Lisa, David, Aurélie et Laura sont à l’heure pour leur marche nordique matinale, ce vendredi 2 avril à Trappes. Atteints d’un léger handicap, ils vont marcher activement pendant deux heures sur les sentiers de la forêt de Sainte-Apolline, à Plaisir. Avec d’autres participants, issus d’un public dit « normal », ils vont prendre l’air, discuter, partager, rire, s’intégrer… « J’adore me balader, ça fait du bien, ça m’aère l’esprit », s’exalte Lisa, la quarantaine, la plus pipelette de la bande, avec sa coupe à la garçonne toute vêtue de jeans. Tous les quatre viennent de l’Établissement et service d’aide par le travail (Ésat) de la Mare Savin à Trappes. Ils ont tous un emploi, et dès qu’ils le peuvent, ils viennent les vendredis matin taper du bâton avec les marcheurs trappistes.

« Cette inclusion est difficile pour eux »

Cette activité leur est ouverte depuis début mars. Elle est née d’un partenariat entre la mairie de Trappes et l’Ésat. Ensemble, ils ont déjà créé un atelier informatique, pour les sensibiliser aux différents outils, à la Cyberbase de Trappes en 2019. Ils ont voulu aller plus loin en les intégrant à une activité sportive tout public. « Ça répondait à des besoins repérés et ça favorise l’inclusion sociale, car ils sont avec d’autres publics », explique Katia Pachot, chargée de l’inclusion socio-professionnelle au sein de l’Ésat à Trappes. En effet, l’objectif est de les intégrer davantage dans la société et de développer leur autonomie. « Cette inclusion est difficile pour eux. Ils connaissent un isolement social. Ils ont peu d’activités en extérieur, ils restent souvent à l’Ésat et on aimerait qu’ils aient une vie en dehors », décrit-elle. Katia Pachot espère que cette activité les amènera à s’inscrire à d’autres animations, qui ne sont pas proposées par l’Ésat.

Ce matin-là, après un échauffement rapide, le groupe de marcheurs, bâtons en main, part s’enfoncer dans la forêt de Sainte-Apolline pendant 6 kilomètres. Valentin Castano ouvre la marche. Cet éducateur sportif au sein du service des sports à la mairie de Trappes est satisfait de ce cours. « Ça a été accepté par les autres adhérents. Le mélange se passe bien », observe-t-il.

« Si on ne met pas la différence, on ne la voit pas »

Fermant la marche, Mohammed Ali Kharchouch est l’autre animateur. Lui aussi est très enjoué à l’idée de les accompagner. « On a la chance de mixer deux groupes. Ça permet de discuter, de les faire sortir de leur environnement et eux aussi ça leur permet de voir d’autres personnes, d’échanger, de faire une activité physique sportive différente », résume le jeune animateur.

D’ailleurs, des complicités se sont déjà créées, notamment entre Mohammed Ali Kharchouch et Laura, l’une des participantes en situation de handicap. Tous les deux à l’arrière, ils se taquinent mutuellement. Ils se lancent des défis. Qui sera le plus sportif ? Finalement, c’est Laura, coiffée de son serre-tête vert fluo, qui finira devant avec le premier animateur.

« Il y a une vraie progression de chacun », observe Valentin Castano. Le groupe aurait en effet évolué depuis début mars. Les autres participants l’ont également noté. Ces derniers sont d’ailleurs fiers de cette mixité. « On est contents de les avoir avec nous », témoigne l’une d’entre elles. Djamila, une autre adhérente de la marche nordique, n’est pas dépaysée. Famille d’accueil à Trappes, elle se sent comme à la maison. « J’ai l’habitude dans mon travail […]. C’est agréable. C’est des gens qui sont comme nous. Si on ne met pas la différence, on ne la voit pas », affirme-t-elle.

Une bonne ambiance émane donc de ce groupe de marcheurs actifs. D’autant que Lisa, la plus bavarde, monopolise les discussions. Très rapidement, on apprend beaucoup sur elle, grâce à sa capacité à se confier très facilement. Très enjouée, avec un sourire qui ne la quitte jamais, elle nous fait aussi part de ses angoisses et de ses déceptions, pendant la marche.

« Lisa a besoin de beaucoup d’attention, du coup ça marche bien avec les autres », souligne Elizabeth Messabih, monitrice d’atelier au sein de l’Ésat. Même si tous ceux en situation de handicap ne sont pas aussi démonstratifs. « Aurélie est plus introvertie, et David parle que quand c’est nécessaire », analyse-
t-elle. Mais de manière générale, « ils sont très bien intégrés », conclut-elle.