Dans ce contexte de violences urbaines ayant aussi touché SQY (lire notre dossier page 2), voilà un événement qui donne une image plus positive de certains quartiers. Le phénomène Golden blocks était à Guyancourt le 28 juin. Cet événement et l’association du même nom faisaient étape place du marché, au Pont du Routoir. Un Quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), où se déplace l’association, et qui vise à amener l’athlétisme au cœur des QPV. À Guyancourt, il s’agissait ici d’un retour, un an après s’être déjà arrêté dans la commune. L’année dernière, Ladji Doucouré, parrain de l’association, était présent. Cette fois, pas de champion du monde du 110 m haies, mais Matthieu Lahaye, cofondateur de l’association. Ce dernier rappelle que l’objectif est d’« amener le stade au cœur du quartier et donner de l’accessibilité au sport. »

Il ajoute qu’à Guyancourt « on avait été super bien accueillis l’année dernière, on a vraiment le sentiment que la ville a compris l’ADN du projet et eu la volonté de nous aider à amener le stade vraiment au cœur du quartier ». « Là, aujourd’hui, […] ils ont fermé une voie de circulation […] et du coup, on est vraiment à proximité des habitations et des commerces. Ce qu’on voulait, c’est être au plus près de ce public-là, et c’est chose faite et réussie. »

« Ça montre une autre image » des quartiers

Un public jeune, âgé de 8 à 20 ans. Courant en plusieurs catégories suivant leur âge (8-10, 11-13, 14-16, et 17-20 ans), les participants, filles comme garçons (mélangés pour les 8-10, séparés sur les autres catégories d’âge), se sont affrontés en battles de street-running, des courses à deux ou trois sur 50 m. Le vainqueur de chaque course se qualifiait pour la suite de cette étape guyancourtoise, qui est aussi une sélection locale pour la grande finale à Paris le 9 septembre. « C’est le 1er qui passe la ligne d’arrivée qui l’emporte, précise Matthieu Lahaye. Tous les demi-finalistes aujourd’hui sont qualifiés pour la finale. »
Certains participants à l’étape guyancourtoise s’étaient d’ailleurs déjà qualifiés pour Paris l’année dernière. Parmi eux, Zakaria, 17 ans : « Ça m’a permis de rembourser ma licence (les gagnants locaux, remportent une licence d’athlétisme dans leur club, Ndlr). Du coup, j’ai fait de l’athlétisme gratuitement. Et aussi car je voulais prendre une revanche, vu que l’année dernière, en allant là-bas, je suis sorti assez tôt. » Malheureusement, le jeune homme, licencié à l’Entente athlétique Saint-Quentin-en-Yvelines, s’est fait sortir dès son entrée en lice, terminant 2e de son duel.

« [Je suis] complètement [déçu]. Ça ne m’étonne pas trop. L’écart d’âge entre les 17-20 ans, ça se ressentait », confie-t-il, lui qui attendait ça « depuis l’année dernière ». Alexandre et Ilyan, respectivement 17 et 13 ans, ont eux connu plus de réussite en remportant leur 1re battle. Le 1er cité explique s’être inscrit « pour se mesurer aux autres », tandis que le second avoue avoir surtout été attiré par le t-shirt Golden blocks offert à chaque participant. D’autres participants, en plus de prendre part à la course, étaient eux pleinement investis dans le projet. «  Comme je fais la formation Golden blocks, […] ils m’ont proposé de faire la course », raconte Naoufal, 19 ans. Malheureusement, l’aventure a tourné court pour ce Guyancourtois qui n’a guère remporté sa course.

Il en garde néanmoins une bonne expérience et assure que « c’est une des 1res fois où je vois un événement où il y a beaucoup de monde » dans le quartier, ajoutant que « ça montre une autre image » des quartiers dits sensibles. « Ça permet de nous occuper, d’éviter que l’on fasse n’importe quoi », abonde Alexandre. « Ça permet d’initier les jeunes au sport aussi, mettre en avant l’athlétisme, mais aussi [d’autres sports]. Par exemple, l’année dernière, à la finale de Paris, il y avait du basket sur fauteuil roulant », estime quant à lui Zakaria.

Du côté des organisateurs aussi, on dresse un bilan positif. Sur le plan de la fréquentation déjà. Selon Matthieu Lahaye, « 150-160 » personnes ont participé à Golden blocks à Guyancourt. « C’est plus que l’année dernière », souligne-t-il. Ce qui s’inscrit plus généralement dans la progression de l’événement. « C’est un projet qui prend de l’envergure, on a commencé en 2014 avec quatre étapes, et aujourd’hui on est à 25. On était uniquement en Île-de-France, et maintenant on va jusqu’à Nice », évoque Matthieu Lahaye.

Ce projet a « accompagné plus de 20 000 jeunes en France en organisant des tournées annuelles d’athlétisme », ajoute le site internet. L’étape suivante était prévue à Saint-Quentin,
dans l’Aisne, le 5 juillet, puis à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) le 7 juillet. Pour s’inscrire (gratuit) ou devenir bénévoles de Golden blocks, rendez-vous sur goldenblocks.fr.