C’est une consécration pour Seine-et-Yvelines Numérique (SYN). Créé en 2016, l’établissement public d’aménagement numérique vient de se voir décerner la première place des European Broadband Awards par l’Europe. Lancés par la Commission européenne, ces trophées récompensent les projets exceptionnels de déploiement du haut débit en Europe en cinq catégories. Depuis six ans, le Syndicat mixte ouvert (SMO) est chargé de développer les services numériques et de construire une synergie autour des projets numériques des conseils départementaux (des Hauts-de-Seine et des Yvelines) et des intercommunalités.

« Ce prix a été mis en place car l’objectif principal de l’Europe est que tous les Européens puissent bénéficier d’une connexion internet très haut débit par la fibre ou bien de la 5G d’ici 2030, explique Bertrand Coquard, président de Seine-et-Yvelines Numérique, conseiller départemental des Yvelines et adjoint UDI au maire de Clayes-sous-Bois. Nous avons été nommés sur la partie financement intelligent du déploiement de la fibre. (« Modèles innovants de financement, d’entreprise et d’investissement »). Nous étions 16 candidats et nous avons eu le premier prix. »

Seine-et-Yvelines Numérique a été récompensé dans la catégorie « Modèles innovants de financement, d’entreprise et d’investissement. »

C’est ainsi tout le travail accompli et l’innovation dans le financement qui ont été récompensés. Car, grâce à ce dispositif, l’objectif de la collectivité territoriale de brancher quasiment tous les foyers des Yvelines est atteint. « Le prix permet de gagner en notoriété. Cela veut dire que […]nous sommes récompensés pour avoir innové sur la partie technologique et celle du financement. C’est toujours très intéressant quand on doit aller sur d’autres marchés, nous serons pris plus au sérieux, confie Bertrand Coquard. C’est un prix européen. Nous avons gagné face à des projets importants comme les déploiements sur Francfort. Nous sommes étonnés, on ne pensait pas gagner le prix. »

Un étonnement partagé avec Laurent Rochette, directeur général délégué de Seine-et-Yvelines Numérique : « Nous sommes très contents car le prix confirme le boulot effectué. C’est une grande récompense pour les équipes, et c’est important pour le moral. Notre boulot est reconnu comme remarquable. Nous avons réussi à fibrer tout le monde en trois ans. Cela est très rapide car nous avons dû construire un nouveau réseau en partant de rien. Il n’y a eu aucun impact financier sur le contribuable yvelinois. Aujourd’hui, où que vous soyez dans les Yvelines, vous pouvez disposer de la fibre. Nous avons commencé en 2017 et fini début 2021. C’est-à-dire que l’on a commencé après les autres et fini avant eux. »

Historiquement, Seine-et-Yvelines Numérique déploie le très haut débit dans le département des Yvelines. « Nous développons cette partie avec les villes pour que la fibre soit accessible partout dans les Yvelines, précise le président. Là où nous pouvons nous implanter, sur la zone réservée publique, nous avons couvert entre 90 et 95 % du territoire. Nous avons souhaité faire un contrat privé et public et vendre la fibre à un opérateur « TDF » qui, lui, assume l’achat du fonctionnement. C’est ce montage financier intelligent qui a été célébré. »

100 000 foyers

Laurent Rochette est revenu sur l’origine du projet : « Notre projet consistait à ce que la collectivité intervienne pour organiser un très haut débit dans le territoire rural. Dans les zones peu denses, la rentabilité est moins évidente, donc c’est à la collectivité locale de la financer. Cette direction a commencé à être prise avant 2014 en Yvelines. Le projet concerne 158 communes rurales. Cela représente 100 000 foyers. Mettre la fibre coûte 150 millions d’euros pour ce nombre de foyers. Nous avons mené le projet à terme sans contribuable, nous avons tout mis en œuvre. Aujourd’hui, la France est la première à se dire que la zone rurale peut être quand même rentable. Avec l’argent public ou non. À l’époque, beaucoup de gens n’ont pas cru en notre projet. Ils nous disaient que si le cadre réglementaire est comme il est, c’est parce que ce n’est pas rentable. Nous avons quand même lancé l’opération de financement en la rendant attractive. Nous avons construit un réseau et cela a fonctionné. Nous avons créé un appel à concentration en s’engageant à investir. Nous avons eu trois candidats, ce qui nous a permis d’animer une forme de concurrence et de signer avec un opérateur qui a financé en totalité avec des fonds privés. 150 millions d’argent public ont été économisés. »

Le rôle de Seine-et-Yvelines Numérique est de servir d’opérateur dans le domaine de la technologie. « Nos missions sont orientées sur le service public plutôt pour pouvoir aider les communes et les collectivités territoriales, continue-t-il. Nous devons aussi anticiper et réfléchir à des besoins technologiques pour elles. C’est pour cela que l’on a développé des offres autour de la cybersécurité ou encore de l’archivage électronique. Il y a plein de projets sur lesquels travaille Seine-et-Yvelines Numérique. »

Utile à l’école avec la pédagogie mixte, les environnements numériques de travail, les classes mobiles, le cartable numérique e-SY ; à la maison pour l’accès à internet, le télétravail, la télévision, la domotique, etc. ; au bureau pour faciliter, sécuriser les liaisons et développer la filière cybersécurité, envoyer des données, développer la téléconsultation, comme le fait actuellement le département des Yvelines, etc. ; en mairie avec le développement de tous les services et les démarches en ligne ; ou dans la rue pour la mise en place de différents types de capteurs (mesures de CO2, de température de chaussées, de niveau d’eau, de qualité de l’air, etc.), la gestion des feux tricolores ou pour la gestion d’un éclairage intelligent, le très haut débit a de très nombreuses applications.

Gagner en notoriété

Depuis de nombreuses années maintenant, la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines fait figure de pionnière dans le domaine. SQY et le conseil départemental investissent ensemble dans le numérique à l’école. Ainsi, 28 000 élèves de Saint-Quentin-en-Yvelines voient leur cadre scolaire augmenté de classes interactives ou mobiles, de robotique, d’ENT, de cours de langue ou de soutien scolaire dématérialisé. Au cœur d’un plan sur trois ans, les enfants, les familles et les enseignants sont invités à prendre en main les outils numériques et à remodeler leur quotidien à l’école. Aujourd’hui, 100 % des élèves de primaire sont équipés de tablettes. Après cinq ans de projet pilote dans 17 collèges, l’initiative d’équipements individuels mobiles se généralise dans tout le département des Yvelines. D’ici 2026, ce ne sont pas moins de 130 000 élèves et enseignants qui pourraient être dotés du cartable numérique e-SY. Ce nouveau dispositif, décidé par le conseil départemental, réuni le 28 janvier dernier, vise à équiper les élèves à titre individuel, du CM1 à la 3e, ainsi que les enseignants.


L’éclairage intelligent, une véritable source d’économie

Seine-et-Yvelines Numérique travaille également sur le développement de l’éclairage public intelligent et organise, le 16 novembre à La Défense et le 17 novembre à Montigny-le-Bretonneux, une matinale consacrée au sujet. Des intervenants tels que Jacques Silouvappane, directeur des services techniques d’Ablis, Frédéric Lacan, directeur général associé de l’entreprise PCM ingénierie, ou encore Samuel Machet, directeur marketing et développement public de la société néerlandaise Signify, leader mondial des produits, systèmes et services d’éclairage LED connectés, proposeront des éclairages experts & terrains sur la question Quelles solutions techniques et applicatives pour les collectivités ? « Deuxième poste de consommation d’énergie des communes, l’éclairage public représente un gisement considérable d’économies », explique Seine-et-Yvelines Numérique dans un communiqué, rappelant le contexte actuel « où l’économie d’énergie est devenue un enjeu majeur ».


CREDIT PHOTOS : Seine-et-Yvelines Numérique