L’Onde et la Pyramide trônent fièrement dans son salon. Christophe Duquesne, spécialisé dans la musique électronique, a co-fondé il y a deux mois, comme l’avait rapporté la chaîne TV78, La Voix du luthier. Cette société fabrique ces deux enceintes musicales en bois, qui sont « plus une prolongation d’instruments de musique qu’un système de sonorisation », précise ce Guyancourtois de 53 ans, fils d’une mère professeure de piano et d’un père électronicien.
Et d’ajouter : « L’Onde et la Pyramide sont des résonateurs acoustiques que l’on peut brancher soit sur des instruments électroniques, soit sur n’importe quel périphérique électronique (notamment un téléphone portable, Ndlr), expose-t-il avant une démonstration du fonctionnement des deux enceintes. Je peux les connecter en bluetooth et envoyer le son dessus et vous verrez la différence par rapport à une enceinte traditionnelle. »
Ces enceintes – l’une plus petite et facilement transportable, l’autre destinée à rester sur un lieu fixe – vont permettre de profiter d’« un son multidirectionnel », assure Christophe Duquesne. « Les instruments électroniques avaient toujours cette limitation de finir dans un haut-parleur, qui lui est éloigné du son d’un instrument acoustique, déplore-t-il. On a pu, avec ces résonateurs acoustiques qu’on a mis en place, donner un son acoustique à des instruments électroniques. »
La Voix du luthier est née d’une rencontre en 2016 entre Christophe Duquesne et Marc Lucas, artisan luthier. « Dans mon domaine, j’essayais depuis longtemps d’avoir les sons les plus acoustiques possible avec des instruments électroniques, et lui cherchait à mettre de l’électronique dans ses instruments acoustiques, du coup la rencontre a été assez naturelle, raconte le premier. On a fait les premiers prototypes qui ont bien fonctionné. […] On est parti sur des instruments à corde classiques dans lesquels on a rajouté de l’électronique. »
Cela a débouché sur la mise en place à l’automne dernier d’un financement participatif – « qui a très bien fonctionné », d’après Christophe Duquesne – et la création de la structure il y a deux mois. Aujourd’hui, La Voix du luthier, c’est sept salariés, dont deux actionnaires principaux (Christophe Duquesne et Marc Lucas, Ndlr).
Le siège de la société se situe à Guyancourt, au domicile de Christophe Duquesne. C’est aussi là que s’effectue le travail de l’électronique. « Après, chacun travaille de chez soi et on se retrouve régulièrement pour assembler les éléments », explique Christophe Duquesne.
« Tous les gens avec qui je travaille [sur La Voix du luthier] ont des activités multiples, ça nous permet une très grande liberté, on n’est pas contraints par un marketing, on fait les choses comme on veut les faire et comme on pense qu’elles doivent être faites, précise-t-il également, lui qui travaille en parallèle dans le domaine des transports en commun. On n’a pas trop de contraintes financières sur le volet musical. Donc on utilise beaucoup cette liberté pour travailler de façon passionnée et non purement commerciale. »
La production du bois est faite en Vendée. Tout est « fait en France », « à la main », et la production d’un prototype nécessite « trois à cinq jours » de travail, fait savoir Christophe Duquesne. « On va descendre à quatre heures en production normale. […] Là, on est sur la phase de construction des outils pour améliorer les délais de production », ajoute-t-il.
La Voix du luthier dispose déjà d’« un certain nombre de fournisseurs » et a noué des partenariats lors des différents événements sur lesquels la start-up était présente, comme le Namm show en Californie fin janvier, l’un des plus grands salons musicaux au monde. « Des salons, on va en faire beaucoup cette année pour se faire connaître, annonce Christophe Duquesne. Ça permet aux gens de se rendre compte de ce que ça vaut car quand on fait la promotion de nos résonateurs, on le fait par des vidéos Youtube que des gens vont écouter soit au casque soit sur des enceintes, donc on perd complètement l’intérêt de ces diffuseurs. »
Des diffuseurs vendus à des tarifs débutant à 850 euros HT pour l’Onde et allant de 1 400 à 3200 euros HT pour la Pyramide. « On reste sur un marché de niche, donc on est dès le départ au niveau international, évoque Christophe Duquesne. On a un tiers de notre marché qui est aux États-Unis, après c’est distribué entre l’Europe, l’Australie et le Japon. […] Les clients sont essentiellement des musiciens électroniques, même si on a de plus en plus de demandes du grand public et que l’on va très probablement aller vers ce domaine-là, mais c’est un autre niveau de production, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. »
Il affirme en tout cas que son entreprise a déjà vendu en commande « une grosse centaine » de résonateurs acoustiques, un chiffre qu’il juge « pas mal pour les premiers mois ». Il espère désormais pouvoir « commencer à envoyer ce qui a été commandé dans le financement participatif à partir de fin avril ».