Pour la première fois depuis 2015, la préfecture des Yvelines a actualisé la cartographie des quartiers prioritaires de la politique de la ville, le 1er janvier 2024. Cette actualisation a été réalisée pour tenir compte des évolutions socio-économiques sur les territoires et « s’adapter au plus près des besoins locaux », souligne la préfecture des Yvelines dans un communiqué. Cette dernière ajoute que « les critères de définition d’un quartier prioritaire de la politique de la ville restent inchangés : le QPV compte au moins 1 000 habitants dans une zone urbaine de 10 000 habitants et le revenu médian des ménages qui l’habitent montre un décrochage par rapport à la moyenne locale et nationale (sources Insee et ANCT). »

Un travail de proximité

Depuis le 1er janvier 2024, la liste des quartiers prioritaires de la politique de la ville dans les Yvelines a légèrement évolué. Ainsi, à SQY, les quartiers des Acacias à Coignières et de l’Avre aux Clayes-sous-Bois ont intégré le dispositif et le quartier des Petits Prés à Élancourt en est sorti. « Nous menons un travail de grande proximité avec les acteurs du territoire, a précisé le préfet délégué pour l’égalité des chances, Pascal Courtade. Sur les terrains, les services de l’État mais aussi les délégués du préfet et moi-même œuvrons quotidiennement aux côtés des associations et des collectivités locales, au premier rang desquelles les municipalités. » Et de poursuivre : « Notre objectif est d’améliorer durablement les conditions de vie des habitants, de rendre accessibles les services publics de proximité, d’offrir aux jeunes une ouverture d’esprit, une vision et des opportunités. En 2024, nous serons là, aux côtés des acteurs locaux pour poursuivre nos travaux. »

Et les maires concernés n’ont pas manqué de réagir. « Nous allons valider l’entrée en Politique de la ville. Il ne faut surtout pas stigmatiser un quartier. J’ai saisi cette opportunité, et je remercie le préfet Courtade, parce que cela se coordonne très bien avec tout ce qui est en train de se réaliser et qui va se poursuivre jusqu’à fin 2026 et peut-être début 2027 dans le quartier de l’Avre, avec la requalification complète, explique à La Gazette, Philippe Guiguen (DVD), le maire des Clayes-sous-Bois. Je trouve que c’était un nouvel accompagnement avec la préfecture pour permettre à ce quartier d’évoluer. »

Dans le quartier de l’Avre, la requalification porte sur plus de 400 logements, soit 1 100 à 1 200 personnes. Il s’agit d’une requalification totale : les intérieurs, les extérieurs, toutes les voies de circulation, deux tours qui sont déconstruites, des bâtiments neufs reconstruits pour reloger toute la population « à 35 logements près, précise l’édile. Et puis, un immeuble en accession sociale pour refaire de la mixité. Ce quartier qui était un petit peu ciblé à un moment donné sera totalement revu. Le tout, financé par Logirep, sans argent public. Le fait que la préfecture amène une partie nous permettra d’avoir un certain nombre de financements supplémentaires sur des accompagnements dédiés dans ce quartier. Cela se complète parfaitement. »

La résidence de l’Avre, aux Clayes-sous-Bois, est l’autre quartier faisant son entrée en QPV.

Et le maire d’expliquer que « la direction de la jeunesse et de la vie de quartier a travaillé avec les services du préfet sur un certain nombre de thèmes pour accompagner la population : la parentalité, la réussite éducative, parce que si on veut que la jeunesse sorte de cette situation, il la faut absolument. Surtout si on veut les aider durant les périodes d’oisiveté, durant les vacances, en pied d’immeubles. Nous avions déjà beaucoup d’opérations, mais cela permettra d’en faire d’autres. »

« Il y a aussi la transition écologique, le développement durable, la citoyenneté dans le cadre de la réussite éducative, poursuit-il. La requalification se fait aussi sur le cadre de vie avec le bailleur : végétalisation, parkings, etc. Le quartier sera entièrement transformé. C’est l’une des premières décisions que j’ai prises en arrivant. On ne peut pas laisser des quartiers comme cela se marginaliser. Les gens sont en plus très attachés à leur quartier. Une grande majorité veut rester dans le quartier. Certains ont d’ailleurs postulé pour être en BRS (Bail réel solidaire, Ndlr) dans un immeuble. »

Un accompagnement de l’État

L’investissement se monte à entre 50 et 55 millions d’euros. L’opération sera en partie financée par la construction d’un immeuble en accession à la propriété. Les bâtiments ont été totalement isolés de l’extérieur et tous les intérieurs sont refaits. « Le bailleur souhaite en faire un marqueur de leur savoir-faire, se réjouit Philippe Guiguen. Cela fait deux ans que nous travaillons avec eux et c’est vraiment un bailleur qui est très présent et en total accompagnement. Nous sommes très loin d’une super-densification du quartier et de la ville. Nous avons eu quelques réactions de personnes du quartier qui m’ont parlé de stigmatisation du quartier en passant en QPV. Cela serait le cas si nous n’avions pas des actions menées concrètement en parallèle. Cela va venir compléter. »

Les Clayes-sous-Bois entend « sortir du QPV dans trois à six ans et on aura été accompagnés par l’État », affirme Philippe Guiguen. « Pour les écoles, j’espère d’ailleurs que nous serons aidés pour les dédoublements de classe, notamment sur une des écoles, ajoute-t-il. Cela reste à voir avec la préfecture qui est déjà sensible à cette question.Nous avons un véritable accompagnement de la préfecture dans les Yvelines. »

À Coignières, lors de la cérémonie de ses vœux, le 20 janvier, le maire, Didier Fischer (DVG), a annoncé « l’entrée de notre commune dans la politique de la ville, grâce à la révision de la liste des quartiers prioritaires en France au 1er janvier 2024 ». « En ce qui nous concerne, le périmètre déterminé, à savoir le secteur des Acacias, est une chance pour notre ville, a-t-il assuré. Nous allons pouvoir développer dans le cadre d’un projet global des actions spécifiques, notamment en matière d’éducation, d’emploi, d’insertion et de développement économique et social. Je sais que nos acteurs économiques, si dynamiques à Coignières et à qui nous devons une part importante de notre richesse, sauront aussi se mobiliser pour répondre à ce nouveau défi. »

Et de préciser : « Dans ce contexte, un important travail est engagé pour la réalisation d’un diagnostic, qui donnera ensuite matière à un projet. Je tenais à cette occasion à remercier l’ensemble des services de la commune qui œuvrent pour cet état des lieux qui nous permettra ensuite de lancer des opérations et des actions novatrices pour nos publics. Je remercie aussi les services de l’État et de SQY qui nous accompagnent dans cette belle aventure. Monsieur le Préfet (Pascal Courtade, préfet délégué pour l’égalité des chances, Ndlr), soyez-en sûr, Coignières sera bien au rendez-vous du mois de mai prochain pour la signature du contrat de ville 2024-2030. »

Enfin, à La Verrière, le maire, Nicolas Dainville (LR), s’est montré soulagé qu’Orly Parc soit resté en QPV (le quartier n’apparaît pourtant pas sur la liste des QPV dans le dossier de presse du secrétariat d’État chargé de la citoyenneté et de la ville). « On va vraiment continuer à se battre pour rendre La Verrière plus attractive. C’est pour ça qu’on s’est battus pour qu’Orly Parc reste un quartier prioritaire de l’État (ou quartier prioritaire de la ville, Ndlr), a-t-il lancé durant ses vœux, le 12 janvier. Le président du Sénat nous a énormément aidés en écrivant au ministre parce que l’État voulait nous sortir du QPV. Donc tous les habitants d’Orly Parc n’auraient plus bénéficié de ce précieux dispositif. »

Une chance pour les quartiers

Et de déclarer au sujet d’une éventuelle sortie des QPV : « Il y aurait eu des augmentations de charges, plus d’élèves dans les classes… ça aurait eu un impact désastreux. On s’est battus notamment avec le Clop, le collectif des locataires d’Orly Parc, il y a eu des centaines et des centaines de pétitions. Les résidences aussi nous ont beaucoup aidés. Bref, on a obtenu gain de cause et ce n’était pas évident. J’ai eu quelques cheveux blancs d’ailleurs pour l’occasion, mais je suis très heureux qu’on y soit parvenus. Et on s’est battus pour offrir à Orly Parc le meilleur en termes d’aménagement. Tout est finalisé. Honnêtement, il y a peu de villes qui ont des aménagements aussi bien, je pense que vous avez pu vous en apercevoir, et le Département nous a également beaucoup aidés en donnant 70 % de l’investissement (deux millions d’euros) pour le meilleur pour Orly Parc. »

Et le président du Sénat, Gérard Larcher (LR) de souligner : « […] Voir que les réalités que vous avez décrites, le fait de ne plus être en quartier prioritaire de la ville au nom, j’allais dire, d’une vision technocratique, bureaucratique et réductrice, c’est quelque chose qui n’est pas supportable, voilà pourquoi je le dis clairement. Et je me bats à vos côtés pour cela. […] Vous avez présenté vos espérances pour La Verrière et je suis étonné de ce que vous avez fait depuis trois ans. Vous avez fait un travail pour redonner à votre ville une identité, un accueil. »


Les quartiers prioritaires de la ville à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2024

– Coignières (Les Acacias)
– Guyancourt (Le Pont du Routoir)
– La Verrière (Le Bois de l’Étang et Orly Parc)
– Les Clayes-sous-Bois (L’Avre)
– Maurepas (Les Friches)
– Plaisir (Le Valibout)
– Trappes (Les Merisiers, La Plaine de Neauphle et Jean Macé)


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