Malgré la crise sanitaire, l’activité ne s’est jamais arrêtée dans les refuges de la Société protectrice des animaux (SPA). Fin janvier, la SPA a dressé son bilan de l’année 2020 au niveau national. Focus sur une année pas comme les autres qui vient de s’écouler au refuge de Plaisir, niché en bordure de la forêt de Sainte-Apolline.
« L’année 2020 a été quand même très particulière », confirme Marie-Laure Caron, responsable du refuge SPA de Plaisir, jointe par téléphone la semaine dernière. En effet, à l’annonce du premier confinement, le refuge a dû fermer ses portes et les adoptions ont été momentanément suspendues. « Heureusement, la SPA a très vite réagi pour qu’on puisse remettre en place des adoptions responsables sur rendez-vous, poursuit la responsable. Ça nous a beaucoup soulagés puisqu’on vit sur l’équilibre des entrées et sorties. Donc s’il n’y a plus du tout de sorties, c’est compliqué d’accueillir… »
D’autant que le refuge de Plaisir « était déjà quasiment plein » avant le premier confinement, et il n’avait donc pas la capacité d’accueillir « en plus beaucoup d’animaux ». Elle mentionne donc la solidarité des fourrières, qui ont accepté « de garder les animaux un peu plus longtemps », le temps que la SPA s’adapte. Notamment avec la mise en place de l’adoption dématérialisée à partir du 16 avril.
« On s’est organisés autrement : on envoyait des vidéos aux adoptants, puisque les gens ne pouvaient pas se déplacer et ne pouvaient pas venir en famille. C’était vraiment particulier, mais ça a bien fonctionné », apprécie Marie-Laure Caron. Ensuite, à la levée du confinement, le refuge a progressivement élargi les possibilités d’adoptions.
« 18 % en moins d’adoptions »
Et après avoir totalement rouvert, les adoptants ont été au rendez-vous. « On a fait des week-ends d’adoptions assez intenses, tout en respectant le protocole sanitaire, parce que là-dessus, on est très stricts », insiste-t-elle. Mais sur l’année, la crise sanitaire a logiquement entraîné une diminution du nombre d’adoptions. Alors que la baisse est de 12 % au niveau national comparé à 2019, la SPA de Plaisir a eu « 18 % en moins d’adoptions ». Marie-Laure Caron estime que le confinement à lui seul explique la diminution, puisque le « rythme a repris à l’identique » après.
Par ailleurs, le contexte particulier de l’année 2020 a fait ressortir des phénomènes nouveaux. Ainsi, si au niveau national la SPA indique dans un communiqué que les confinements successifs ont entraîné une baisse de 14 % du nombre d’animaux pris en charge, elle a constaté « une augmentation de 16 % de l’abandon en refuge de Nouveaux animaux de compagnie (Nac) sur les huit derniers mois », avec un pic pendant le déconfinement et la période estivale.
Augmentation des abandons de Nac
« L’association y voit une corrélation directe avec l’achat impulsif de ces espèces en animaleries ou sur internet lors du premier confinement, abandonnées comme de vulgaires objets de consommation quelques mois plus tard », estime le bilan 2020 de la SPA. Du côté du refuge plaisirois, Marie-Laure Caron confirme cette tendance. « On a reçu, effectivement, plus de Nac au refuge, après notre capacité d’accueil est assez limitée, on n’a malheureusement pas les structures pour accueillir beaucoup de Nac », précise-t-elle, estimant cependant qu’associer ce phénomène au confinement « serait peut-être trop rapide ».
Aussi, à l’échelle nationale, la SPA a constaté une recrudescence des signalements de maltraitance animale l’année dernière, avec « une augmentation record de 39 % » entre juin et août. « On est très sollicités par des signalements, on les renvoie aux services concernés, quand c’est à proximité, on essaye de les traiter, confirme la responsable du refuge plaisirois. Après, c’est peut-être aussi que pendant le confinement, et même avec le télétravail, les gens sont beaucoup plus chez eux, donc ils peuvent plus voir et entendre ce qu’il se passe aux alentours de chez eux qu’à l’ordinaire. »
Malgré ces deux points, et après une année mouvementée, Marie-Laure Caron dresse un bilan optimiste de 2020. « On avait beaucoup d’appréhension, et ça ne s’est pas trop mal passé. C’est ce qui a été très rassurant, note-t-elle. Ensuite quand les adoptions on pu reprendre, il n’y a pas eu d’adoption impulsive, […] on ne le ressent pas. Les adoptants restent des personnes responsables, réfléchies, qui savent l’engagement que ça engendre d’adopter un animal. »
Elle constate par ailleurs « que les personnes qui ont des difficultés avec leur animal vont de plus en plus facilement vers un professionnel pour se faire aider », des éducateurs canins par exemple, plutôt que de choisir de s’en séparer directement. « Ça, nous on le ressent : les gens sont quand même prêts à s’investir beaucoup plus qu’avant, et c’est vraiment quelque chose de très positif pour nous », apprécie la responsable.
Cependant, une autre tendance noircit le tableau. « On s’aperçoit qu’il y a de plus en plus de chiens abîmés par l’homme, qui ont donc besoin de plus d’accompagnement et de plus de rééducation, relève Marie-Laure Caron. Les chiens que nous avons au refuge nous demandent quand même plus d’attention qu’avant, donc on est en train de se former et de s’organiser pour répondre à leurs besoins. » Le travail des bénévoles du refuge de Plaisir ne risque donc malheureusement pas de diminuer. Il accueille actuellement « à peu près 85 chiens » et « une bonne centaine de chats ».