Alors que la SPA (Société protectrice des animaux) s’apprête à organiser deux journées de portes ouvertes les 21 et 22 mai prochains, la situation de l’association est particulièrement délicate. Les refuges sont quasiment pleins et, en 2021, le nombre d’abandons (45 000) a dépassé le nombre d’adoptions (42 972), « dont la mienne », s’amuse quand même Jacques-Charles Fombonne, le président de la SPA, et la situation financière est tendue.
Sans être pessimiste, il alerte cependant sur cette situation difficile. « Les refuges sont aux deux tiers pleins là où ils devraient l’être seulement à un tiers. J’espère que la situation ne sera pas catastrophique avec les abandons massifs de l’été. Et nous n’avons pas d’explication particulière. Les incertitudes qui pèsent sur nos concitoyens y sont certainement pour quelque chose, entre la crise sanitaire, la guerre et la dégradation du pouvoir d’achat. Nous allons nous mettre en ordre de bataille. »

Sans compter que depuis quelque temps, ma SPA est confrontée à un triplement des abandons de Nac (Nouveaux animaux de compagnies). « Et encore, nous ne voyons que la partie émergée de l’iceberg », s’inquiète le président de la SPA. Avec les nouvelles normes, il devient de plus en plus difficile d’abandonner un chien ou un chat,car ils sont désormais tracés la plupart du temps et cela constitue également un délit, punissable donc par la loi.

La SPA de Plaisir ouvre ses portes les 21 et 22 mai.

Si, depuis peu, la SPA recherche activement à bénéficier des différentes aides et subventions auxquelles elle pourrait prétendre, elle doit faire face à un budget de fonctionnement « qui s’élève à 70 millions d’euros, souligne Jacques-Charles Fombonne. Jusqu’à présent, nous comptions uniquement sur nos donateurs et la générosité du public. Mais notre business model est bien fragile. Il est bien évident que nos refuges sont régulièrement déficitaires dans ces conditions. » Une situation d’autant plus fragile qu’une adoption à la SPA est bien en deçà des prix du marché (lire encadré).

En France, la SPA possède 62 refuges dits normaux et maisons SPA, 12 dispensaires « dans lesquels les soins sont entièrement gratuits », précise le président de la SPA, et une pension pour les chevaux qui sont actuellement aux alentours de 300. Les animaux sont bien évidemment logés, ils sont nourris, ils sont soignés et, au-delà de cela, ils ont l’attention des salariés et des bénévoles de l’association. Ce qui n’a bien évidemment pas de prix. « Si par exemple un animal est malade, nous le gardons jusqu’à la fin du traitement. La SPA ne pratique pas l’euthanasie, sauf dans les cas extrêmes pour lesquels il n’y a plus rien à faire », rassure Jacques-Charles Fombonne.

Une nouvelle loi sur la maltraitance animale

Malgré tout, la SPA a quelques motifs de satisfaction, comme la mise en place de la nouvelle loi sur la maltraitance animale (30 novembre 2021). « Soyons positifs, elle est bien, cette nouvelle loi, même si elle ne va pas assez loin. C’est déjà en partie la fin de l’animal marchandise, de l’animal spectacle avec l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques, la vente de chiots et de chatons dans les animaleries et le renforcement des peines contre les abandons. »

Mais, pour le président de la SPA, cette loi laisse la porte ouverte « à la vente sur internet. Les gens vont faire des élevages à grande échelle, vous vendre tout et n’importe quoi avec des faux certificats de vaccination, de santé, d’immatriculation. Il n’y aura aucun contrôle sur la maltraitance, la malnutrition, le sevrage ou sur les conditions d’élevages des animaux. »

Enfin, Jacques-Charles Fombonne voit là une première étape avant d’aller jusqu’à « l’interdiction de la corrida. Avec de l’éducation, de la formation, la prise de conscience croissante de la cause animale et la désertion du public, j’ai bon espoir que nous y arrivions un jour. »


La SPA en chiffres

• 62 refuges et maisons SPA
• 25 fourrières
• 12 dispensaires
• 36 clubs jeunes
• 710 salariés
• 4 000 bénévoles
• 19 000 adhérents
• 260 000 donateurs


 


La SPA, créé en 1845

La SPA est la plus ancienne et la plus grande communauté engagée en faveur de la cause animale. Elle a été la première association de protection animale créée en 1845. Quotidiennement, elle agit pour assurer la protection et la défense des animaux sur le territoire.

Référente dans le domaine, elle intervient pour sauver les animaux maltraités. Près de 14 600 enquêtes ont été menées à ce titre. Elle sensibilise et tente de responsabiliser le public au respect de l’animal, notamment auprès des plus jeunes. Chaque année, ce sont près de 1 500 enfants qui sont ainsi sensibilisés au travers de différentes actions et visites.

Ses principales missions sont de recueillir les animaux de compagnie abandonnés et/ou maltraités, de faire adopter et de donner une seconde chance aux animaux, de les soigner, de sensibiliser l’ensemble de la population aux droits et devoirs envers les animaux, de lutter contre toute forme de maltraitance, y compris l’abandon et le trafic, et d’éduquer les générations de demain avec pédagogie au respect de l’animal.


 


Deux journées portes ouvertes à la SPA de Plaisir

Comme tous les refuges de France, la SPA de Plaisir va ouvrir ses portes le week-end prochain. L’objectif est bien évidemment de favoriser les adoptions qui font défaut depuis quelque temps. Pour cela, toute l’équipe s’est largement mobilisée pour accueillir au mieux le public.

« Il s’agit d’un moment important pour nous, comme les portes ouvertes d’octobre, explique Ninon Rueff, la responsable du refuge de Plaisir. Aujourd’hui, le refuge est d’ores et déjà saturé. Nous avons bon nombre de demandes d’abandon en attente, sans compter les sorties de fourrière (municipales, ndlr). Cela n’augure évidemment rien de bon quand on sait que le pic des abandons se fait l’été. »

Actuellement, beaucoup de gros chiens ne trouvent pas preneurs car ils sont « plus difficiles à placer que les chiots ou les petits chiens tout mignons », souligne Ninon. Mais la responsable ne perd pas espoir. Toute son équipe, salariés et bénévoles, est mobilisée. Les agents animaliers accompagnent au mieux les futurs adoptants dans leur choix. « Grâce à ce système, nous avons beaucoup moins de retours qu’à une certaine époque. Il faut parfois être patient, bien écouter les conseils des agents animaliers et, au final, tout le monde y trouve son compte, à la fois la famille, mais aussi l’animal. Cela évite des déceptions. Nous assurons également un suivi après l’adoption. »

Vaccinés, sevrés, stérilisés dans la plupart des cas, les animaux sont adoptés contre une petite contrepartie financière (250 euros pour un chien ; 300 euros pour un chiot ; 150 euros pour un chat). Les nouveaux maîtres peuvent également bénéficier « d’une aide à l’éducation après l’adoption », précise Ninon Rueff.

Durant les deux jours de portes ouvertes, les visiteurs pourront également profiter du stand buvette, de la boutique SPA et « s’ils le souhaitent, ils pourront faire un don pour nous aider à avancer », conclut Ninon Rueff.