La rénovation urbaine du quartier du Bois de l’étang revient sur le devant de la scène. Depuis plus d’une dizaine de jours, ce sujet est ardemment discuté dans le quartier. Plusieurs voix s’opposent en effet à la démolition annoncée de 212 à 264 logements, et regrettent de ne pas avoir été concertées en amont. Le maire de La Verrière, Nicolas Dainville (LR) y voit une occasion pour l’avenir du quartier, d’autant qu’une charte de relogement doit être signée cette semaine pour offrir des garanties aux personnes concernées.

« Ça fait depuis plus de sept ans que La Verrière mène une réflexion sur l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine, Ndlr), et que les maires successifs ont beaucoup hésité, ont perdu beaucoup de temps, ce qui fait que le projet est quasiment au point mort, tance Nicolas Dainville. Or on est l’un des seuls dossiers d’Île-de-France a ne pas encore avoir été déposé à l’Anru. […] Le train de l’Anru ne passera pas deux fois, c’est maintenant ou jamais, pour apporter un réponse durable pour le quartier dans les dix prochaines années. »

Selon le maire, l’Anru « est une opportunité d’avoir des financements exceptionnels ». Cela permettrait d’obtenir : « près de 20 millions d’euros » pour réhabiliter complètement les appartements, « près de 20 millions d’euros pour la construction de nouveaux équipements publics », « 19 millions d’euros pour les aménagements publics » et « 2 millions d’euros pour mieux sécuriser les résidences ».

Trois ou quatre bâtiments démolis

L’édile assure que la municipalité a pour l’instant seulement défini les « grandes ambitions pour le quartier » mais confirme les chiffres avancés d’une démolition qui concernerait « entre 212 et 264 logements, c’est à dire entre trois et quatre bâtiments ».

Alors que Nicolas Dainville s’était toujours affiché contre une rénovation impliquant la destruction d’immeubles, il reconnaît avoir changé d’avis. « J’ai sincèrement cru qu’on pourrait mobiliser d’autres financements sans passer par l’Anru, mais je me suis vraiment rendu compte très rapidement que seul l’Anru permettait d’investir autant pour l’avenir du quartier », avance-t-il. Deux autres éléments auraient motivé ce changement de position.

Le premier est l’adoption d’une charte de relogement par Saint-Quentin-en-Yvelines cette semaine. « C’est un document inédit, qui est un accord entre les 12 maires pour témoigner d’une solidarité intercommunale sur le relogement : les personnes concernées seraient prises en charge de manière individualisée, avec la mobilisation en priorité de tous les contingents disponibles, indique Nicolas Dainville. Cette charte sécurise la question du relogement, ce qui n’était pas le cas avant, ce qui permet d’aborder sereinement l’aménagement du Bois de l’étang. »

Aussi, le maire, rappelant que des habitants constatent « une dégradation forte des conditions de vie » au Bois de l’étang, insiste sur une « majorité silencieuse qui a envie que le quartier évolue, et d’améliorer durablement et profondément les choses » : « Ces habitants-là, on ne pouvait pas faire comme s’ils n’existaient pas. » Mais une partie du Bois de l’étang s’élève contre la destruction d’immeubles, alors qu’une rénovation sans démolition était jusqu’à aujourd’hui sur la table.

Un habitant nous confie ainsi sa « stupéfaction totale » en apprenant par un tract diffusé par le Parti communiste, le « nouveau projet de démolition partielle du Bois de l’étang » : « Dans notre esprit, les locataires, on était restés sur le projet de rénovation d’ampleur. » Ce Verriérois, vivant depuis 40 ans au Bois de l’étang, critique le revirement de Nicolas Dainville, craint les conséquences sociales des relogements, et dénonce un projet mené « en catimini ».

Au « Bois de l’étang, c’est l’état de choc »

« Il y a clairement trahison, on était à des années-lumière de s’attendre à ça, tranche-t-il. Il a toute latitude en tant que maire à vouloir faire quelque chose, là n’est pas le problème, mais la concertation, c’est la base. » Ce locataire assure qu’au « Bois de l’étang, c’est l’état de choc » et que plusieurs habitants veulent faire entendre leur opposition. « On a un attachement fort au quartier et à la ville, insiste-t-il. Oui on a des problématiques, comme dans tous les autres quartiers, mais pour la majorité des habitants, ça ne justifie pas qu’on puisse passer par une démolition. A minima, on veut être concertés : pourquoi faire des choses pour nous, et le faire sans nous ? »

Le maire, précisant comprendre « l’attachement au quartier », assure quant à lui que le projet « n’est pas du tout travaillé en cachette » et que la concertation commence désormais : « Mais sur la base d’éléments concrets et tangibles sur lesquels on peut discuter. On ne veut pas parler dans le vent. On veut parler sur les commerces, où on les mets ? ; les intérieurs, qu’est-ce qu’il faudrait rénover en priorité ?; quelle nouvelle école pour demain ?, etc. » Des échanges sont prévus notamment avec les élus, les habitants et les associations, en tenant compte des contraintes sanitaires.

Sur Facebook, fin janvier, l’ancienne maire, Nelly Dutu (PCF), reprochait à Nicolas Dainville de n’avoir « donné aucune information sur l’évolution du projet » depuis son élection. Lorsqu’elle était maire, Nelly Dutu s’était prononcée contre une démolition d’immeubles au Bois de l’étang. Elle estime que « ce sont des décisions qui vont peser sur l’avenir des habitants » et donc que ces derniers « ne doivent pas être tenus à l’écart ».

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