Treesome, le festival électro qui était prévu au début de l’été sur l’Île de loisirs, n’aura finalement pas lieu. La nouvelle est tombée comme cela, au début du mois, à quelques semaines à peine des dates prévues, les 7 et 8 juillet prochains.
Ce festival, qui devait réunir une quarantaine d’artistes, à la fois français et internationaux, sur trois scènes (une scène techno, une scène house et une scène dancehall afrobeat), répartis sur la partie sud des trois hectares de l’île de loisirs, était porté par un prestataire extérieur. Or, ce dernier a finalement jeté l’éponge. Et l’équipe du Treesome festival, visiblement profondément affectée, a dû prendre cette décision. « Il est difficile pour nous, à cet instant, de cacher notre tristesse, souligne-t-elle dans un communiqué. Le regret de ne pas avoir pu concrétiser nos idées et apporter notre vision à la scène électronique. Et au-delà, ne pas avoir réussi à faire rayonner la musique et la culture, si essentielles par les temps qui courent. Alors voilà, on y est, c’est l’heure du générique, mais vous n’avez pas pu voir la fin du film… »
Un vrai défi
Mais alors, comment justifier cette annulation si près du but ? L’équipe du Treesome festival assure que « lancer une fête de la musique en 2023 est un vrai défi. Depuis la pandémie, le monde culturel souffre de multiples difficultés dont de nombreuses structures ont encore du mal à se remettre. Les organisateurs doivent faire face et se battre constamment dans ce contexte difficile et chaque événement qui prend forme est le résultat d’un petit miracle. Malgré le soutien indéfectible de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, depuis le début du projet jusqu’à aujourd’hui, l’équipe du Treesome festival a rencontré, comme de nombreux festivals cette année, de multiples difficultés financières et logistiques dont certaines sont liées aux Jeux olympiques de Paris en 2024. »
Avec le retrait de certains partenaires financiers, et malgré les efforts consentis pour trouver des solutions, à deux mois de l’événement, l’équipe a estimé qu’il était « temps de faire une analyse amère : nous n’avons pas réussi à convaincre et à trouver les fonds nécessaires ». Et de préciser : « Malgré le manque de financement, nous avons essayé par tous les moyens de poursuivre le projet et de tenir le festival à tout prix. Mais la certitude de vous accueillir dans les meilleures conditions et de vous faire vivre cet événement comme nous l’avions imaginé n’était pas garantie. C’est pourquoi nous avons pris la décision déchirante d’annuler cette édition du Treesome festival. »
Un soutien indéfectible
À l’initiative de l’événement, et soutien indéfectible de ce projet de festival, l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines se dit « triste que notre porteur de projet n’ait pas eu la capacité de mobiliser d’autres partenaires pour atteindre ses objectifs ». Mais l’Agglomération n’a pas l’intention d’abandonner le projet et va relancer une consultation auprès des différents partenaires et faire un appel à candidatures pour trouver un porteur de projet en mesure de produire et de réaliser ce festival. « Il faut garder la dimension internationale et une scène locale, car nous avons des associations capables d’animer des scènes », précise-t-on dans l’entourage du président, Jean-Michel Fourgous (LR).
Vice-président chargé de la culture à Saint-Quentin-en-Yvelines, Éric-Alain Junes regrette également que la communauté d’agglomération se retrouve ainsi devant le fait accompli et ne puisse rien faire pour y remédier, à seulement deux mois de la date prévue du festival. Des regrets d’autant plus forts que l’élu rappelle qu’il y « a eu un travail colossal des équipes de Saint-Quentin-en-Yvelines et de l’Île de loisirs, en termes de brainstorming (réflexion), pour mettre en place ce niveau de festival dans une agglomération comme Saint-Quentin-en-Yvelines. Et pour l’instant, tout cela est à fond perdu. Cela représente des dizaines et des dizaines d’heures de travail de mise en place pour un projet qui tombe à l’eau. Il y a un coût, mais ce coût sera plus humain que matériel. »
De son côté, par les assurances et contrats qui ont été signés, l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines est sûre de récupérer ses investissements, assure Éric-Alain Junes : « Ils seront remboursés par l’association. Alors ce n’est pas totalement perdu parce que le projet n’est pas totalement abandonné, mais il va falloir réfléchir à tout cela. »
Et le vice-président à la culture d’avouer qu’il avait quelques « réserves sur cette association ». « Je les ai exprimées dès le départ et cela ne me semblait pas très solide, confie-t-il. Il y avait des gages de sérieux qui avaient été donnés et je n’allais pas m’opposer dans ce cas-là à ce projet. »
Et pourtant, le festival n’avait pas forcément que des défenseurs convaincus. Les élus d’opposition avaient ainsi fait part en conseil communautaire de leur étonnement à ce que l’Agglomération soutienne des événements culturels « one shot », comme ce festival, et s’interrogeaient également sur la pertinence même de ce genre d’organisation sur le territoire.
« Il y a un certain nombre de projets que nous ne comprenons pas, avait notamment déclaré Sandrine Grandgambe (Génération.s), 1re adjointe à Trappes. Ce festival, on va l’accueillir à l’Île de loisirs. On les a rencontrés, on va faire en sorte que cela se passe bien, que cela soit une réussite, mais en quoi cela concerne les habitants de SQY ? “One shot”, même pas, puisque ce sont 300 000 euros par an sur trois ans. C’est un choix que vous faites de mettre cet argent sur une opération de communication de SQY à l’extérieur du territoire ou dans une logique de retombées de communication du territoire. Choses que nous aimerions bien pouvoir évaluer parce que mettre de l’argent public, qui est rare aujourd’hui, doit être utilisé avec efficience. Quand aurons-nous des bilans de ce qui se monte ? »
Un nouvel appel à projet
« Un festival, ce n’est pas que de la notoriété pour SQY, c’est aussi, d’après les études et les résultats des soirées qui ont été faites au vélodrome, un public plus jeune », lui avait alors répondu la majorité de SQY. « C’est pour la jeunesse, nos universitaires, etc. Et penser à ce segment sur lequel nous avons le moins d’offres culturelles, c’est plutôt une bonne direction. Plusieurs festivals électro ont été organisés au vélodrome et c’est en se basant sur cette expérience et la mobilisation qu’ils suscitent que nous avons poussé l’idée de monter un événement structurant », conclut l’entourage de la présidence.
Concernant le remboursement des billets, l’équipe du Treesome festival assure que « les remboursements Shotgun et Resident advisor sont en cours », mais précise que « les frais de location ne sont pas remboursés ».