Le temps de quelques dizaines de minutes, le bruit des klaxons a remplacé celui des avions à l’aérodrome de Toussus-le-Noble. Le samedi 12 juin au matin, une centaine de voitures ont cheminé à l’intérieur du site de l’aérodrome. Au volant de ces véhicules, main sur le klaxon, se trouvaient des habitants des communes riveraines venus faire entendre leur mécontentement face au bruit des avions qui survolent leurs maisons. Cette manifestation était organisée par l’Alliance associative, un collectif d’une quarantaine d’associations locales bataillant depuis des années pour une diminution des nuisances sonores.

Une réduction « significative » du trafic demandée

Après avoir circulé à faible allure dans l’enceinte de l’aérodrome, les nombreux riverains se sont réunis devant la tour de contrôle pour des prises de parole et des échanges. « L’objectif, c’est d’exprimer notre mécontentement par rapport à des décisions qui ont été prises en mars (voir La Gazette du 16 mars), et puis de rassembler les riverains autour d’une manifestation parce qu’il y a longtemps qu’ils attendent qu’on fasse quelque chose qui marque », nous explique Christian Mauduit, président de l’Association ciel calme à Magny-les-Hameaux (ACCMH), qui est membre de l’Alliance associative.

La dernière manifestation remontait en effet à 2009. Et de nombreux habitants des communes survolées par les avions de Toussus ne décolèrent pas depuis. « Comment voulez-vous qu’un riverain s’aperçoive de la réduction de quelques décibels liée à des mesures qui ne sont pas forcément respectées, par exemple sur la limitation de vitesse ou les trajectoires… », résume ainsi le président de l’ACCMH. Ce qui fait dire à Claude Carsac, membre de l’Alliance associative au titre de France nature environnement, que le « point faible » est le contrôle. C’est pourquoi il estime que « tous les avions doivent être équipés de radar permettant de contrôler les trajectoires ».

Pour améliorer la perception des habitants, Christian Mauduit souhaite également une réduction « significative » de la fréquence des passages et du trafic, pointant son augmentation de « 20 % entre 2018 et 2019 » et une « explosion après le Covid » (voir La Gazette du 16 juin 2020). Il réclame aussi une « régulation du trafic horaire journalier et annuel » et « que des mesures de bruit soient faites dans les villages environnants ».

Du côté des riverains présents samedi dernier, l’exaspération est en tout cas largement palpable. « Parce qu’il y a une personne qui s’amuse, on est tous les riverains de Châteaufort, de Magny, etc., à avoir ces avions qui tournent au-dessus de nos têtes, critique par exemple Jean-
Philippe, venu de Châteaufort, pendant qu’un avion électrique non bruyant volait au loin. Il y a des efforts qui sont faits par certains, par exemple avec des avions qui ont des silencieux, puis d’autres n’en font pas du tout, ni sur les horaires, ni sur les couloirs aériens, ni [en mettant] des silencieux sur les avions. »

« Des solutions existent », abonde Thierry Roussel, de l’Association de défense de la vallée de la Mérantaise et de l’environnement de Châteaufort (ADVMC) : « Il y a des usagers qui jouent le jeu et on les salue. En revanche, il y en a beaucoup trop qui ne le jouent pas et qui conservent des avions obsolètes et extrêmement bruyants, qui n’ont plus vocation à exercer dans une zone urbanisée telle que le plateau de Saclay. »

« Il faut demander la fermeture »

Mais les demandes répétées par l’Alliance associative depuis des années pour améliorer la situation ne semblent plus contenter certains riverains. « Il faut demander la fermeture », a par exemple scandé un riverain pendant les prises de parole, soutenu par plusieurs autres. « Toutes les trois minutes, un avion passe au-dessus de la maison », regrette une habitante, alors qu’une autre s’énerve de ne pas pouvoir « être dehors en semaine ». Un homme a également fait part de difficultés à vendre sa maison en raison du bruit des avions.

Fort de ce premier rassemblement, la poursuite de la mobilisation était en tout cas dans tous les esprits. « Qu’est ce qu’on peut faire de plus ? Est-ce-qu’il faut venir tous les week-ends klaxonner ? », questionne ainsi un habitant. D’après l’Alliance associative, la prochaine étape n’est pas encore définie, mais elle promet de nouvelles actions dans l’année.