Une ambiance houleuse régnait lors du conseil municipal de Plaisir du 23 mars. Non pas en salle du conseil, où la maire, Joséphine Kollmannsberger (LR), se trouvait seule en compagnie d’agents municipaux, la séance se déroulant à distance, mais à l’extérieur. Environ 60 personnes, selon la police, s’étaient rassemblées devant la salle du conseil afin de manifester leur opposition au projet de rénovation de ce quartier de plus de 1 000 logements sociaux. Un projet bénéficiant du soutien de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). 65 millions d’euros seront consacrés à ce projet prévoyant notamment la démolition de trois bâtiments ainsi que de l’école Louise Michel.

Le conseil municipal devait permettre l’approbation du bilan de la concertation de la transformation du Valibout en écoquartier. Mais les manifestants ne l’entendaient pas de cette oreille. Ils sont arrivés un peu après 20 h, heure de début du conseil, en signalant leur présence à coups de klaxons sur des deux-roues et en scandant des messages au mégaphone, notamment « Non à la démolition, notre quartier n’est pas une poubelle », avant de déployer une banderole devant la mairie. Au sein du cortège, on retrouvait notamment Fatima Idrissi, élue d’opposition et habitante du quartier, qui est également intervenue sur le sujet en fin de conseil.

« Nous représentons des citoyens de Plaisir, des résidents, et trop nombreux sont ceux d’entre eux qui soit ne souscrivent pas à votre projet, soit ne le connaissent pas, a-t-elle déclaré. Sur la forme, […] vous ne pouvez pas nous présenter un bilan de concertation et nous demander de le voter tout de suite. […] Sur le fond, l’Anru indique qu’une des évolutions majeures associées au nouveau projet national de rénovation urbaine, c’est la coconstruction de projets. Or, vous nous indiquez avoir réuni, sur la concertation qui a duré un mois, 29 contributions, sur 1 115 logements et plus de 3 500 habitants. Soit les habitants du Valibout ont boycotté les actions de la mairie, ce qui en dit long sur leur opposition au contenu de ce projet, soit les actions entreprises ont été pour le moins inadaptées et inefficaces. »

« L’approbation du bilan de la concertation, c’est par rapport à la décision de l’Anru d’injecter 65 millions d’euros sur le Valibout, avec les grands axes qui ont été déterminés par l’Anru. On n’est pas sur ce que vous m’évoquez, sur les choses fondamentales qu’attend la population, et sur lesquelles nous n’avons pas [encore] délibéré, ni décidé, ni concerté », lui a répondu la maire en fin de conseil.

Durant la manifestation, Étienne Recht, porte-parole de l’association Droit au logement Yvelines, qui menait le mouvement, a rappelé que, selon lui, il n’y avait pas besoin de démolir des immeubles récemment réaménagés, et estimé que le projet ne nécessitait pas des investissements aussi importants. « On travaille avec une association d’architectes et d’urbanistes (Appuii, Ndlr), qui nous a aidés à chiffrer. C’est là qu’on a pris conscience que les intérêts étaient ailleurs : libérer du foncier pour les promoteurs immobiliers et le BTP. Le BTP et les promoteurs immobiliers vont en profiter, et tous les habitants, les mal-logés, les sans-logis, vont eux subir cette démolition », juge-t-il. « La mobilisation est là pour que l’avis des habitants soit écouté et entendu », nous confie Siamak Shoara, chargé de mission chez Appuii, présentant une pétition de 200 signatures.

Le tout sous les vociférations incessantes des manifestants. Mais la manifestation ne s’est pas limitée à des mots. Malgré les appels au calme des organisateurs, certains participants ont tapé aux fenêtres de la salle du conseil. La police était mobilisée sur place. Et le lendemain, la municipalité s’est fendue d’un communiqué faisant aussi état de « gestes d’intimidation, dont des menaces violentes avec le simulacre d’égorgement avec le pouce » à l’encontre de la maire, qui a porté plainte. « Certains avaient 12-13 ans. Je trouve ça lamentable, s’indigne l’élue dans le communiqué. Il est hors de question qu’on nous décourage sur ce projet de rénovation du Valibout. »

« Nous nous battons pour améliorer la qualité de vie des habitants de ce quartier et nous continuerons. […] La co-construction avec les habitants est en cours et se déroule sereinement. Nous continuerons à le faire dans un dialogue démocratique et constructif. Si l’instrumentalisation de mineurs, de la désinformation et des tentatives d’intimidation sont mises en œuvre pour déconstruire ce projet, ils me trouveront sur leur chemin », poursuit Joséphine Kollmannsberger, qui a prévenu lors du conseil municipal : « Je ne lâcherai rien. »