Alors que l’opérateur historique des scooters électriques en libre-service à Paris, Cityscoot, s’est déclaré en cessation de paiement la semaine dernière, l’un de ses concurrents dans la capitale, Yego, a davantage le vent en poupe. Et sa réussite, il la doit en partie à une entreprise basée à Maurepas, Pink Mobility, puisque celle-ci effectue l’assemblage final de ses scooters, facilement reconnaissables à leur couleur vert menthe à l’eau.

« On est très fiers. C’est la consécration d’un travail main dans la main [avec Yego], confie Auriane Lestienne, associée fondatrice de Pink Mobility, que La Gazette a rencontrée en septembre dans ses locaux. Tous nos scooters sont faits pour optimiser l’expérience utilisateurs. Et ça, on le fait grâce au retour terrain de Yego, car c’est notre état d’esprit de travailler toujours dans un système d’améliorations permanentes. »

Yego, qui proposait déjà ses services à Paris, est arrivé 1er de l’appel d’offres dévoilé par la municipalité parisienne en juillet dernier, pour un renouvellement du contrat jusqu’en 2028. Pink Mobility, eux, sont leur partenaire et fournisseur. L’entreprise maurepasienne, qui travaillait déjà avec Yego pour la mise en service de ses scooters dans d’autres grandes villes françaises, comme Bordeaux, assemble une importante partie des scooters dans ses locaux. « Il y a par exemple une partie de carrosserie. […] Les roues sont montées, les guidons, les ailes, et pour certains, notamment le scooter en libre-service, il y a toute la partie câblage en plus qui est faite ici. Donc à peu près 70 % de la valeur est faite ici et en Europe », explique Auriane Lestienne, mesurant le chemin parcouru par Pink Mobility, société qu’elle a créée en 2016 avec son mari Ghislain, ex-ingénieur de PSA.

« Il a passé 17 ans là-bas, […] et sa dernière mission, en 2013-2015, c’était de lancer l’usine DS en Chine. Et quand on était en Chine, on a vu que tout le monde roulait en deux-roues électrique, alors que, péniblement, en France, certains pouvaient se permettre d’acheter un vélo électrique à 4 000 euros minimum, raconte-t-elle. Donc en rentrant, on s’est dit : ‘‘Pourquoi pas proposer ce type de produit en France’’. Le marché du vélo était déjà bien saturé, mais il n’y avait personne sur le marché du scooter électrique. Le marché du scooter, toutes cylindrées confondues, quand on s’est lancés, c’était entre 200 000 et 250 000 unités par an vendues en France. Il y avait, l’année 2016, 1 800 scooters électriques qui ont été vendus [en France]. »

Pink Mobility a commencé son existence dans un petit bureau de 180 m², avant de passer six ans dans une ferme de Saint-Nom-la-Bretèche, occupant trois hangars et deux mezzanines pour installer ses bureaux et son atelier, et stocker des pièces. « Au bout d’un moment, ce n’était plus possible », évoque la cofondatrice. Ainsi, il y a un an, l’entreprise a déménagé à Maurepas et bénéficie d’une surface de 2 000 m² (plus une mezzanine de 500 m²) pour ses 24 salariés, contre 900 m² à la fin de son aventure à la ferme.

La société maurepasienne propose sept modèles de scooters, allant de 50 à 125 cm³. Ceux en libre-service à Paris sont des modèles Pink style en 50 cm³. 1 200 de ces deux-roues sont déjà en service dans la capitale. 1 300 doivent s’ajouter d’ici 2024.

Pink Mobility travaille majoritairement avec une clientèle de professionnels, et entend ainsi « gagner en notoriété », selon Auriane Lestienne. « On a d’abord été une marque en B to B, on n’est pas encore très connus du grand public. Mais quand même, dès 2019, on était dans le top 5 des marques de scooters électriques les plus vendues en France. En 2021, on est passés dans le top 3, et en 2022, on était 1ers. Donc on n’est pas très connus, mais on est une marque qui compte. »