Le Boxing club de Saint-Quentin-en-Yvelines (BC SQY), basé à Élancourt, regorge de talents. Parmi eux, Maïva Hamadouche. Cette boxeuse de 31 ans est arrivée au club il y a un an, après un emménagement dans les Yvelines. Professionnelle depuis 2013 et championne du monde IBF des super-plumes, elle a vu le 14 avril dernier son nom s’ajouter à ceux des 11 autres sportifs français présélectionnés pour devenir porte-drapeaux de la délégation tricolore lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Tokyo, le 23 juillet prochain.

« J’en suis très fière, réagit-elle. Pour moi, ce serait un immense honneur. Représenter les sportifs, la France en général, toute la nation française, lors des JO, ça serait vraiment magnifique et formidable pour moi. C’est la cerise sur le gâteau, cerise en or même. C’est un rêve éveillé. » Elle remercie ainsi la Fédération française de boxe (FFB). « Tous les sportifs ne peuvent pas se porter porte-drapeau […], il faut que leur fédération les nomme en tant que représentants, explique-t-elle. J’en ai parlé avec mon entraîneur national, il m’a dit ‘‘C’est formidable, il faut vraiment que tu le fasses’’. »

D’autant que Maïva Hamadouche aimerait en profiter pour mettre « plein de sujets » en avant, « notamment sur la lutte contre les violences faites aux femmes », elle qui est aussi policière et donne des cours de boxe aux femmes victimes de violences conjugales. Elle se dit malgré tout consciente que ce rôle « implique des devoirs et des obligations sur place, des sollicitations médiatiques qu’il va falloir honorer ». Si elle est désignée, elle souhaite d’ailleurs « contacter un des champions qui a été porte-drapeau, pour prendre un peu de ses conseils, sur l’attitude à adopter et des erreurs à ne pas commettre ».

Mais la concurrence pour porter la bannière tricolore est rude. La judokate Clarisse Agbegnenou (médaillée d’argent en 2016), Johanne Defay (considérée comme l’une des meilleures surfeuses au monde), Sandrine Gruda (médaille d’argent en 2012 en basket), la joueuse de tennis Kristina Mladenovic, Mélina Robert-Michon (médaille d’argent du lancer de disque en 2016), Charline Picon (championne olympique de planche à voile en 2016), le perchiste Renaud Lavillenie (champion olympique en 2012), Florent Manaudou (champion olympique de natation en 2012), le gymnaste Samir Ait-Saïd, Nicolas Astier (champion olympique par équipe d’équitation en 2016), et le kayakiste Maxime Beaumont, sont les autres présélectionnés pour succéder à Teddy Riner, porte-drapeau à Rio. Beaucoup de grands noms du sport français, donc. Maïva Hamadouche, elle, assure qu’elle ne le voit « pas comme une compétition ».

À noter que, nouveauté, il n’y aura pas un, mais deux porte-drapeaux. Cela fait suite à la décision du CIO de laisser à chaque pays la possibilité de désigner un homme et une femme dans ce rôle. « C’est une très bonne idée, juge Maïva Hamadouche. Ça véhicule plein d’idées, notamment la parité, l’égalité homme-femme […]. Quand un homme est porte-drapeau, il manque peut-être une touche féminine. […] À contrario, si ça n’avait été qu’une femme, il aurait manqué quelque chose, et je pense que ça se complète. »

C’est le 1er juillet que l’on saura qui sont les deux heureux élus. Mais en attendant, Maïva Hamadouche doit encore obtenir son ticket pour les JO lors du Tournoi de qualification olympique européen à Villebon-sur-Yvette, dans l’Essonne, du 4 au 9 juin. Elle s’entraîne à l’Insep, mais aussi à Élancourt, avec le BC SQY. « Je m’y sens bien, confie la boxeuse. Il y a des boxeurs que je connaissais […]. Tanguy Farrugia (entraîneur au club, Ndlr) est un bon entraîneur. Moi, je suis une boxeuse assez caractérielle, j’ai fait beaucoup d’entraîneurs […]. Je suis des fois un peu exigeante, et ce qui est bien avec Tanguy, c’est qu’il […] n’est pas intransigeant, donc sur certaines choses, je peux m’exprimer. L’entraîneur national […] m’entraîne également, […]. Avec ces deux entraîneurs, j’ai trouvé un juste milieu. »

Si elle valide son billet, l’objectif à Tokyo sera clair : l’or, pour ce qui serait sa première olympiade, la boxe professionnelle n’ayant pas été autorisée lors des précédents JO chez les femmes. « Je suis déjà championne du monde professionnelle, donc tout l’intérêt que j’ai à participer aux JO, c’est d’être championne olympique. […] Quand on voit le potentiel que j’ai, et ce qu’il y a dans l’adversité, […] je peux vraiment me projeter à ce niveau-là », glisse-t-elle même, reconnaissant toutefois que « ça va se jouer sur plein de facteurs, car on ne maîtrise pas tout dans le sport ».

Elle avoue penser « tout le temps » aux JO. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir déjà prévu l’après-Tokyo, puisqu’elle fait savoir qu’elle et son entourage sont « déjà en train de travailler sur une date » pour un combat professionnel en octobre.

CREDIT PHOTO : DR