C’est une 1re à Voisins-le-Bretonneux. La commune accueillait du 15 au 17 février, dans son gymnase des Pyramides, un Open national de boccia. L’occasion aussi de mettre en lumière cette discipline handisport qui sera au programme des prochains Jeux paralympiques de Paris 2024 (28 août-8 septembre). Une discipline s’apparentant à la pétanque, pratiquée en individuel ou par équipes mixtes de deux ou trois joueurs, mais disputée avec des balles de couleur en cuir, et en intérieur, sur des terrains de 12,5 × 6 m. L’objectif est d’envoyer une balle le plus près possible du jack (but), matérialisé par une balle blanche. Le lancer s’effectue à la main ou à l’aide une rampe, suivant le handicap du joueur. « Sur la boccia, on parle de grands handicaps. Ce sont des personnes qui ont un handicap aux quatre membres », souligne Sophie Ternel, responsable développement de la boccia à la Fédération française handisport.

Quatre classes paralympiques existent ainsi, en fonction du type de handicap du joueur. « En France, on a huit classes, dont les quatre classes paralympiques », précise Sophie Ternel, qui se montre satisfaite de la tenue de l’Open de boccia à Voisins. « Sur le plan sportif, tout va bien, assure-t-elle. Déjà, on était au complet en effectifs, donc ça veut dire que la concurrence était là. Les joueurs savent pourquoi ils sont là. Le niveau de jeu est bien satisfaisant, [ils sont] fidèles à eux-mêmes, car sur les championnats de France, on les voit. Donc c’est très bien, et dans le sérieux et l’implication aussi. Donc c’était une belle compétition sur le plan sportif. »

Et même sur le plan de l’affluence, alors que les tribunes étaient vides le samedi, elle évoque des pics de fréquentation les deux premiers jours. « [Vendredi], il y a pas mal de médias qui sont venus. Jeudi et vendredi, ça a tourné toute la journée. Il y avait une belle dynamique au niveau de la Ville et des spectateurs et des médias », affirme-t-elle.

44 joueurs de toute la France se sont affrontés, et même quatre joueurs anglais et deux Ukrainiens. Parmi les joueurs présents, Mathilde Troude, 21 ans, licenciée au club de Richebourg, dans les Yvelines. Elle a particulièrement brillé, remportant une médaille d’or par équipes et une d’argent en individuel. « Le bilan est très positif. Ça a été une compétition très intense car ça s’est beaucoup enchaîné », confie cette Bretonne d’origine, souffrant d’un handicap moteur de naissance dont « on ne sait ni l’origine ni la cause » et se déplaçant en fauteuil roulant. Elle pratique la boccia depuis 2009. En Bretagne d’abord, puis en région parisienne donc, où elle est arrivée en 2020, intégrant une fac. « La boccia est devenue une passion, affirme-t-elle. Depuis [que j’ai découvert ce sport], je n’ai plus jamais arrêté. »

Le tournoi entrait dans le processus de sélection pour les Jeux paralympiques

Ludwig Brouillard, lui, a aussi remporté l’or par équipes et l’argent en individuel, venant ainsi compléter son palmarès, lui qui est déjà notamment triple champion de France. « Dans l’ensemble, j’ai fait un bon tournoi », juge le jeune homme de 29 ans, confiant souffrir d’une « infirmité motrice cérébrale due à une erreur médicale à la naissance ». Il a découvert la boccia en 2009-2010, lors de sa scolarité à l’ÉREA (Établissement régional d’enseignement adapté) de Flavigny-sur-Moselle, en Meurthe-et-Moselle. « La boccia faisait partie des cours enseignés. Comme depuis plus jeune, je voulais faire de la pétanque, mais qu’on me disait ‘‘ce n’est pas possible avec le poids des balles’’, j’ai découvert la boccia grâce aux cours de sports que j’avais dans l’établissement », raconte-t-il.

Aujourd’hui membre du club de Ludres, également en Meurthe-et-Moselle, Ludwig Brouillard concourt aussi sur le circuit international depuis 2018. Comme d’autres, il rêve de représenter la France aux Jeux paralympiques de Paris. Mais reste toutefois prudent : « On n’a pas encore la liste et je ne peux pas encore vous dire si on est sélectionnés, car il y a d’autres sélections. » Mathilde Troude aussi pourrait en être. « Pour l’instant, je suis en course, on attend la sélection, glisse-t-elle. Des deux filles, il n’y en a qu’une qui partira. »

Et les performances de ces deux athlètes à l’Open de Voisins-le-Bretonneux pourraient les aider à s’inviter à l’aventure paralympique. Car ce tournoi entrait dans le processus de sélection pour les épreuves par équipes. « Le collectif France était surtout là pour sélectionner les meilleures équipes. En individuel, ça se joue vraiment sur le circuit international, mais pour constituer les meilleures équipes, on fait des stages, et là, pour le coup, cet événement nous sert via l’épreuve par équipes à affiner nos sélections, explique Sophie Ternel. On a les meilleurs joueurs français qui font voir comment ça combine le mieux. […] Les entraîneurs testent des combinaisons, et il faut vraiment que ça s’entende mentalement, techniquement, psychologiquement. »

Les championnats de France, du 6 au 10 mars à Sainte-Luce-Sur-Loire (Loire-Atlantique), vont aussi compter énormément. L’annonce de la sélection est attendue au printemps pour des Jeux où l’équipe de France de boccia visera « une médaille en équipes, et une à deux en individuel », indique la responsable développement à la Fédération française handisport. Les épreuves, elles, ne se dérouleront pas à SQY, mais à Paris, à l’Arena Paris Sud (porte de Versailles).