« Il n’y a pas de semaine sans qu’on arrête un individu », déclare le chef de la sûreté départementale des Yvelines, Paul-José Valette. Ce dernier a observé une montée en puissance des infractions impliquant des mineurs non accompagnés ces dernières années. En 2020, 184 mineurs isolés ont été recensés, suite à des infractions qui étaient le plus souvent des vols avec effraction ou des tentatives de cambriolage, selon lui.

C’est notamment pourquoi le département connaît, en 2020, une augmentation du nombre de cambriolages de société ou de locaux d’activité. « C’est dû au phénomène des mineurs non accompagnés », commente le chef de la sûreté. Sachant que 35 % de ces délits sont commis par ces jeunes, selon ses informations. Bien que de manière générale, les Yvelines connaissent une baisse relative du nombre de cambriolages, tempère Paul-José Valette.

Ils agissent le plus souvent dans les pharmacies, les boulangeries ou encore les tabacs « pour faire les fonds de caisse ». Par exemple, dans la nuit des 6 et 7 décembre 2020, à La Verrière, la pharmacie de la gare a été cambriolée par deux jeunes. Identifiés comme des mineurs isolés sans domicile, ils ont été arrêtés peu de temps après leur tentative de vol. Ils avaient à priori forcé le rideau métallique de l’officine et avaient tout fouillé à l’intérieur. Mais rien n’a été retrouvé sur eux au moment de leur interpellation. Des infractions de ce genre ont aussi eu lieu à Élancourt, Maurepas, Coignières ou encore à Montigny-le-Bretonneux.

« Le plus jeune qu’on ait interpellé avait 7 ans »

Mais d’où viennent ces jeunes non accompagnés ? Ce phénomène remonterait à 2016, raconte Paul-José Valette. « On ne sait pas si c’est là que ça a émergé, mais ils sont arrivés en masse en 2016 à Paris. Les jeunes se regroupaient le soir et c’est là qu’on a commencé à les interpeller pour cambriolage », poursuit-il.

D’ailleurs, ils sont appelés mineurs isolés car ils prétendent l’être à leur interpellation. Ils sont également souvent sans papiers, sans domicile et originaire du Maghreb, selon le profil-type établi par le chef de la sûreté : « Ils demandent l’asile. Ils n’ont ni père ni mère. Ils sont comme tombés du ciel. » Sachant que ces mineurs fournissent souvent une fausse identité.

Alors, lorsqu’ils sont interpellés, ils sont présentés à un juge pour enfants, qui décide de leur incarcération ou de leur remise en liberté. Un placement en famille ou en foyer peut également leur être proposé. Mais « ils refusent ces mesures de protection. Ils ne restent pas dans les foyers », observe Paul-José Valette.

En effet, ces mineurs non-accompagnés vivraient le plus souvent dans des immeubles abandonnés, selon le chef de la sûreté départementale des Yvelines. Leur implication dans des réseaux est une hypothèse qui revient régulièrement sur la table des enquêteurs, mais elle reste à prouver. « On soupçonne qu’en Île-de-France ça a été le cas, mais encore faut-il le démontrer », admet-il. Bien qu’il soupçonne des organisations familiales qui feraient venir des jeunes sur le territoire pour commettre des infractions.

« Le plus jeune qu’on ait interpellé avait 7 ans, précise-t-il. À cet âge-là on ne vient pas seul. » Sachant que ces jeunes refuseraient les dispositifs sociaux d’aide à l’enfance. « C’est qu’ailleurs, ils sont en sécurité. Ils ne sont pas seuls. »

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