Maillots rouges avec flocages, ressemblant à ceux d’un club de foot, le tout dans l’un des sites phares du sport français. Mais ne nous y trompons pas, il s’agit bien d’une équipe… de e-sport. Atletec organisait le 5 janvier une journée médias au Vélodrome national, avec qui elle a noué un partenariat depuis juin. « Notre saison commence [le 10 janvier]. En début de saison, c’est toujours important pour nous de présenter les nouveaux maillots, les nouveaux sponsors […]. Les joueurs ont été recrutés pour la plupart il y a tout juste un mois, donc […] c’est très important pour consolider l’effectif, […] et aussi mettre le ton sur la saison et sur la structure », explique, à propos de cette journée, Jérémy Girardot, 36 ans, président de ce club qu’il a fondé le 24 octobre 2020, quelques mois après le 1er confinement.

« Je suis dans le milieu du jeu vidéo et de l’e-sport depuis que j’ai 18 ans. Arrivé en 2020, […] j’étais dans une période où j’étais à la recherche d’un projet e-sportif. Je me suis rendu compte que, parmi les équipes existantes, je ne retrouvais pas forcément ma vision de l’e-sport, raconte-t-il, estimant que « les valeurs, il en manque un peu dans le milieu de l’e-sport ». Il déplore « des sommes d’argent de plus en plus incroyables » dans ce milieu, attirant « des gens qui ne sont là que pour le business et qui en oublient la passion. Donc je me suis dit que plutôt que de critiquer les équipes et faire ce constat-là, autant se lancer. […] Se lancer, je ne voulais pas le faire tout seul. »

Jérémy Girardot s’est alors rapproché du footballeur Umut Bozok, qu’il a connu durant son parcours professionnel. « C’est un vrai passionné d’e-sport […]. Aujourd’hui, beaucoup de sportifs s’intéressent au milieu e-sportif, mais je pense que c’est plus de la communication, ils ne sont pas forcément pratiquants, constate-t-il. Umut, quand il était encore footballeur amateur, il participait à des compétitions d’e-sport […] Et c’est quelqu’un qui porte les mêmes valeurs que moi […]. Quand il était à Nîmes, dès qu’il avait une pause, il allait rendre visite aux enfants malades dans les hôpitaux, il lançait des streams pour faire du caritatif. […] Je me suis dit que c’est avec lui que je veux monter le projet. Quand je lui ai parlé de monter une équipe ensemble, on a mis à peu près 15 minutes à se mettre d’accord, et on est partis de là. »

Ainsi est née Atletec. Au-delà d’être une équipe e-sportive, il s’agit d’une société avec trois pôles d’activité : un pôle entertainment (création de contenus sur les réseaux sociaux), un pôle services (utilisation du e-sport pour des entreprises ou des collectivités) et un pôle compétition, qui reste le premier pôle au club. Atletec évolue en 2e divison de League of Legends, a terminé en milieu de classement lors de ses deux premières saisons, et vise l’élite « tôt ou tard », selon Jérémy Girardot.

Pour progresser, le club, qui compte cinq joueurs (sur un total d’entre 20 et 30 membres, le reste étant pour beaucoup composé de membres du staff), peut donc aussi s’appuyer sur son partenariat avec le vélodrome, qui se caractérise de différentes manières. « Il y a une partie sponsoring, ils sont présents sur le maillot. Il y a aussi [la possibilité] de pouvoir utiliser le complexe quand on le souhaite. […] Dans quelques semaines ou quelques mois, on pourra y organiser des stages d’entraînement », détaille le président, se réjouissant de pouvoir bénéficier d’un tel site, qui colle avec les valeurs sportives prônées par le club et constitue un privilège.

« Quand on compare à d’autres équipes e-sport, tout le monde n’a pas ça. Il y a le team Vitality […], ils ont quasiment dix ans sur la scène e-sport, souligne-t-il. Ils ont un partenariat avec le stade de France. À part eux, personne n’a un partenariat avec un complexe sportif de ce calibre, et pourtant, nous, on n’a que deux ans. Et puis, il y a le côté événementiel. Demain, on peut faire une compétition ici, s’entraîner, diffuser pourquoi pas nos matchs sur les écrans géants et avoir du public. C’est un complexe tellement modulable qu’on peut y faire tout ce qu’on souhaite. »

Ainsi, en 2023, le club prévoit de revenir au vélodrome pour y réaliser des bootcamps (stages d’entraînement), et devrait annoncer d’ici la fin du mois la création d’une deuxième équipe. « Il y a aussi d’autres événements qu’on aimerait mettre en place en 2023, c’est de la création d’événements, pas forcément sur League of Legends, mais aussi sur plein d’autres jeux, faire du streaming, une émission Twitch au milieu (sur l’aire centrale, Ndlr), énumère Jérémy Girardot. Il y a tout ce qu’il faut pour faire vibrer le monde de l’e-sport, ça fait partie des projets de l’année. »