Sur les lignes N et U, dans le bus, ou sur la route à Saint-Quentin-en-Yvelines (SQY), les voyages dans les transports en commun et le trafic routier semblent avoir repris un rythme normal d’avant crise. En effet, depuis la rentrée de septembre, les usagers semblent plus nombreux dans les trains les matins et soirs pour aller et revenir de SQY, par rapport à 2020. De même pour le nombre de voitures et de bouchons sur les routes, il semblerait supérieur à l’année dernière. Alors, avons-nous retrouvé la fréquentation d’avant crise, à savoir celle de 2019 ?

Le trafic routier a augmenté entre septembre 2019 et 2021 en Île-de-France. « Aux heures de pointe, on a une hausse de 5 % […] et à 18 h on est à 10 % d’augmentation », chiffre Jean-Baptiste Hamonic (Modem) vice-président délégué aux transports et aux mobilités à l’Agglomération de SQY, et maire de Villepreux. Ce que confirme Laury Waqs, chargé du service de Bison Futé : « On est revenu à un trafic routier en augmentation importante par rapport à 2019. » Selon lui, il y aurait une hausse des bouchons, oscillant entre 7 et 50 % selon les jours par rapport à 2019.

Ces chiffres s’expliqueraient par une augmentation des travaux dans la perspective des Jeux olympiques de 2024, « qui allongent les temps de parcours et les déviations », justifie Laury Waqs. Cette reprise du trafic est également renforcée par le retour des automobilistes sur la route et le phénomène d’autosolisme, en d’autres termes, le fait de circuler seul dans une voiture. « Des personnes qui avant ne prenaient pas la voiture la prennent pour des raisons sanitaires », explique le chargé du service de Bison Futé.

De plus, le retour en présentiel, tout en gardant des jours en télétravail, a encouragé l’abandon du passe Navigo pour la voiture. Et ce phénomène s’observe d’autant plus si la personne a déménagé hors des zones denses et loin de son emploi. « Elle utilisera plus la voiture », en déduit Jean-Baptiste Hamonic.

Mais cette reprise générale est néanmoins à nuancer du côté des lignes N et U. Selon les chiffres de la SNCF, les lignes N et U ont une fréquentation à 75 % et 60 % par rapport à 2019. Pourtant, Caroline Klein, qui emprunte elle-même régulièrement la ligne U, et qui est, par ailleurs, secrétaire générale de l’association Plus de trains, observe : « Il y a beaucoup plus de monde. Les entreprises ont demandé aux salariés de revenir sur site, même s’il y a encore du télétravail. »

« On a des habitudes qui n’ont pas été reprises »

Cette observation est en effet à mettre en parallèle avec une circulation des trains qui n’est toujours pas revenue à la normale. Comptez un train par heure en heure creuse pour la ligne U, contre un train toutes les 30 minutes avant la crise. Cette décision aurait été prise pour faire des économies, selon l’association, qui milite pour qu’il y ait plus de trains, afin que les Franciliens reviennent, « car la ligne est pas mal impactée », atteste Caroline Klein.

Le retour des usagers dans les transports en commun est donc à tempérer. « Tout est à prendre avec des pincettes […], il ne faut pas tirer de conclusions trop vite », prévient Jean-Baptiste Hamonic. Celui-ci fait référence à la fréquentation des lignes du SQYbus, qui demeure en revanche en baisse par rapport à septembre-octobre 2019. « On a une baisse de 20 % de fréquentation du trafic », illustre-t-il, avant de préciser que cette baisse a commencé au début de la crise et qu’il y a quand même un retour des usagers dans les bus, avec une disparité entre les lignes.

Par exemple, les lignes habilitées au trajet domicile-travail connaissent une baisse de 30 % entre septembre-octobre 2019 et 2021. L’une des raisons étant l’augmentation du « distanciel », selon l’élu à l’Agglomération. « Surtout le lundi et le vendredi qui sont souvent des jours de télétravail, précise-t-il. […] Les missions qui n’étaient pas télétravaillables le sont devenues. » En revanche, les lignes « mixtes », habilitées au trajet école et zone d’activité, connaissent une baisse de fréquentation moindre.

En effet, de nouvelles habitudes sont rentrées dans le quotidien des Saint-Quentinois. « Des trajets ont été éliminés, affirme Jean-Baptiste Hamonic. […] Des personnes se sont retournées vers la voiture. Ils sont plus à l’aise dans leur véhicule et les conditions climatiques n’aident pas. »

Il y aurait également un report des usagers des transports en commun vers les trottinettes et les vélos, selon le maire de Villepreux. Pour certains trajets en bus, ils seraient désormais faits à trottinette, illustre-t-il. « On n’est pas sortis de la crise sanitaire. On a des habitudes qui n’ont pas été reprises. […] On ne sait pas si on aura un retour à la normale à 100 % », observe-t-il.