Plus de lits de réanimation, plus de personnel soignant formé, plus de places dans les écoles de formation. La présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse (Libres) a annoncé le 13 janvier, lors d’une conférence de presse en visioconférence, plusieurs mesures pour donner de « l’agilité » et de « la souplesse » au système de soins, en créant notamment « une réserve de réanimation ». L’objectif affiché est d’éviter la déprogrammation médicale, anticiper la dégradation de la santé des patients et mieux faire face à la crise sanitaire, avec une troisième vague qui semble se profiler.

Dans le cadre du budget 2021, la Région a voté en décembre dernier 1 milliard d’euros pour les hôpitaux jusqu’en 2022. L’Île-de-France va donc commencer par consacrer 10 millions d’euros, avec le soutien de l’Union européenne, pour « déployer un programme de réanimation éphémère afin d’aider la capacité de réanimation de la région », annonce la présidente. Pour ce faire, Valérie Pécresse a annoncé l’arrivée d’un programme permettant d’équiper 500 lits de soins continus en réanimation modulaire de manière graduée et en quelques jours. Sachant que l’Île-de-France a une capacité de 1 200 lits de réanimation.

Ce nouvel équipement dit « modulaire » peut donc transformer un lit de soins continus en lit de réanimation, et inversement, en fonction des besoins, dans le but d’éviter la déprogrammation et l’aggravation de l’état de santé des patients. Sachant que les hôpitaux le faisaient déjà avant, mais dans de moins bonnes conditions. « Les hôpitaux ont fait du bricolage avec les moyens du bord et là, on les professionnalise. On crée l’environnement pour que ça se fasse », assure Valérie Pécresse.

Ainsi, ces équipements de réanimation modulaires vont être mis à la disposition des hôpitaux franciliens pour équiper les 500 lits promis. Selon Philips, qui est l’entreprise sélectionnée pour fournir le matériel, 430 systèmes de monitorage patient « haut de gamme » vont être mobilisés. « Le monitorage permet de suivre les signes vitaux des patients et permet aux équipes de prescrire de la ventilation ou des médicaments. Il permet d’adapter le traitement, explique David Corcos, président de Philips France. On a vu des services dépourvus d’équipements… »

Une centaine de respirateurs s’ajoutent à ce matériel de réanimation, permettant l’équipement des lits. « Non-invasif (n’altérant pas l’organisme, Ndlr), avec une possibilité d’oxygénothérapie, le respirateur permet au patient de sortir plus vite », décrit le président de Philips.

L’entreprise souhaite également mettre en place « une solution de surveillance prédictive (intelligence artificielle appliquée à la réanimation pour repérer les malades à risque) », comme l’explique le communiqué de presse de la Région. Il s’agirait de suivre le patient à l’aide d’un patch, dont les algorithmes pourront prévenir de la dégradation de sa santé, selon la description de David Corcos.

Une fois demandés par un établissement de santé, ces équipements pourront être accessibles sous trois semaines à partir de maintenant, a garanti la présidente de la région Île-de-France. L’établissement passe la commande auprès de la centrale d’achat hospitalière
UniHA et Philips s’occupe de la livraison aux frais de la Région. Dans les Yvelines, les services de soin auraient besoin de 40 de ces lits de réanimation modulaires, selon les estimations de la Région.

Fait également partie du programme, la formation des soignants. 1 500 infirmiers et infirmières pourront être formés aux équipements vus précédemment. « On forme une réserve de soignants volontaires, qui pourront être appelés par la suite en cas de difficultés. Ça vient en complément des formations des sociétés savantes », précise David Corcos. La formation se fera sur deux sessions d’une demi-journée. Sachant que 40 personnes pourront être formées par semaine. « C’est un programme concentré, concret et rapide », justifie le président de Philips.

Le budget voté par la Région prévoit également l’aménagement des salles de repos, des hôpitaux et la construction de logements intermédiaires pour les soignants, afin qu’ils soient près de leur lieu d’exercice. D’ici 2024, 3 000 nouvelles places de formation vont être créées au sein des formations aux métiers d’infirmiers et aides-soignants dans cinq lycées transformés en Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI). La Région compte également rénover ces établissements, même si c’est la compétence de l’État.

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