Une bâche Ryder cup au cœur de la discorde. Mercredi 19 septembre, le groupe local saint-quentinois de l’association Résistance à l’agression publicitaire (Rap SQY) a déposé une plainte au commissariat de Guyancourt contre le maire de Maurepas, Grégory Garestier (LR). Les membres de Rap SQY souhaitent le retrait de deux bâches Ryder cup (dont l’une a déjà été enlevée), « contrevenantes au code de l’environnement et au règlement local de publicité » d’après eux.

De son côté, Grégory Garestier s’étonne d’être la cible d’une « telle charge » et indique dans un communiqué trouver « regrettable d’avoir affaire à une association aussi radicale ne faisant pas la part des choses en fonction du contexte », ici la Ryder cup est « l’activité économique » qu’elle devrait générer sur l’agglomération. Il ajoute par ailleurs se réserver « le droit de poursuivre si nécessaire, pour dénonciation calomnieuse, les auteurs de cette plainte ».

Rap SQY et ses 54 membres communiquent très régulièrement sur les publicités « illégales » qu’ils arrivent à faire enlever, installées par les collectivités ou entreprises. Depuis plusieurs mois, ils ont obtenu le retrait de quelques unes des nombreuses bâches annonçant la tenue prochaine de la Ryder cup à SQY. Cela a notamment été le cas à Élancourt, Montigny-le-Bretonneux ou Guyancourt. Pour ces dernières, une lettre à la municipalité a généralement suffi.

« Là où on a un problème avec Grégory Garestier, c’est qu’on lui a écrit plusieurs lettres entre avril et juillet, explique Mathieu, adhérent de Rap SQY, regrettant que les courriers soient restés sans réponse. On aurait aimé qu’il se mette en règle, c’est la première fois qu’on en arrive là. » Les deux publicités mises en cause sont situées sur la mairie et au stade du bois. La deuxième a été enlevée, mais pour la première, Rap SQY assure avoir relevé au moins « trois infractions », mentionnées donc dans leur plainte.

L’autre raison de la colère de Rap SQY est que ses membres ont appris que le maire de Maurepas allait être rapporteur du Règlement local de publicité intercommunal (RLPI), dont la rédaction va prochainement commencer (voir ci-contre). « Il déroge aux règles, et c’est lui qui va les écrire ? », s’interroge Antonin Moulart, alors que Rap SQY affiche le souhait d’un RLPI plus « strict que la réglementation nationale ». L’association réclame donc « la destitution ou la démission » de Grégory Garestier de son poste de rapporteur.

« Il se trouve que Maurepas, comme de nombreuses villes, a disposé sur le fronton de son hôtel de ville, à la demande de l’agglomération de SQY, une bâche de promotion de cet événement mondial […], se défend Maurepas dans un communiqué, rappelant l’activité économique que devrait générer la compétition de golf. Il faut tout de même relever que ladite bâche en noir et blanc, ne comporte que le visuel officiel de la Ryder cup, ainsi que les logos de SQY et de la ville de Maurepas, faisant l’impasse sur toutes mentions des entreprises sponsors de l’événement. Dès lors, comment considérer qu’il s’agisse là d’une publicité à vocation commerciale ? »

Dans ce communiqué, Grégory Garester réfute l’affirmation selon laquelle il « refuserait d’appliquer la loi ». Et d’ajouter : « L’association fait la référence au règlement local de publicité datant de 2006 et qui, il est vrai, n’avait pas su prévoir en son temps que notre territoire pourrait vivre cet événement historique. » Le communiqué rappelle que la modification du règlement a été entamée avec la rédaction du RLPI, « avec l’aide d’un cabinet spécialisé » et « sous la présidence » de Grégory Garestier. Ce dernier invite par ailleurs Rap SQY a prendre part à la concertation organisée dans le cadre du RLPI.

« SQY travaille à ce que la loi prévoit désormais des ‘‘cadres d’exception’’ concernant la communication d’événements planétaires, ce qui sera à nouveau le cas en 2024 avec l’accueil de plusieurs sites Olympiques », poursuit le communiqué. Il souligne aussi que le maire « a pris l’engagement » que la bâche de la mairie sera enlevée « dès le lendemain de la Ryder cup, tandis qu’en signe de bonne volonté, deux autres banderoles ont d’ores et déjà été retirées de la façade d’équipements sportifs ».

SQY va avoir un règlement unique de publicité

La rédaction du Règlement local de publicité intercommunal (RLPI) est lancée. Lors du conseil communautaire du jeudi 20 septembre, les élus saint-quentinois ont approuvé les modalités de concertation et de collaboration, ainsi que les objectifs de ce document qui harmonisera la réglementation en matière de publicité extérieure sur les 12 communes. Le maire LR de Maurepas, Grégory Garestier, a la charge de ce dossier. Il prévoit que le texte définitif sera voté « à la fin de l’année 2019 ».

Actuellement, toutes les communes disposent de Règlements locaux de publicité (RLP), obsolètes depuis une loi de 2010 (sauf pour Magny-les-Hameaux et de Plaisir, Ndlr). « Le RLPI va donc permettre de tout remettre à plat, explique Grégory Garestier. La volonté de l’agglomération est de lutter contre les pollutions visuelles et lumineuses, de préserver les espaces naturels, tout en garantissant l’activité économique parce qu’on a quand même beaucoup de fleurons sur notre territoire. »

Sur SQY, le maire de Maurepas avance la présence de « 500 publicités et pré-enseignes », dont « beaucoup sont obsolètes puisqu’elles ne correspondent plus à la réglementation en vigueur ». Autant de situations auxquelles le RLPI devrait permettre de mettre fin d’après l’élu : « Au vote du texte, les acteurs économiques auront deux ans pour les publicités et pré-enseignes pour être adaptées à la nouvelles réglementation, et six ans pour les enseignes. »

Les prochaines étapes sont prévues pour novembre avec l’organisation des premières « réunions de concertation avec les afficheurs, commerçants et associations environnementales », annonce Grégory Garestier. Une réunion publique ouverte à tous sera également organisée.