« Nous espérons que ce chiffre d’accueil maximum ne sera pas revu à la hausse », s’inquiète une source policière. Le plus petit Centre de rétention administratif (CRA) de France, situé à Plaisir, a été transformé en centre de rétention pour les étrangers en situation irrégulière atteints du Covid-19. Actuellement, 13 sans-papiers convalescents sont isolés chacun dans une chambre double. Le centre en possède 13. Il est donc au maximum de sa capacité d’accueil, selon les dispositions prises par le chef de service du CRA de Plaisir et la direction centrale de la police aux frontières, au moment de la transformation de ce centre, raconte cette même source policière.

Cette dernière pointe une activité en sous-effectif : « La logistique sur place est un réel problème pour les transports des retenus vers les centres de soins hospitaliers, surtout la nuit avec un […] effectif réduit, et la surveillance toute particulière que nécessitent les retenus malades, avec parfois un profil compliqué. » Une augmentation de la capacité d’accueil viendrait alors aggraver les conditions de travail. Cette situation est envisageable, étant donné que les malades viennent de tous les CRA de France.

Désigné le 10 septembre comme le CRA Covid-19, le centre de Plaisir a pour objectif d’éviter la fermeture des autres CRA en France, où seraient infectés quelques retenus par le Covid-19, et donc de préserver leur capacité d’accueil. Au début, les cas de Covid-19 étaient retenus au CRA de Vincennes, selon une source policière. « Or, [c’est] un grand centre, ce qui monopolisait beaucoup de places en rétention pour “peu” de cas Covid. Il apparaissait cohérent effectivement de désigner le CRA 78 comme nouveau CRA Covid, car il est le plus petit centre de France », rappelle une source policière.

Mais sa configuration rendrait la proximité, entre les retenus et le personnel, propice aux contaminations, selon cette même source. D’où l’inquiétude du personnel au moment de cette décision, (voir notre édition du 30 septembre). Sachant que les locaux du CRA sont partagés avec l’hôtel de police de la ville de Plaisir.

Le 7 octobre, arrive alors le premier retenu positif au Covid-19, selon une source policière. Pour procéder aux soins, une infirmière est présente en semaine de 8 h 30 à 16 h 30 et une permanence est assurée les matins des week-ends et jours fériés.

Mais que se passe-t-il en dehors de ces créneaux ? Ce sont les policiers qui assurent le suivi. « [Ils] sont contraints de faire le nécessaire pour acheminer les retenus vers un centre de soins, afin qu’ils soient vus par un médecin, en cas d’aggravation de leurs symptômes », témoigne une source policière.

Pourtant, lors des premières réunions préparant le CRA, il aurait été convenu que l’infirmière soit présente 20 heures sur 24, selon l’Unsa, l’un des syndicats de police. « Or cette “promesse” n’a pas été tenue, engendrant des grandes difficultés pour nos policiers d’effectuer des transports sanitaires et des gardes aux centres de soins », indique l’Unsa.

Mais le sous-effectif des policiers affectés au CRA n’est pas nouveau. Il était déjà problématique en 2019. Dans un rapport publié cette année-là et réalisé par cinq associations, dont La Cimade ou encore France terre d’asile sur la rétention en France, il est indiqué que l’activité du centre de Plaisir avait augmenté de 40,6 % entre 2018 et 2019. L’administration du centre a donc dépêché des effectifs policiers supplémentaires l’année dernière. Néanmoins, ce renfort n’aurait pas compensé la hausse d’activité, notamment liée à la réouverture de places, toujours selon ce rapport.

Par conséquent, ce nombre de places pourrait bien continuer d’augmenter. « Nous notons une recrudescence des cas Covid dans tous les centres de France », annonce l’Unsa. Le nombre de chambres pourrait ne pas être suffisant pour accueillir toutes les personnes en situation irrégulière atteintes du coronavirus. Nous avons tenté de contacter le responsable du CRA. Mais ce dernier n’a pas répondu favorablement à notre demande.

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