L’accès aux quais 1 et 2 de la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines va être facilité avec la création de deux nouvelles rampes d’ici fin 2023, juste avant l’organisation des Jeux olympiques 2024. Celles-ci partiront de la passerelle, existante, permettant de franchir les voies ferrées, mais qui ne dessert actuellement pas les quais, pour l’instant uniquement accessibles par les souterrains. Ce projet fait partie d’un programme global d’aménagement de la gare chiffré, « à ce stade des études », à « environ 30 millions d’euros »,précisent les services d’Île-de-France mobilités (ex-Stif). Le financement des études de ce projet a été voté par le conseil d’administration d’IDF mobilités, autorité organisatrice des transports franciliens, lors de sa séance du 9 octobre dernier, comme le révélait Le Parisien la semaine dernière.

Avec près de 14 millions de voyageurs en 2016 (dernier chiffre de fréquentation mis en ligne par la SNCF, Ndlr) et environ 70 000 voyageurs par jour, la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines, située à Montigny-le-Bretonneux, est la deuxième plus fréquentée du département. Ces nombreux voyageurs y empruntent quotidiennement le RER C ou les lignes N et U pour partir ou venir sur l’agglomération. « Actuellement, la gare est fréquentée le matin, à la fois par des voyageurs entrants et sortants avec une majorité de sortants, indiquent les documents du projet, accompagnant la délibération du conseil d’administration. La situation est inversée en période de pointe du soir qui est plus étalée. »

« Les études ont démontré que le niveau de densité et le temps d’évacuation sur les quais SNCF 1 et 2 ne permettent pas de gérer en toute sécurité, aux heures de pointes, les flux de voyageurs », conclut l’IDF mobilités.

Mais, selon un diagnostic résumé en quelques lignes dans ces documents, certains quais et accès ne sont plus en mesure de permettre le bon déplacement de cet important nombre de voyageurs pendant les heures les plus chargées. « Les études ont démontré que le niveau de densité et le temps d’évacuation sur les quais SNCF 1 et 2 ne permettent pas de gérer en toute sécurité, aux heures de pointes, les flux de voyageurs », conclut l’ex-Stif. Le quai 1 arriverait ainsi « en limite de saturation lors de l’arrivée simultanée des trains chargés » souligne IDF mobilités.

Et d’ajouter : « Pour ce qui est des escaliers fixes et mécaniques, ces derniers sont rapidement saturés en heure de pointe, notamment le quai 3. » En effet, ce vendredi 19 octobre à 8 h 30, travailleurs et étudiants se pressent de quitter le transilien U en provenance de la Défense. Sur le quai 1, les premiers à être sortis des wagons s’engagent rapidement dans l’escalator qui les conduit dans le souterrain de la gare, ils atteindront rapidement la sortie de la gare.

Suivant le peloton de tête en revanche, le gros des passagers descendus à cette station s’agglutine devant l’escalator, et le flux s’écoule difficilement. « C’est tous les matins comme ça, résume Sandrine, qui vient de Saint-Cyr l’École. On doit presser et pousser pour descendre, ou alors prendre les escaliers au bout du quai, mais ça reste rapide. »

Un exercice qui lui est impossible, car elle souffre du genou. Plus fatalistes, Mathilde et Noémie, étudiantes à l’UVSQ, restent tranquillement en retrait sur le quai, en attendant que le « bouchon » soit passé : « Cela ne sert à rien d’y aller maintenant, explique la première, mieux vaut attendre qu’il y ait moins de monde. Et puis, une fois arrivées dans le souterrain, ça circule bien. » Le bilan de la situation n’étant cependant pas catastrophique, les passagers semblent modérément intéressés par le projet de rampes vers la passerelle.

« Ça permettrait de diviser le flux, estime Charles, sac sur le dos, qui vient chaque matin de La Défense. Mais j’ai l’impression que les gens préféreront toujours descendre que monter. » Plus loin, Mélanie, 26 ans, renchérit : « Ça dépend de l’endroit où les entrées de rampes sont situées, si elles sont en bout de quai personne ne les empruntera. »

« À ce stade des études, le coût du projet global (qui comprend également une mise en accessibilité de la gare, Ndlr) est estimé à environ 30 millions d’euros », estime-t-on du côté d’IDF mobilités.

Si la situation actuelle s’avère donc tenable pour les usagers, elle pourrait se compliquer dans les années à venir. En raison des projets d’activités et de logements prévus autour de la gare, IDF mobilités prévoit « une augmentation de la fréquentation de +20 % à +50 % de la gare » à « l’horizon 2030 ». Avant cela, la gare devrait également être extrêmement sollicitée pendant les Jeux olympiques de 2024 puisque des épreuves sont prévues au Golf national de SQY, au Vélodrome national, sur l’Île de loisirs et la colline d’Élancourt.

« La configuration actuelle de la gare pose aujourd’hui plusieurs difficultés de fonctionnement, au regard notamment de l’évolution du trafic actuel en heure de pointe, mais aussi de celui prévu durant les Jeux olympiques de 2024, dû en partie au flux du contexte intermodal », résument donc les documents du projet. D’où le lancement des études de cette vaste opération nommée « désaturation » par le syndicat francilien de transport. Ce projet « de modernisation » de la gare de SQY « vise à améliorer et à sécuriser la gestion des flux sur les deux quais principaux par la mise en place de travelators (des tapis roulants inclinés, Ndlr) reliés à la passerelle existante », indiquent les services d’IDF mobilités dans un courriel adressé à La Gazette.

Pour le moment, l’accès aux trois quais de la gare est possible uniquement par le souterrain. La liaison entre les deux quartiers de Montigny-le-Bretonneux situés de part et d’autre de la gare s’effectue, elle, grâce à deux passerelles : la « rouge » qui permet de franchir les voies ferrées, et la « blanche » surplombant la route départementale 10. C’est depuis la première citée, la « rouge », que vont être érigées les deux rampes qui offriront à terme de nouveaux accès aux quais 1 et 2. Ces deux rampes seront chacune composées de deux travelators, l’un dans le sens montant et l’autre dans le sens descendant.

« Le quai 3 ayant été jugé capacitaire par la SNCF, il ne sera pas raccordé à la passerelle mais fera l’objet d’une mise en accessibilité (grâce à un ascenseur, Ndlr) via le passage souterrain », notent les documents d’IDF mobilités. L’opération « désaturation » prévoit, en effet, également la mise en accessibilité complète pour les Personnes à mobilité réduite (PMR) de la gare avec « l’implantation de trois ascenseurs depuis le passage souterrain », précise le courriel du syndicat de transport. Ce dernier ajoute que « le projet s’accompagne également d’opérations de rénovation dont le remplacement des abris filants à quai, des lignes de contrôle et du rehaussement partiel et d’allongement des quais (afin d’anticiper l’arrivée d’un nouveau matériel roulant) ».

Le projet « vise à améliorer et à sécuriser la gestion des flux sur les deux quais principaux par la mise en place de travelators reliés à la passerelle existante », indiquent les services d’IDF mobilités.

L’ensemble de ces opérations est prévu pour se dérouler sur une même période, ce qui permet notamment aux financeurs « d’économiser des coûts », d’après les documents du projet. Le début des travaux est prévu au « premier semestre 2020 pour une mise en service programmée en novembre 2023 en perspective de l’accueil de certaines manifestations sportives des JO 2024 à Saint-Quentin-en-Yvelines ou à proximité », annonce le courriel d’IDF mobilités.

Mais pendant ces plus de trois ans de chantier, les 70 000 voyageurs quotidiens doivent-ils s’attendre à des difficultés de transport ? Certains usagers rencontrés le vendredi 19 octobre au matin affichent déjà leurs craintes. « Les travaux, ça va créer des ralentissements », souffle ainsi un passager dans l’escalator menant au souterrain, vite approuvé par ses voisins sur les marches. De son côté, IDF mobilités veut se montrer rassurant sur ce point : « L’organisation des travaux permet de maintenir la gare en service pendant cette période, et de limiter au strict minimum la gêne occasionnée auprès des usagers. »

Un chantier d’ampleur pour la gare saint-quentinoise, notamment pour les impacts positifs escomptés pour les voyageurs, mais aussi en raison de son coût. « À ce stade des études, le coût du projet global est estimé à environ 30 millions d’euros », estime-t-on du côté d’IDF mobilités, qui finance les travaux avec l’État, la Région et la SNCF. D’après les documents du projet, l’agglomération profiterait de cette période de travaux pour redonner un coup de jeune aux deux passerelles surplombant les voies ferrées et la RD 10.

CREDIT PHOTO : IDF MOBILITES