Les coupes en forêt sont un complexe sujet sur lequel l’Association de sauvegarde des étangs de la Minière (Asem) alerte régulièrement l’Office national des forêts (ONF). Ce dernier a en effet la gestion de la forêt domaniale de Versailles, dont les bois, situés à proximité des étangs de la Minière, font partie. Sur son site internet, le 9 mai, l’association guyancourtoise a indiqué avoir écrit en avril à l’agence Île-de-France Ouest de l’ONF « pour signifier sa désapprobation avec sa gestion forestière ». Elle estime qu’il est coupé plus de bois qu’il n’en repousse dans la forêt de Versailles, et que trop d’arbres y sont coupés de manière générale.

Sollicité par La Gazette, François Apicella, le président de l’Asem, nous explique avoir voulu alerter l’ONF suite aux coupes constatées en forêt de la Minière et plus généralement en forêt domaniale de Versailles, cet hiver, et même l’année précédente. « Le Plan d’aménagement 2009-2028 de la forêt domaniale de Versailles (document qui planifie la gestion forestière, Ndlr) sur lequel vous vous basez pour réaliser les coupes indique un taux de récolte de 5,5 m3/ha/an qui est plus élevé que le taux de production en régénération naturelle de 4,2 m3/ha/an », écrit ainsi l’Asem à l’ONF.

François Apicella reproche donc à l’ONF de rajeunir la forêt. « Là, un ras-le-bol s’instaure. […] On constate beaucoup d’arbres tiges dans la forêt, qui ne forment plus une forêt mais un jeune bosquet, qui ne ressemble plus à la belle forêt qu’on avait il y a quelques années », regrette-t-il, assurant recevoir de nombreux mails de promeneurs mécontents.

L’agence Île-de-France Ouest de l’ONF nous explique quant à elle que les coupes répondent au besoin d’assurer la régénération de la forêt. « Le taux de prélèvement ne dépasse jamais le taux de régénération de la forêt, insiste-t-on dans les services de l’ONF. En forêt de Versailles, en plus, on coupe beaucoup moins que le Plan d’aménagement ne le prévoit. » L’ONF souligne aussi que sa gestion des forêts « répond aux trois missions du modèle sylvicole français : produire le bois dont la société a besoin, accueillir le public [et] donc avoir des espaces qui sont sécurisés car la forêt reste un espace naturel, et préserver la biodiversité. »

L’Asem assure par ailleurs que les parcelles situées autour des étangs de la Minière et de l’étang de la Geneste à Buc ont « été particulièrement visées » au cours de l’hiver dernier, et constate n’avoir « jamais vu autant de bois empilé le long des chemins ». L’agence Île-de-France Ouest de l’ONF nous confirme en effet avoir eu « pas mal d’interrogations suite à ces coupes ».

Elle explique que tout le bois coupé cet hiver aux étangs de la Minière a été extrait par « un seul chemin et ça a interpellé les gens, parce que sur certains massifs, les bois sortent de plusieurs endroits, là, ils étaient concentrés sur une seule et même zone ». De plus, l’extraction du bois coupé a été arrêtée à cause des conditions météorologiques et il a ainsi dû rester concentré sur place : « Donc, il y a eu une impression de coupe massive alors que ce n’est pas forcément plus que les années précédentes. »

Les parcelles situées autour des étangs de la Minière devaient selon l’ONF « passer en coupe pour régénération ». Concernant celles de l’étang de la Geneste, l’agence assure que « pas mal d’individus étaient très vieux, touchés par des champignons, ce qui impactait leur structure et représentait donc un danger ».

L’Asem demande aussi dans son courrier, comme elle le fait régulièrement, de connaître le montant que rapporte la vente du bois de la forêt à l’ONF, car elle craint que le volume coupé ait pour raison les profits générés. Au niveau national, d’après le rapport d’activité 2018 de l’ONF, les ventes de bois représentaient 32,5 % du total de ses produits. De son côté, l’ONF assure qu’il « n’y a pas de notion économique dans le Plan d’aménagement », qui est défini suite à des études des sols, des peuplements, etc., « pour garantir une forêt régénérée ». Même si elle confirme que le bois coupé est logiquement « valorisé ».

Avec son courrier, l’Asem aimerait une remise en question des objectifs de coupe de bois. D’autant que le Plan d’aménagement de la forêt domaniale de Versailles, qui définit notamment le taux de récolte annuelle, doit normalement être révisé en 2022. D’autres associations locales auraient également écrit à l’ONF.