« Dans cette ambiance sinistrose, eh bien, nous, on s’en sort très bien et je pense qu’il faut le dire quand c’est positif », affirme Philippe Catteau, président de la société Catinvest, qui gère One nation. Ce centre outlet, situé aux Clayes-sous-Bois, fait une entrée « tonitruante » en ce début d’année. Au mois de février, en pleine période des soldes, l’établissement enregistre des augmentations record de son chiffre d’affaires entre 56 % et 76 % par semaine. « Il y a des moments, je vois le parking complet, alors qu’il y a 1 500 places », témoigne Philippe Catteau.

One nation est en effet toujours ouvert malgré les restrictions du gouvernement, imposant la fermeture des centres commerciaux non alimentaires de plus de 20 000 m² depuis le 31 janvier. Sa construction à ciel ouvert permet cette ouverture. Le centre outlet bénéficie ainsi du report de la clientèle, qui ne peut plus aller dans certains autres centres commerciaux, analyse
Philippe Catteau, d’où cette explosion du chiffre d’affaires.

Cette tendance s’installe dans la continuité de l’année 2020. L’année dernière, One nation a enregistré la plus forte croissance du marché français de l’outlet, soit une augmentation de 19 % de son chiffre d’affaires (hors confinement), avec une augmentation record de sa fréquentation (+16,7 %), selon un rapport sur les performances des villages de marques en France en 2020, commandé par le Conseil national des centres commerciaux. Sachant que l’écart s’est creusé avec les centres commerciaux classiques, dit « full price ». Selon le président de Catinvest, ils enregistrent à l’inverse une perte d’environ 40 % de leur chiffre d’affaires.

Alors, comment expliquer cette différence entre l’outlet et le full price ? Les consommateurs dépenseraient moins, selon Philippe Catteau. « Ils veulent allouer plus d’argent au plaisir et au temps perso qu’au prêt-à-porter », fait-il l’hypothèse. D’autant plus qu’en cette période, les Français épargnent davantage.

Pour le prouver, une enquête clientèle à One nation, regroupant 455 clients interrogés en mai et 261 en décembre 2020, montre que 68 % des répondants « souhaitent réduire leur budget consacré au prêt-à-porter ». Et pour eux « les prix outlet leur semblent une bonne façon de le faire », selon le communiqué de One nation. Certains y voient même une manière d’être plus écoresponsable. 28 % des clients interrogés « pensent que l’achat des excédents de production […] est une consommation plus respectueuse de l’environnement ».

L’autre élément significatif, justifiant cet écart avec les centres commerciaux classiques et ceux de l’outlet, est sa proximité avec le centre parisien. One nation récupère les invendus de Paris, qui sont de plus en plus nombreux, et les écoule à prix cassés.

« Les clients viennent dans le centre parce qu’ailleurs c’est fermé »

La grande parapharmacie discount de One nation est également un atout. Pendant le confinement, le centre outlet a capté une nouvelle clientèle. « Il y a des gens qui faisaient 100 km pour venir acheter leur masque chez nous », se rappelle le président de Catinvest. Le maintien de certaines animations a également permis aux clients de conserver un lieu où les activités sont encore possibles, surtout pour les enfants. « Une fois, il y avait 250 enfants en même temps dans le centre », raconte Philippe Catteau.

Actuellement, il est possible de pratiquer du ski de fond à One nation. Les restaurants sont également ouverts et font de la vente à emporter. « Ce n’est pas un détail, le chiffre d’affaires est énorme. Les clients viennent dans le centre parce qu’ailleurs c’est fermé », observe-t-il.

Enfin, les nombreux magasins en lien avec l’outdoor et le sport pourraient aussi justifier cette explosion des chiffres. Ils font partie des secteurs qui connaissent une augmentation de leurs ventes. « Les clients ont profité du confinement pour faire l’inventaire de ce qui manquait, notamment pour entretenir le jardin, ou pour faire des activités sportives », fait-il l’hypothèse. Contrairement à d’autres secteurs qui souffrent, comme la maroquinerie. C’est pourquoi le centre recrute cette année entre 30 et 40 personnes. Les magasins, qui ont de bons résultats, veulent renforcer leurs équipes. Mais « on a du mal à trouver, déplore Philippe Catteau. […] Peut-être que le climat délétère brise l’élan naturel des gens à chercher un emploi. »