Depuis le 1er février se déroule l’enquête publique pour la révision du Schéma directeur environnemental de la région Île-de-France (SDRIF-E). Une révision devant permettre de définir « l’aménagement du territoire d’ici à 2040 pour les 12 millions de Franciliens qui y vivent », indique la Région sur son site internet. Ce nouveau SDRIF-E a pour objectifs « d’encadrer la croissance urbaine, l’utilisation de l’espace et la préservation des zones rurales et naturelles, de déterminer la localisation des grandes infrastructures de transport et des grands équipements » et « de favoriser le rayonnement international de la région », liste la Région.

Mais il comporte aussi une clause dite « anti-ghetto » qui, « dans un objectif de mixité sociale, freine la production de logements sociaux dans les territoires comportant plus de 30 % de PLUS-PLAI (soit les logements dits très sociaux, Ndlr)», peut-on lire dans un document du préfet de région adressé à la présidente LR du conseil régional, Valérie Pécresse, alertant sur le fait que « son application littérale conduirait à réduire de 21 % la production sociale moyenne par rapport à la période 2018-2022 ». Cette clause a aussi provoqué l’indignation de nombreux élus, principalement à gauche de l’échiquier politique.

À SQY, François Morton (DVG), le maire de Guyancourt, commune comptant 50 % de logements sociaux, s’est élevé à plusieurs reprises contre cette mesure, et organisait une conférence de presse sur le sujet le 5 février. « Cette clause, […] c’est un frein à la production de logements sociaux, alors que l’on estime actuellement que 70 % des Franciliens sont éligibles », s’alarme-t-il, citant quelques chiffres du mal-logement issus du rapport 2024 de la Fondation abbé Pierre.

Guyancourt, face à cette crise du logement, a d’ailleurs des programmes mixtes en cours, comme, comme un au Pont du Routoir, où « il reste l’aspect social à bâtir par Versailles habitat », évoque François Morton, ou à Villaroy (92 appartements : 43 en BRS et 49 en accession libre). Sans compter les constructions à venir dans le futur quartier des Savoirs (sur 2 000 logements, 50 % en accession libre, 25 % en accession sociale, et 25 % en locatif social). La ville serait hautement affectée par la clause anti-ghetto. « Peut-être que ça pourrait avoir un effet quasi définitif. On pourrait encore construire du logement en PLS (Prêt locatif social, pour des locataires ne pouvant prétendre aux locations HLM, mais ne disposant pas non plus de ressources suffisantes pour se loger dans le privé, Ndlr), mais en tout cas, pas du très social », redoute François Morton.

Or, les logements intermédiaires, plébiscités par de nombreux élus locaux et le gouvernement, répondent « à un besoin, mais ça ne remplace par le locatif social », juge François Morton. « On estime que, pour les familles en attente d’un logement social, seules 3 % sont éligibles au logement intermédiaire », précise-t-il.

Le maire s’insurge aussi des mots employés par la Région, qui affirme que sa clause vise notamment à « éviter le communautarisme et l’islamisme ». « On se demande encore et toujours comment on peut supporter ces amalgames nauséabonds qui sont faits entre logements sociaux et islamisme, peste François Morton. Le fait de stigmatiser encore et toujours les résidents du parc social, pour moi, ce n’est pas digne d’un élu qui connaît les difficultés d’accès au logement que rencontrent des millions de Franciliens. »

Sur son site internet, la Région, explique vouloir « enrayer le phénomène de concentration de logements sociaux dans certains territoires qui tendent à se paupériser », en limitant « l’offre très sociale en PLAI dans les communes où elle est très présente », et en soutenant son développement « dans les autres communes ». Elle entend ainsi, dans les villes comptant 30 % ou plus de logements dits très sociaux, favoriser « les parcours résidentiels ascendants (accession sociale à la propriété, logement intermédiaire, logement libre) et répondant à l’évolution des besoins des ménages ».

Mais François Morton souligne qu’il y a un réel besoin en PLAI et l’assure : « On continuera à porter une politique ambitieuse et équilibrée en matière de logements [et] à faire en sorte que tout le monde puisse s’y loger (petits revenus, étudiants, jeunes, familles monoparentales, cadres, revenus les plus aisés). Ça passe par un équilibre qui doit être trouvé entre logements en accession, qu’elle soit libre ou sociale […], mais aussi, il faut continuer à créer du locatif social. » À noter que l’enquête publique en cours est disponible en ligne, et se déroule jusqu’au 16 mars, mais elle est aussi dans des registres au sein de 159 mairies, dont celle de Guyancourt.