Le Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) a accueilli, du 12 au 16 octobre, les championnats du monde de cyclisme sur piste pour la 2e fois de son histoire après 2015. À domicile, l’équipe de France y a décroché 7 médailles dont 3 en or lors de ce rendez-vous phare, à moins de deux ans des JO de Paris 2024, dont les épreuves de cyclisme sur piste auront lieu dans cette enceinte.

Après deux premiers jours compliqués, marqués par une seule médaille, en bronze, et des déceptions sur certaines épreuves, le compteur tricolore s’est accéléré, puis sont arrivées les breloques dans le plus beau métal. D’abord grâce à Mathilde Gros. La pistarde de 23 ans a triomphé sur la vitesse individuelle en battant les Allemandes Emma Hinze, double tenante du titre, en demie, puis Lea Sophie Friedrich en finale. Elle a été imitée le lendemain par sa coéquipière du sprint, Marie-Divine Kouamé, sur le 500 m. Cette dernière, qui disputait, à 20 ans, ses premiers Mondiaux, a été l’une des sensations et des révélations de ces cinq jours. Plus expérimenté, Benjamin Thomas, 27 ans et quatre titres mondiaux à son actif, en a ajouté un 5e en l’emportant sur la madison, aux côtés de Donovan Grondin, le dimanche.

Ça tombe bien, deux de ces trois épreuves (vitesse individuelle et madison) figurent au programme des JO. À ne pas oublier non plus, les médailles d’argent en omnium masculin, avec encore Benjamin Thomas, mais également sur la madison féminine et le kilomètre masculin, ainsi que la médaille de bronze en poursuite par équipes femmes, qui avait inauguré la moisson française le jeudi.

Cette dernière a d’ailleurs été remportée par une locale de l’étape, Clara Copponi. La coureuse de 23 ans, membre du Vélo club Élancourt-Saint-Quentin-en-Yvelines (VCESQY-team Voussert), faisait équipe avec Valentine Fortin, Marion Borras et Victoire Berteau sur cette épreuve. Elle a aussi décroché l’argent deux jours plus tard sur la madison aux côtés de Valentine Fortin.

Deux autres coureurs du VCESQY-team Voussert étaient alignés lors de ces Mondiaux, mais Timmy Gillion et Quentin Lafargue n’ont eux pas décroché de médaille. Le premier cité, démarreur de l’équipe de France de vitesse, a été éliminé en quarts de finale aux côtés de Sébastien Vigier et Rayan Helal, dans ce qui reste comme le point noir de ces Mondiaux côté français. Dans cette épreuve où l’équipe de France obtenait régulièrement des médailles lors des échéances internationales, les Bleus ont cette fois été perturbés par un faux départ adverse lors de leur quart face à l’Allemagne. Mais « quand on regarde le 1er tour, on fait le 3e temps, donc on doit s’appuyer là-dessus », relève Grégory Baugé, l’entraîneur du sprint.

Le président du VCESQY-team Voussert, Thierry Fabre, juge le bilan « positif » pour ses trois pistards. « Clara Copponi ramène deux médailles, rappelle-t-il. Timmy Gillion, […] malgré l’élimination, a fait des bons temps, il est vraiment dans le bon wagon pour les JO. Quentin Lafargue confirme son renouveau. » Ce dernier, champion du monde du kilomètre il y a trois ans, se concentre désormais sur la poursuite, où il s’est classé 6e de l’épreuve par équipes. Aligné malgré tout aussi sur le kilomètre, il a dû se contenter de la 15e place, dans une épreuve où Melvin Landerneau, passé par le VCESQY-team Voussert, s’est paré d’argent.

Avec 7 breloques lors de ces Mondiaux, la France termine 3e au classement des médailles, à égalité avec l’Allemagne et derrière les Pays-Bas et l’Italie. « Notre objectif, c’était de jouer les premiers rôles, et on a joué les premiers rôles, estime Florian Rousseau, directeur du programme olympique de l’équipe de France. Notre objectif reste les Jeux, mais ce championnat du monde était un marqueur important dans la dynamique de réussite. On apprend de nos réussites, mais aussi de nos déceptions, il y a eu des déceptions. Les équipes sont compétitives, nos coureurs étaient compétitifs. Il y a une belle dynamique dans l’équipe, de la jeunesse, de l’expérience, et à deux ans des Jeux, on a pris beaucoup d’expérience. […] Ce bilan de 7 médailles est très bon, on est très satisfaits. »

Il ne manque pas non plus de souligner la ferveur du public du Vélodrome national : « Il y a une ambiance incroyable ici, le public est venu encourager, supporter les athlètes de l’équipe de France. » Ambiance saluée aussi par les coureurs. « Ça nous poussait », commentait Donovan Grondin à propos des « Allez les Bleus » ayant résonné lors de l’épreuve de madison remportée avec Benjamin Thomas. « Un public comme ça, c’est rare, et ça nous a donné des ailes, affirmait, elle, Mathilde Gros. Je leur dis rendez-vous dans 2 ans. »

Sa finale de vitesse remportée le vendredi soir, La Gazette l’a vécue au cœur d’un groupe de supporters français au vélodrome. Des personnes invitées par le Club Paris 2024, dont beaucoup de novices dans le suivi de la discipline. Comme Alain. « On essaie de mettre l’ambiance. Quand il y aura les Jeux, il faudra faire pareil », clame-t-il, venu du Plessis-Robinson. Un peu plus tôt dans une autre tribune, Laurent, venu lui de l’Essonne, était aussi aux anges. « L’ambiance est assez exceptionnelle », remarque-t-il, lui qui s’était déjà rendu au vélodrome pour des baptêmes et pratique le cyclotourisme.

Du côté organisationnel, on se satisfait aussi de ces Mondiaux. Rappelant d’abord que ces championnats du monde venaient « clore une session de trois championnats du monde en France cette année, avec le BMX en France, le VTT aux Gets, et donc ici la piste à SQY », Michel Callot, président de la Fédération française de cyclisme, juge le bilan « très positif pour deux raisons ».

« D’abord, tous ces championnats du monde et notamment ici, ont été un succès populaire pour nous, avance-t-il. Et deuxièmement, on a réussi à avoir cette magie un peu particulière d’organiser à domicile et en même temps d’avoir des grandes performances, et on a vu ce que ça donne avec l’emballement du public, et c’est extrêmement important pour notre sport d’arriver à créer ça. » Et il assure qu’aux JO, l’organisation des épreuves de cyclisme sur piste sera même « presque plus simple, puisqu’aux JO le programme est moins étoffé », même s’il faudra que le Cojo prenne en compte « des contraintes de sécurité qui vont au-delà de ce qu’on a sur le championnat du monde, car il faut arriver à gérer des flux de public très internationaux ».

Mais avant cela, l’aventure avec le cyclisme sur piste international continue dans les prochains jours pour le vélodrome, puisque des championnats du monde de paracyclisme s’y déroulent du 20 au 23 octobre.