Quatre pays, des matchs acharnés, des hymnes solennels, et surtout une belle fête sous le signe de l’impro. Le Mondial d’improvisation junior s’est tenu du 23 au 26 février à Trappes. Quatre équipes nationales composées de six jeunes se sont affrontées : le Québec, la Suisse, la Belgique, et la France, représentée par six comédiens trappistes âgés de 15 à 18 ans. Six jeunes, issus de la compagnie locale Déclic théâtre, qui organisait l’événement. Et à la fin, c’est bien eux qui se sont imposés. Mais l’essentiel est ailleurs.

« C’est un bilan extrêmement positif. Au-delà du résultat, qui n’est finalement pas très important, c’est surtout la rencontre, affirme Géraldine Orquéra, directrice de Déclic théâtre, contactée par La Gazette. C’est un rendez-vous extrêmement exaltant, car c’est le moment où on voit concrètement sur scène nos jeunes qui se sont entraînés tout au long de l’année, et qui vont rencontrer d’autres jeunes francophones. On est vraiment dans ce qu’on aime faire, et dans la rencontre entre les différentes équipes, mais avec des jeunes d’autres pays, d’autres cultures, dans ce partage que l’on cherche à mettre en œuvre sur scène. […] Ça s’appelle un championnat, c’est des matchs, mais in fine, on doit faire le spectacle ensemble […]. C’est pour ça qu’on ne dit pas forcément [par exemple] la France contre le Québec, on dit avec, car on joue ensemble, pour faire un spectacle qu’on donne à voir aux spectateurs. »

Le tournoi s’est déroulé sous un format de deux matchs par soirée, d’une durée d’une heure chacun, contre deux fois 45 minutes dans un match classique. « On a deux équipes paritaires, constituées de trois filles et trois garçons, et qui se rencontrent dans l’espace scénique qu’on appelle ‘‘la patinoire’’, et qui vont improviser sur des thèmes donnés par un arbitre, qui est garant des règles et est là pour assurer le cadre du spectacle », détaille Géraldine Orquéra.

L’arbitre donne un thème mais aussi une catégorie. « Soit c’est une catégorie libre, soit il y a une contrainte, poursuit la directrice de Déclic théâtre. Les comédiens improvisent tour à tour sur le même thème ou en même temps. […] Une fois que l’arbitre a donné le thème, ils ont 20 secondes de réflexion, de coaching. Donc, quand ils font une improvisation mixte, les deux équipes vont rentrer sur la scène et ont eu un coaching différent. Donc là, il va falloir vraiment qu’ils soient très à l’écoute. Ce qui est aussi intéressant dans ces rencontres, c’est mettre en commun ensemble leurs compétences respectives, notamment l’écoute, qui est très importante, pour se rencontrer et faire le spectacle ensemble. »

À la fin de chaque improvisation, les spectateurs votent avec un carton couleur. « On essaie de voter en notre âme et conscience, souligne Géraldine Orquéra. Il y a beaucoup de Français dans la salle, mais finalement, les résultats ont été assez serrés, il n’y a jamais eu de grosse différence. » Et cette compétition est de toute façon « un prétexte supplémentaire » pour « échanger », insiste la directrice. De l’échange et du partage entre des compagnies qui se connaissent depuis plusieurs années, puisque c’était la 7e édition. « On s’est rassemblés à l’époque […] entre quatre compagnies qui développons à peu près le même esprit dans notre travail », souligne-telle.

Et tous les ans, le Mondial tourne entre ces quatre pays. Ainsi, en 2024, Déclic théâtre ira au Québec. « On commence à mobiliser une cagnotte [en ligne], et depuis le début de la saison, on a des tirelires qui circulent dans le public, et on sollicite les gens pour qu’ils participent », fait savoir Géraldine Orquéra, évoquant des prix élevés et qui risquent encore d’augmenter. En espérant que la France puisse défendre son titre, malgré le coût du voyage.

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