L’Europe a donc battu les États-Unis 17,5 à 10,5 et remporte cette 42e édition de la Ryder cup, organisée pour la première fois en France. Cela fait 25 ans que le pays de l’Oncle Sam n’a plus triomphé sur le Vieux Continent, et ce n’est pas au Golf national de SQY que la série a pris fin, puisque Jim Furyk et sa bande y ont perdu leur titre acquis deux ans plus tôt à domicile.

Tout n’avait pourtant pas très bien commencé pour les Européens. Mal embarquée et menée 3-1 après la première matinée des doubles, en fourballs, l’équipe de Thomas Bjorn a renversé la vapeur au terme d’une après-midi mémorable, lors de laquelle les quatre paires européennes l’ont emporté pour passer devant 5 à 3, vendredi 28 septembre. Une avance qu’ils n’ont plus quitté jusqu’à la fin de la compétition, l’ayant même accentuée le samedi (10-6), avant de conclure dimanche, suite au point décisif apporté par Francesco Molinari.

« C’est un moment incroyable, a déclaré Thomas Bjorn lors de la remise du trophée. Ces gars ont été brillants, ils sont venus ici comme une équipe, ils ont su nous faciliter les choses à moi et mes vice-capitaines. Je suis fier de ce qu’ils ont fait face à une grande équipe américaine. Ces 12 joueurs la voulaient vraiment (la coupe, Ndlr), et ils la voulaient ensemble. »

Le capitaine européen pourra notamment remercier Sergio Garcia, qui avec 25,5 points, a battu lors de ce week-end le record de points en Ryder cup, et Francesco Molinari. L’Italien a été l’un des hommes forts du tournoi. Il a remporté ses cinq matchs, devenant seulement le quatrième joueur à réussir cette performance dans l’histoire de la compétition. Quatre de ses rencontres ont été gagnées en double avec Tommy Fleetwod. La paire « Moliwood » s’est montrée aussi soudée qu’intraitable, se payant le luxe de dominer trois fois l’illustre Tiger Woods.

Tiger Woods, ici avec Jon Rahm au départ du trou numéro un, est passé à côté de sa Ryder cup.

Principale attraction de cette Ryder cup, la légende américaine était très attendue. Trop, peut-être. L’engouement légitime qu’a suscité sa présence, après un retour inespéré au premier plan, a sans doute fait oublier que le Floridien de 42 ans, apparu tendu et peu souriant au début du dernier jour de compétition, n’avait guère brillé en Ryder cup (13 victoires en 37 matchs). Et sa huitième participation, au Golf national, a aggravé les statistiques : quatre matchs, quatre défaites. Pas sûr que le Tigre garde un bon souvenir de Saint-Quentin-en-Yvelines.

L’autre vieux briscard de la team USA a aussi vécu un tournoi cauchemardesque. Phil Mickelson, 48 ans et douze participations à la Ryder au compteur, a perdu ses deux matchs. Comme un symbole, son simple face à Molinari s’est conclu par une balle dans l’eau qui a scellé la défaite des Américains.

Le week-end fut également compliqué pour Dustin Johnson. Le numéro un mondial, en double avec Rickie Fowler, a étrillé la paire McIlroy-Olesen (quatre trous d’avance et deux restant à jouer) le vendredi matin, mais n’a plus trouvé la victoire par la suite, en quatre rencontres. Le rookie Justin Thomas a finalement été le seul rayon de soleil américain, dans une Ryder cup où les noms les plus prestigieux ne sont pas forcément ceux qui ont le plus brillé, puisque côté européen, Rory McIlroy et le numéro 2 mondial Justin Rose affichent un bilan personnel mitigé : deux victoires et trois défaites pour le premier, deux victoires et deux défaites pour le second.

De l’autre côté de la barrière, la victoire semble totale. L’ambiance était magnifique au Golf national. Une semaine de fête, qui a réuni les supporters des deux continents, même si l’Europe était très majoritairement représentée. Selon un article du Parisien paru la semaine dernière et consacré à la fréquentation en tribunes, les supporters américains ne représentaient que 7 % du contingent de fans sur cette Ryder cup. Ils ont néanmoins su se faire entendre, bien que les « Europe, Europe !!! » aient largement plus résonné.

La journée de dimanche notamment fut mémorable en termes d’atmosphère, en particulier dans la grande tribune de plus de 6 600 places, avant le début des simples. Le public, qui piaffait d’impatience de voir les premiers swings de la journée, a donné de la voix. Les « USA is terrified ’cause Rory’s on fire », à la gloire de Rory McIlroy, ont trouvé écho avec les « I believe that we will win » des Américains.

Tout au long de la compétition, les « Ohé ohé ohé ohé » et les clappings se sont multipliés, tandis que les « Yeaaaaah » suivaient les putts gagnants des golfeurs européens. Après la victoire de l’équipe jaune et bleue, la foule a chaviré et certains joueurs ont communié avec le public. Notamment l’Anglais Ian Poulter, dont la cote est particulièrement élevée auprès des supporters de son pays, et qui le leur a bien rendu. Son déguisement en boîte aux lettres restera comme l’une des images amusantes de la semaine.

Malgré l’absence de représentant tricolore, les Français n’ont eux pas trop boudé l’événement. D’après des chiffres évoqués par Canal +, ils constituaient même 40 % du public sur cette Ryder cup. Le fair-play était aussi palpable entre les joueurs et les capitaines, qui se connaissent bien et se sont serrés la main à de nombreuses reprises, notamment avant la remise du trophée.

Un premier bilan, forcément à chaud, qui semble donc globalement positif. Et ce n’est pas Pascal Grizot, vice-président de la Fédération française de golf (FFG) et président du Comité Ryder Cup 2018, qui dira le contraire. « Depuis le départ, si je me suis lancé dans cette aventure, c’est que j’ai eu l’occasion d’assister à la Ryder cup, a-t-il expliqué face aux médias. C’était impossible que le public français ne puisse pas adhérer à un tel événement. Tous les billets ont été vendus extrêmement rapidement, ça a été un succès, ils ont tous adhéré. » En espérant aussi que cela donne un coup de boost au golf hexagonal.