L’entreprise Telehouse, déjà implantée dans la commune, prévoit de se développer avec la construction d’un nouveau datacenter, dont le premier bâtiment doit ouvrir en octobre 2023.
À Magny-les-Hameaux, 12 000 m² de haute technologie. L’entreprise Telehouse, implantée depuis 2009 dans la commune, avec un campus de datacenter situé dans le parc d’activités de Gomberville, prévoit de développer son activité. En octobre 2023, cette entreprise doit ouvrir un nouveau datacenter (centre de stockage de données informatiques), en construction depuis l’été dernier, sur son campus actuel, implanté sur un ex-site d’EADS. « C’est un nouveau bâtiment, complètement indépendant, précise Sami Slim, directeur général de Telehouse France, joint par La Gazette. Ce n’est pas un agrandissement, on ne pique pas sur l’infrastructure existante. »
« La première demande, c’est celle de nos clients, qui sont déjà sur place et qui veulent croître, explique-t-il. Avec la croissance du numérique, il y a besoin de plus de serveurs et d’équipements informatiques et télécoms qui tournent, et donc de datacenters, qui sont les endroits où ces éléments tournent. Deuxièmement, le site de Magny-les-Hameaux devient stratégique dans le sud de la région parisienne, car il accueille des câbles sous-marins qui viennent de Bordeaux et arrivent des États-Unis, plusieurs arrivées de câbles sous-marins qui remontent depuis Marseille, et ainsi, devient un hub régional qui connecte la place de Paris, Marseille et Bordeaux. »
Le nouveau datacenter sera réalisé en cinq phases, « une phase étant égale à un bâtiment », indique Sami Slim. Et au sein du premier de ces cinq bâtiments travailleront « une vingtaine de personnes en emplois directs », tandis qu’en emplois indirects, « il y en a quatre fois plus de créés, que ce soit pour le gardiennage, l’entretien, pour les ingénieurs réseaux et télécoms », selon le directeur général. 120 personnes sont actuellement employées sur l’actuel campus, emplois directs et indirects inclus.
Le futur datacenter permettra « plus de puissance d’équipement sur moins d’espace », souligne Sami Slim. Sur 12 000 m², seront stockés « 18 mégawatts de puissance serveur », sachant que le datacenter existant « fait aussi 12 000 m², mais […] il plafonne à 15 mégawatts », avance-t-il. La performance technologique progresse, mais « les avancées technologiques sont surtout au service d’une vertu environnementale, sur deux axes », considère le dirigeant.
Ainsi, le futur équipement se voudra plus écoresponsable. « Le premier axe, c’est une moindre consommation électrique, au travers d’une meilleure efficacité énergétique, ce qu’on appelle un PUE, un indice qui mesure l’efficacité énergétique, expose Sami Slim. Autant, sur nos existants, on est plutôt autour de 1,5, sur le nouveau on sera à 1,3. Ça veut dire que pour 100 kilowatts consommés par des machines informatiques, on n’aura besoin que de 30 kilowatts pour les refroidir, alors qu’avant, on avait besoin de 50 kilowatts. »
« Le deuxième axe, […] c’est qu’il (le datacenter, Ndlr) ne consommera pas d’eau, poursuit-il. Jusque-là, les technologies de refroidissement classique, c’est avec un circuit d’eau : on refroidit l’eau, on la met au contact de l’air, et l’air sort frais pour refroidir les machines. Ce système historique consomme beaucoup d’eau. Nous sommes convaincus que les datacenters ont aussi une responsabilité dans la sobriété concernant l’usage de l’eau. […] Donc ce nouveau datacenter emploie une nouvelle technologie qui fait du refroidissement air à air. […] On n’a plus besoin d’un apport d’eau externe en continu. »
Après l’ouverture du premier bâtiment, programmée donc pour octobre prochain, seront enclenchées les quatre autres phases. « Tous les ans ou entre six mois et un an, on sait ouvrir une phase de plus », fait savoir Sami Slim. Telehouse va investir « une cinquantaine de millions d’euros pour la première phase », d’après le directeur général, ajoutant que les autres phases « seront […] peut-être entre 30 et 40 millions d’euros ». Soit une enveloppe totale de plus de 200 millions d’euros pour ce projet, pour lequel l’entreprise nourrit beaucoup d’ambitions.
« On va se rapprocher de 100 mégawatts à la fin de tout le campus, affirme Sami Slim. Ce sera certainement l’un des datacenters les plus importants en termes d’interconnexions à l’échelle européenne. La quantité de trafic internet qui va passer par ce datacenter le placera dans le top 10 européen si ce n’est mondial. »
Du côté de la ville de Magny-les-Hameaux, on se satisfait de l’implantation de ce futur datacenter. « Une grande partie des flux internet français passent par Magny-les-Hameaux et ce campus », rappelle le maire, Bertrand Houillon (Génération.s), contacté par La Gazette. Il se réjouit aussi que ce projet « inclue également un nombre de plantations, d’arbres fruitiers, pour intégrer dans le paysage l’ensemble du campus, » et « autre point que l’on étudie avec eux, c’est la possibilité de la récupération d’énergie pour la commune ».
