Un hélicoptère de type Puma, plusieurs véhicules, dont un blindé, et 25 à 30 policiers membres du groupe d’alerte du Raid, ont été mobilisés le 18 novembre, au 6, rue Ampère à Montigny-le-Bretonneux. Dans le cadre d’un entraînement, visant à simuler une intervention lors d’une prise d’otages terroriste, le Raid a investi un immeuble de 3 000 m² voué à la démolition, appartenant au promoteur immobilier CFC développement.

Ce dernier a convenu de leur prêter le bâtiment, en plein curage avant son désamiantage. « L’actualité nous montre qu’ils ont besoin de s’entraîner, donc je mets à leur disposition cet immeuble, se justifie Didier Wauquiez, directeur du développement chez CFC développement. […] Ils peuvent en disposer comme bon leur semble. »

À bord du Puma, le Groupement interarmées d’hélicoptères (GIH) lâche une partie des membres du Raid sur le toit du bâtiment. Au même moment, une autre intervention a lieu au sol, contre le plastron, en d’autres termes ceux qui jouent le rôle des terroristes et des otages. Soudainement, trois fortes détonations sont entendues à l’intérieur de la construction.

L’intérêt de cet entraînement, qui rentre dans le cadre de la formation continue des groupes opérationnels, est de travailler « la liaison entre le sol et l’aérien, détaille Philippe*, commandant divisionnaire du Raid et chef de la formation opérationnelle. Les pilotes ont besoin de s’entraîner. Les gars (les membres du Raid, Ndlr) peuvent travailler la dextérité de la descente en rappel. »

Cette formation serait déconnectée des récents actes terroristes, qui ont eu lieu sur notre territoire. « Les gars s’entraînent tout le temps. Ce n’est pas lié à la (prochaine, Ndlr) date d’anniversaire des attentats de Charlie Hebdo. C’est une coïncidence », clarifie le commandant divisionnaire du Raid. Cette unité d’élite de la police nationale, qui lutte contre le grand banditisme et le terrorisme, prévoit ses entraînements suivant les lieux qu’elle trouve, souvent par « bouche-à-oreille ».

« Le choix du site, c’est toujours par le jeu du réseau. […] On ne va pas communiquer là-dessus. Par exemple, quand on voit un immeuble désaffecté, on peut contacter le propriétaire », explique Philippe. Dans le cas de cet entraînement, le Raid a été prévenu par un ancien membre, devenu directeur de la sécurité d’un des clients de CFC développement.

Le bâtiment se prête donc bien à un exercice de prise d’otages terroriste en conditions réelles. « L’immeuble est grand, vaste. Il y a plusieurs étages. On n’est pas entourés d’une cité. On peut travailler librement sans créer de nuisances », justifie Philippe, en précisant que le Raid n’aime pas attirer les foules et être filmé. « Ça doit rester confidentiel », ajoute-t-il.

Alors pourquoi communiquer aujourd’hui ? Selon le commandant divisionnaire, la police connaîtrait des problèmes de communication. « On ne sait pas communiquer », avoue-t-il, en précisant qu’il est pour la communication dans la police : « Les gens ont le droit de savoir qu’on s’entraîne. » Selon lui, les forces de l’ordre ne communiqueraient pas assez, ce qui entraînerait une mauvaise communication venant de l’extérieur.

Cet exercice se poursuivra pendant encore trois mercredis, avec à chaque fois une équipe différente, « pour que plusieurs groupes aient le même thème (scénario, Ndlr), la même expérience », justifie Philippe. La dernière fois, ils s’étaient entraînés sur une prise d’otages familiale et, à la mi-décembre, ils devraient faire un entraînement à bord d’un bateau à Paris.

*Le nom de famille n’a pas été mentionné pour conserver l’anonymat de la personne.

Ce qu’il faut savoir sur le Raid

Le Raid signifie Recherche, assistance, intervention, dissuasion. Ses membres sont environ 500 en France, répartis dans 13 sites, dont dix en France métropolitaine, avec le siège historique à Bièvres, dans l’Essonne. Les trois autres sites sont en Outre-mer : en Nouvelle-Calédonie, à La Réunion et en Guadeloupe. Pour intégrer le Raid, une phase de sélection a lieu tous les mois de janvier. Ensuite, « ils ont une période de formation de 16 semaines avec des stages validants. À l’issue de la formation, ils ont encore six mois en période probatoire », indique Philippe, également chef de la formation opérationnelle. À la fin, ils sont environ 10-15 à être recrutés, soit 10 % des candidats à s’être présentés.