À six mois des JO de Paris 2024, l’équipe de France sur piste poursuit voire intensifie sa préparation pour l’échéance olympique majeure, sur le site même où elle tentera de briller face à ses concurrentes internationales et devant des spectateurs et téléspectateurs de la Terre entière. La Gazette ainsi pu assister le 31 janvier à une séance d’entraînement au Vélodrome national, en présence de deux pistardes tricolores, Clara Copponi et Lara Lallemant (également licenciées au club local, le Vélo club Élancourt Saint-Quentin-en-Yvelines). Un entraînement décomposé en plusieurs ateliers alliant performance et technologie. La Fédération française de cyclisme (FFC) s’est associée à des chercheurs du CNRS et de Polytechnique, ou encore à l’entreprise Dartfish, pour peaufiner le moindre détail et mettre toutes les chances de médailles de son côté.

« L’entraînement varie chaque jour, explique Emmanuel Brunet, manager recherche et performance à la FFC. La performance dépend de tellement de facteurs qu’il y a beaucoup de choses. […] On peut avoir un entraînement d’une journée basée sur de la résistance, un autre sur de la force […] un autre sur de l’endurance, ce qui fait qu’on a des journées très variables. On peut avoir des journées avec deux ou trois entraînements dans la journées, et puis des autres sans entraînements, où la récupération va faire partie du processus d’entraînement. Par exemple, une séance très intensive de force, on a besoin de 48 h de repos pour reconstruire le muscle, donc si on vient remettre du stress dessus, ça ne marche pas. Donc aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’on ait une journée type, par contre, ces journées peuvent se renouveler. »

Il confirme en tout cas que la data est devenue depuis quelques années incontournable, et plus encore, elle est même « rentrée dans l’entraînement ». « L’entraînement d’un pistard, il y a systématiquement des données qui vont ressortir, qui vont être analysées, et qui permettent de rendre compte de ‘‘où on se situe sur ce qu’on voulait solliciter, où on se situe sur la courbe de performance’’ », précise-t-il.

Ainsi, que ce soit pour travailler leurs trajectoires, leurs accélérations, leur vitesse ou encore d’autres paramètres, les pistards sont chaque semaine en relation avec des scientifiques qui vont analyser leurs performances, et ce depuis novembre 2018 pour les endureurs et depuis janvier 2019 pour les sprinteurs. « Aujourd’hui, sur piste, à chaque séance, il y a une analyse des données, affirme Emmanuel Brunet. Il n’y a pas une séance qui est faite sans données. Par contre, il y a des séances plus pointues que d’autres en termes d’analyse. […] Les trajectoires, des pilotages, de l’aérodynamique, ça, c’est des analyses plus précises qu’on va faire en moyenne une fois par semaine. »

Et de poursuivre : « Une fois par semaine, il y a une équipe de scientifiques qui vient pour […] aller plus dans le détail sur une question très spécifique. Par exemple, si je veux améliorer ma trajectoire de lancement du 200 m. Ça, c’est travaillé, ils viennent avec trois ou quatre scientifiques et on mesure ça. Il y a un debrief qui est fait soit à l’issue de la séance soit deux ou trois jours après pour que l’athlète ait les éléments de progression sur cette thématique. »

Un partenariat avec des scientifiques dont la fédération voit les effets. « Je vois un projet qui porte ses fruits, les athlètes progressent », a assuré le manager recherche et performance face aux journalistes.

Le tout dans un vélodrome qui est un bijou de technologie. Il dispose notamment d’un système, dont il a été le 1er au monde à s’équiper, de captation automatisée de données, en lien avec l’entreprise suisse Dartfish, qui a installé 14 caméras, situées au plafond et filmant l’ensemble de la piste, recomposant ainsi l’ensemble des mouvements des cyclistes. « Ça nous permet, un de tracker les cyclistes, deux de déterminer leur position à chaque 10e voire chaque 100e de seconde, et ensuite de se servir de ces données pour identifier des trajectoires, des accélérations, des vitesses, qui nous permettent d’analyser les performances de nos athlètes mais aussi de la concurrence. C’est le 1er vélodrome au monde qui a été équipé [de ce dispositif] et à avoir exploité un tel système de tracking vidéo, de computer vision », détaille Emmanuel Brunet, rappelant aussi que l’« on est dans un vélodrome qui […] fait 8 m de large, et ça, c’est le seul au monde ».

Autant d’atouts pour bénéficier de conditions d’entraînement optimales. Ce n’est pas Clara Copponi qui dira le contraire. « Ils (les experts de la data, Ndlr) sont là sur quasiment tous nos stages. On a des retours avant nos compétitions pour savoir tout ce qu’il y a sur la piste, comment on doit appréhender la piste. Maintenant, c’est devenu indispensable, et on attend d’avoir leurs retours avant chaque compétition pour savoir quoi faire exactement », confie la coureuse, en confiance après un excellent début d’année (championne d’Europe et double championne de France en janvier), qui peut donc aussi s’appuyer sur cet accompagnement pour accomplir son objectif aux JO : la médaille d’or.