Depuis bientôt quatre mois, les murs sont désertés par les grimpeurs. La salle Vertical’art, à Montigny-le-Bretonneux, la première du groupe, est fermée sans savoir quand elle pourra rouvrir, en raison du contexte sanitaire. Fin septembre, le site indoor d’escalade de bloc avait de nouveau dû baisser le rideau, en raison de premières restrictions sanitaires, qui ont précédé les mesures plus générales qui allaient suivre quelques semaines plus tard : couvre-feu puis reconfinement, annoncés respectivement les 14 et 28 octobre. « On a rouvert deux mois , en juillet et août, et on a fermé la troisième semaine de septembre », indique Lawrence Chapelier, PDG et co-fondateur du groupe, rencontré le 7 janvier dernier.

Une réouverture courte, « pas sur les meilleurs mois de l’année », et « pas pleinement car on avait les restrictions, une personne pour 4 m², avec tout ce qui était distanciation , sur la partie restauration, donc on a enlevé pas mal de tables », soupire-t-il, avant d’ajouter : « Sur certaines structures encore relativement jeunes, ça allait à peu près, mais sur les structures soit de plus petite taille ou qui ont quelques années d’existence donc une clientèle importante, c’était très dur pour nous. »

Car Vertical’art compte sept salles en France, et projetait d’en ouvrir de nouvelles. Le Covid-19 a donc non seulement provoqué la fermeture des salles déjà existantes, mais aussi empêché de nouvelles ouvertures, qui sont repoussées – comme à Paris Chevaleret, où les travaux devaient se terminer le 17 janvier -, ou ont eu lieu très partiellement. C’est notamment le cas au Mans, où l’ouverture était programmée le 31 octobre. « Une journée ou deux avant, on a eu les annonces, raconte Lawrence Chapelier. Cette salle est aujourd’hui ouverte partiellement pour les publics spécifiques et fait de la restauration à emporter, donc le démarrage n’est pas optimal. »

Ça, c’était même avant les annonces du premier ministre du 14 janvier. Le groupe ne se faisait déjà aucune illusion sur une date de réouverture, mais a en plus subi l’interdiction du sport en intérieur pour les publics mineurs, alors que des cours d’escalade pour ce type de public venaient de reprendre depuis le 4 janvier. dans la salle de SQY. « Nous avons arrêté l’activité pour tous les publics », fait désormais savoir Vertical’art, précisant que cela vaut aussi pour la restauration à emporter. « Sur les salles en propre du groupe, ça nécessite une masse salariale qui est quand même importante pour maintenir un minimum d’accueil, économiquement ce n’est pas viable », nous expliquait Lawrence Chapelier.

Et la facture s’aggrave. « Un mois de fermeture, ça nous coûte 800 000 euros de chiffre d’affaires minimum, concède le PDG. Et [même en restant fermés], on a quand même des frais fixes tels que les loyers, qu’on doit négocier avec les bailleurs. Un mois de fermeture, ça nous coûte au bas mot 150 000 euros. » En sachant que l’indulgence des bailleurs a évolué, selon lui. « Sur le premier confinement, tous les loyers ont été abandonnés. Par contre, sur le deuxième confinement, c’est un autre sujet, eux aussi ont besoin d’encaisser », reconnaît-il.

Une situation difficile pour le groupe et ses 170 salariés (dont une quinzaine à SQY), qui ont presque tous été placés en chômage partiel. Une des quelques aides dont a bénéficié Vertical’art, avec le Prêt garanti par l’État et 20 % du chiffre d’affaires de l’année passée plafonnés à 200 000 euros. Si les embauches ont pour l’instant été gelées, il n’y a en revanche pas non plus de licenciements.

Pas sûr que cela suffise à les contenter. Alors, dans ce contexte morose, la perspective des JO à Paris dans un peu plus de trois ans, où l’escalade figurera comme sport additionnel – comme pour les Jeux de Tokyo -, redonne un peu de baume au cœur. « On a un de nos athlètes qui est sélectionné aux JO, Sean McColl, qui fait partie de la team Vertical’art depuis quatre ans, rappelle Lawrence Chapelier. On a des projets, il est trop tôt pour en parler, mais on a des programmes autour de Paris qui nous permettront d’être des centres d’entraînement. Les JO, pour nous, ça va être un tremplin majeur. »

Le groupe, qui prospérait avant la crise sanitaire et avait, en 2019, doublé son chiffre d’affaires de l’année précédente, garde d’ambitieux projets de développement. « On a un projet, sur les trois prochaines années, d’ouverture d’une quinzaine de salles supplémentaires minimum, en fonds propres », annonce Lawrence Chapelier, qui assure par ailleurs que Vertical’art « ne subit pas de désengagement massif » de ses adhérents, avançant notamment le choix « de stopper les prélèvements pour préserver notre clientèle ».