Cet été, 49 Sqybus de Saint-Quentin-en-Yvelines vont être sélectionnés pour tester une nouvelle solution de comptage des voyageurs à leur bord. Sous forme de capteurs placés au-dessus des portes des véhicules, elle va compter en temps réel le nombre d’usagers qui vont monter et descendre du transport en commun. Avec l’aide d’un autre logiciel, il sera aussi possible de savoir combien de personnes n’ont pas validé leur titre de transport. Cette solution de comptage associée au logiciel d’intelligence artificielle devrait être opérationnelle à la rentrée de septembre.

Cette expérimentation est menée conjointement avec BusInfo, une entreprise de solutions de transports publics (à l’origine des capteurs), RATP dev, une des filiales du groupe RATP – comme l’est également Sqybus – et la start-up Citio, spécialisée en solutions big data et Intelligence artificielle (IA) dans l’amélioration de la performance des réseaux (à l’origine du logiciel IA).

Leur objectif est de connaître précisément la fréquentation du réseau de bus, pour ensuite pouvoir adapter l’offre de transport et l’information aux voyageurs. Actuellement, « le problème dans les bus, c’est qu’on sait combien de personnes montent et payent mais on ne sait pas combien de personnes descendent, ni où exactement. Et on ne sait pas non plus qui monte sans payer », explique Ronan Davril, le président de BusInfo.

C’est pourquoi, ce projet vise également à lutter contre la fraude ou la non-validation des titres de transport. « C’est un gros enjeu en Île-de-France, affirme Sophie Hassan, directrice marketing expérience client et innovation Île-de-France chez RATP dev. Ça représente un manque à gagner important pour les villes et les opérateurs de transport. »

Une expérimentation qui arrive à point nommé au moment de la crise sanitaire. C’est également « un enjeu important », selon Sophie Hassan. Le projet a été validé fin 2019 et décalé à cet été, en raison de la pandémie.

Alors, comment ça marche ? « Au-dessus de chaque porte, il y a un capteur qui va donner les informations de fréquentation arrêt par arrêt à l’exploitant. […] Il sait faire la différence entre un adulte et un enfant avec une précision de 98 % », explique Ronan Davril. Ces données sont ensuite analysées puis rendues lisibles, par Citio, sur une carte, pour les opérationnels, poursuit Sophie Hassan.

Est ainsi observable sur une ligne de bus, sa fréquentation par tranche horaire, et par jour. « Nous, on veut assurer un bon niveau de confort, et identifier les problèmes ponctuels de fréquentation pour les résoudre », affirme la directrice marketing de RATP dev. Cette solution doit donc permettre d’adapter l’offre de transport et d’information. Par exemple, « on pourra envisager de changer un véhicule standard par un bus articulé », « doubler une course », « décaler un horaire ou rajouter un bus », « encourager les voyageurs à décaler leur voyage, avec une annonce sonore ou via des affiches », énumère Sophie Hassan.

La lutte contre la fraude est l’autre versant de la solution. Le logiciel de Citio comptabilise déjà les usagers validant leur titre. Il va désormais pouvoir croiser ces données avec le comptage. En faisant la différence entre le nombre de personnes validant leur titre de transport et le nombre réel de personnes montant à bord du bus, il montrera où et quand a lieu la fraude. Cette nouveauté va permettre à la RATP, d’envoyer des contrôleurs, là où il y a le plus de délits et de faire de la sensibilisation dans les écoles. Par exemple, « il y a beaucoup de fraude chez les collégiens et à la sortie des collèges », observe Sophie Hassan.

Ce système a déjà été testé à Lorient en Bretagne. « Ça a permis d’augmenter de près de 20 % les PV en un an avec le même nombre de contrôleurs, grâce à un meilleur ciblage des actions de contrôle sur le terrain », conclut-elle.

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