrain devrait comprendre une partie champs et une partie de cultures hors sol. « à Guyancourt, la priorité c’est la solidarité, insiste l’édile. On veut permettre à ceux qui travailleront là-bas de retrouver une vie sociale et une vie professionnelle, et on a la chance à Guyancourt de posséder ces terres pour mettre en œuvre le processus de réintégration. »

La question de la nature des cultures reste encore à déterminer : « L’avenir est au bio, reconnaît Marie-Christine Letarnec. Et si les cultures à la Petite minière ne sont pas que bio, cela sera en tout cas de l’agriculture raisonnée, sans pesticides. » Si la Ville a à cœur de s’approprier les terres de la Petite minière, c’est également avec le souhait affirmé de préserver cette zone rurale de l’urbanisation. « On fait très attention à nos équilibres entre milieux urbains et milieux ruraux, 46 % de notre surface communale est en vert et bleu (eau et espaces verts, Ndlr), indique la maire guyancourtoise. Il faut maîtriser l’urbanisation. »

Le terrain appartenait jusqu’alors à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), qui en avait fait une terre d’expérimentation. La vente devait être actée en 2017, mais l’Inra ayant été confronté à des problèmes de cadastres, elle a du coup été reportée. « On s’est porté acquéreurs depuis quelques années pour faire barrage aux promoteurs », explique Marie-Christine Letarnec. Les hectares devraient être acquis pour 4,2 millions d’euros. Une partie de ces terres, louées par l’Inra à un agriculteur de Toussus-le-Noble, continuera de lui être allouée au minimum jusqu’à la prochaine récolte. « Il n’y aura pas de constructions particulières sur ces terres, explique la maire. Nous avons acheté avec quelques bâtiments agricoles. »

Outre la réinsertion des personnes éloignées de l’emploi, la Petite minière pourrait également devenir un terrain pédagogique pour les jeunes Guyancourtois. « On veut faire du jardin de Cocagne un lieu ouvert, où les jeunes des centres de loisirs et des écoles pourront venir, prévoit Marie-Christine Letarnec. Il pourrait également y avoir des stagiaires. » Pour intéresser les jeunes, la municipalité veut également aménager la zone de l’ancien stade de Ruby de la Mare Jary, proche de la zone de la Petite minière.

« On va y mettre un verger, des ruches, un jardin pédagogique de senteur et un jardin de couleur que les jeunes des écoles et des centres de loisirs pourront venir visiter, s’enthousiasme la maire. Le maître mot est la découverte et le contact avec la nature. » La municipalité projette d’acheter des vergers mais aussi des plantes originaires d’Île-de-France. La mairie étant déjà propriétaire de cette parcelle de terre depuis plus de deux ans, cette partie du projet devrait être développée avant celle du jardin de Cocagne, mais la municipalité est toujours en recherche de subventions.