Villepreux marque son engagement dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens. La commune s’est associée au Réseau environnement santé (RES) pour signer, le 9 janvier, la charte « Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens ». Élaborée il y a un an, elle vise à «  diminuer l’exposition de la population aux perturbateurs endocriniens, notamment via la commande publique », explique André Cicolella, président du RES, créé il y a dix ans dans le but de « mettre la santé environnementale au cœur des politiques publiques », peut-on lire sur le site internet de l’organisation.

Un perturbateur endocrinien peut se définir comme « une substance chimique qui va perturber le fonctionnement du système hormonal à différents niveaux », résume André Cicolella. Les conséquences sur la santé sont multiples, notamment l’infertilité, féminine comme masculine. « Les hommes infertiles développent beaucoup plus de cancers de la prostate et plus d’obésité », souligne le président du RES.

Les collectivités signataires du texte s’engagent à respecter cinq critères, mentionnés sur la charte : « Interdire l’usage des produits phytosanitaires et biocides qui contiennent des perturbateurs endocriniens […] sur leur territoire », réduire l’exposition à ces perturbateurs dans l’alimentation, « favoriser l’information de la population, des professionnels de santé, des personnels des collectivités territoriales, des professionnels de la petite enfance, des acteurs économiques de l’enjeu » de ces substances, « mettre en place des critères d’éco-conditionnalité interdisant les perturbateurs endocriniens dans les contrats et les achats publics », et « informer tous les ans les citoyens sur l’avancement des engagements pris ».

200 villes l’ont ratifiée, ainsi que la région Île-de-France. « Dans les faits, les villes qui s’engagent sont des villes qui ont déjà beaucoup agi et se disent “on fait déjà pas mal de choses, c’est bien qu’on puisse se donner un objectif supplémentaire, un cadre aussi, travailler avec d’autres villes, pour répondre à l’attente de notre population” », confie André Cicolella, ajoutant toutefois qu’« il n’y a pas d’examen d’entrée, c’est un accord sur une démarche, ce n’est pas un label ».

Et de fait, Villepreux, première commune yvelinoise à signer la charte, correspond parfaitement à ce cas de figure, si l’on en croit son maire, Stéphane Mirambeau (SE). « On n’a pas pris les mesures pour entrer dans cette charte, on s’est rendu compte un peu par hasard que tout ce que nous avions mis en œuvre nous permettait de [la] signer, assure-t-il. On ne court pas après les chartes et les récompenses, on souhaite intégrer la démarche environnementale dans chacune de nos décisions. »

Cela s’est notamment traduit, début janvier, par le développement d’une alimentation bio dans la ville. Tous les jours, des repas contenant 50 % de composants bio sont servis, à la fois dans les cantines de la commune (lire notre édition du 8 janvier) mais aussi à destination des seniors. L’impact économique sera « extrêmement faible », selon Stéphane Mirambeau, qui précise que la hausse des tarifs par repas scolaire « la plus faible doit être de 4 centimes et la plus élevée de 12 ou 13 centimes. »

Deux autres axes sont adoptés : l’application du « zéro phyto » pour combattre les produits phytosanitaires dans l’entretien des espaces verts et des terres agricoles, la Ville soulignant dans un communiqué que 22,15 % des terres agricoles villepreusiennes sont en agriculture biologique, pour 8 % en moyenne sur les communes du territoire de SQY, et l’élimination des perturbateurs endocriniens dans les marchés publics. « Nous avons fait le choix, par exemple, de privilégier les matériaux naturels comme du parquet dans les salles de classes, plutôt que du lino », évoque le maire.

Villepreux se verra-t-elle emboîter le pas par d’autres communes ? André Cicolella se dit « très optimiste » et affirme que « les choses sont en train de bouger, il y a un bouche à oreille qui se fait chez les élus, c’est très bien », lui qui souhaite qu’à terme « toutes les collectivités » signent la charte.