Voisins-le-Bretonneux dira adieu à son réseau cuivre avant le reste de la France. La commune fait partie des quatre qui expérimenteront dans les toutes prochaines années la fermeture de ce réseau que tous les foyers connaissent puisqu’il leur apporte ou a apporté la téléphonie et l’ADSL. L’objectif est que seule la fibre optique délivre ces services d’ici 2030 pour l’ensemble du pays. À Voisins-le-Bretonneux, cela devrait donc être d’ici début 2023. Une information dévoilée par la fédération française des télécoms au cœur de l’été, relayée par le site internet Échos du net. Début novembre, le journal municipal Le Vicinois a finalement annoncé la nouvelle à ses habitants.

La coexistence de la fibre et du cuivre « n’est pas pertinente »

Comme le rappelle la Fédération française des télécoms (FFT), qui réunit les opérateurs de communications électroniques français, le réseau cuivre d’Orange « a connu un véritable essor au début des années 1970 ». Il a longtemps été consacré à la téléphonie fixe, puis a permis à presque tous de profiter de « la généralisation du haut débit grâce à l’ADSL et [à] ses nombreuses évolutions (SDSL, VDSL) pour des services internet/voix et télévision sur box », raconte la FFT sur son site internet.

Sauf que, depuis quelques années, la fibre optique apporte également ces services aux Français, tout en étant présentée par la FFT comme « plus performante, moins énergivore, et surtout moins sensible aux aléas météorologiques ». Son déploiement avance ainsi dans l’ensemble de la France, le gouvernement ayant pour objectif « que tous les foyers puissent être raccordés d’ici 2025 », souligne la FFT, avançant que « 60 % des locaux » du pays étaient éligibles à la fibre à la fin mars 2021.

Sur ce point, Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY) fait d’ailleurs figure de très bon élève. L’opérateur Orange – chargé du déploiement dans toutes les communes de l’agglomération à l’exception de Montigny-le-Bretonneux qui est sous la responsabilité de SFR – nous annonce en effet en septembre que le taux de couverture à la fibre est de 97,5 % à SQY, sans compter les constructions neuves qui n’ont pas encore été livrées. Ce chiffre était de 85,15 % il y a un an (voir La Gazette du 29 septembre 2020).

Et à l’échelle du pays, la fibre est de plus en plus utilisée. En effet, dans une étude publiée début juin 2021, l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) notait que la France comptait désormais « une majorité d’abonnements internet à très haut débit, portés par la progression importante des déploiements en fibre optique (FTTH) et de leur adoption ».

Un besoin renforcé par la crise sanitaire qui a vu augmenter fortement le nombre de salariés en télétravail, l’utilisation de la visioconférence et du streaming vidéo, ainsi que de nombreux usages nécessitant une bonne connexion internet. L’Arcep estime également, dans un rapport de juillet dernier, que « au-delà de cette crise, l’augmentation des usages se poursuit sur le long terme et nécessite une montée en débit des infrastructures au travers du déploiement de la fibre et de la 5G ».

Orange précise que les habitants des zones concernées par les nouvelles expérimentations « seront accompagnés tout au long de cette phase de transition du cuivre vers la fibre ».

Sauf qu’actuellement le cuivre et la fibre continuent de coexister dans les territoires où cette dernière est arrivée. Ce qui ne devrait pas durer éternellement. « À terme, la coexistence, en parallèle, de deux réseaux, l’un en fibre optique et l’autre en cuivre, n’est pas pertinente, pour des raisons d’efficacité et de coûts », note la fédération française des télécoms. L’objectif est ainsi qu’Orange ferme au fur et à mesure son réseau cuivre, à partir de 2023, et cela jusqu’en 2030 environ.

Le cadre de ce changement, défini par l’Arcep en décembre 2020, « précise les conditions à respecter par Orange avant de ne plus fournir de nouveaux accès sur cuivre, c’est ce qu’on appelle la fermeture commerciale, puis de procéder à la fermeture technique du réseau sur une zone donnée », indique la FFT. Et d’ajouter : « À la fermeture technique du réseau cuivre, plus aucun service sur le cuivre n’est fourni, ce qui suppose qu’avant cette date tous les accès des clients doivent avoir été migrés vers la fibre, voire une autre technologie (ou résiliés). »

Pour mener à bien cette ambition, Orange, sous l’égide de l’Arcep et en concertation avec les autres opérateurs, mène de premières expérimentations. C’est d’ailleurs Levis-Saint-Nom, une petite commune yvelinoise de 1 600 habitants limitrophe de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui a été la première ville française à dire définitivement adieu au cuivre en mars 2021. « Quel que soit l’opérateur commercial, toute la population de la commune a désormais une connectivité fixe et internet assurée par une autre technologie », indiquait Orange en avril dernier dans un article consacré à ce changement.

Cette commune avait été choisie en raison de sa taille, représentative des communes françaises, ainsi que de sa très bonne couverture en fibre. Les habitants ont donc été accompagnés pour changer d’offre téléphonique et internet, et se tourner vers la fibre. « C’est notre rôle de faire du cas par cas et d’être pédagogue, expliquait, en mars à nos confrères de 78actu, Marc Blanchet, le directeur technique et du système d’information chez Orange. Nous expliquons à ces personnes que le passage du cuivre à la fibre ne signifie en aucun cas l’arrêt de la téléphonie fixe et qu’en plus elles peuvent conserver le même numéro. La différence, c’est le support. La fibre est plus moderne et plus performante. »

Après Levis-Saint-Nom, où l’opération est qualifiée de « succès », Orange va donc procéder à de nouvelles expérimentations dans quatre zones de test qui ont ainsi été choisies : deux dans la région Nord-Est, une à La Réunion… et Voisins-le-Bretonneux pour l’Île-de-France.

Voisins couverte à 99,8 % par la fibre

Sollicité, Orange nous explique que le choix de ces communes pour la deuxième expérimentation a été validé par l’Arcep et l’ensemble des opérateurs. « Ainsi, dans les Yvelines, après Levis-Saint-Nom qui a été la première commune de France où l’on a expérimenté le retrait du cuivre, Voisins-le-Bretonneux sera la seconde, ville de plus grande taille qui permettra d’aborder les différentes thématiques de ce type d’expérimentation avec l’ensemble des opérateurs », souligne Orange. Un basculement vers la fibre qui devrait être facilité par la bonne couverture fibre de Voisins-le-Bretonneux : elle culmine à 99,8 % selon Orange.

« C’est Orange qui est venu vers nous, se souvient Alexandra Rosetti (UDI), maire de Voisins-le-Bretonneux. […] Il y avait plusieurs villes en concurrence quand on les a rencontrés en juillet, nous on a dit qu’on n’était pas opposés et pour finir c’est donc Voisins qui a été choisie. » De bonnes relations avec l’opérateur lors de la mise en place de la fibre ces dernières années ou encore l’adhésion rapide des habitants à ce nouveau service aurait pu faire pencher la balance selon l’édile. L’arrêt du cuivre sur tout le territoire d’ici 2030 a également poussé la mairie à accepter cette expérimentation pour offrir aux habitants « un accompagnement sur mesure ».

Durant cette phase d’expérimentation, selon Alexandra Rosetti, la mairie sera « un relai de communication » entre Orange Infrastructure et les habitants. Une réunion publique pourrait être organisée pour accompagner les derniers habitants qui n’ont pas encore accès à la fibre. Les opérateurs commerciaux devraient leur proposer rapidement de nouvelles offres. « C’est assez cadré au niveau calendrier. Il y a une date à partir de laquelle les opérateurs commerciaux savent qu’ils ne vont plus proposer d’abonnements cuivre », indique-t-elle.

« Dans ces zones, tous les fournisseurs d’accès desservant leurs clients respectifs sur le réseau cuivre (dont Orange, Bouygues Telecom, SFR, Free, etc.) pourront tester, en avance de phase, des offres de substitution, en proposant à leurs clients de migrer vers des solutions adaptées », souligne la FFT. En avril dernier, l’opérateur Orange indiquait que les habitants des zones concernées par les nouvelles expérimentations « seront accompagnés tout au long de cette phase de transition du cuivre vers la fibre (ou d’autres solutions […] adaptées) ».

Fin du cuivre d’ici début 2023

Lors de l’expérimentation, comme à Lévis-Saint-Nom, chaque cas pourra donc être étudié individuellement. « C’est pour ça que je me suis dit : ‘‘C’est intéressant pour ça parce qu’au moins les Vicinois seront accompagnés’’. […] Une fois qu’ils nous l’ont proposé, on s’est dit qu’il y avait un intérêt à avoir un accompagnement plus dans la dentelle on va dire. »

Prochaine étape, une fois que les Vicinois seront raccordés à la fibre, Orange Infrastructure pourra débuter le démontage du réseau cuivre qui devrait, selon le magazine municipal Le Vicinois de novembre 2021, s’achever dans le courant de l’année 2023. Une information déjà confirmée par la FTT qui annonçait une expérimentation dans ces zones qui se déroulerait de mi-2021 à début 2023.

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