Sur le quai de la gare Montparnasse, les souvenirs de la cohue des voyageurs, qui rentrent et sortent du quai du transilien en direction de Rambouillet, sont déjà bien loin. Le 15 mai à 8 h 45, personne ne se précipite pour prendre le train de la ligne N avec un départ à 8 h 54. Les voyageurs s’installent sagement. Dans une des rames, ils sont à peine six en salle basse. Ils portent tous un masque et sont seuls sur leur rangée de sièges. Makan a intégré le train à Saint-Quentin-en-Yvelines pour se rendre au Perray-en-Yvelines. Il n’empruntait plus les transports en commun au moment du confinement. De retour dans les rames, il est agréablement surpris par la faible fréquentation. « Il n’y a personne ! », apprécie-t-il.

Selon les équipes de SNCF transilien, le taux d’utilisation des lignes N et U est en effet entre 12 et 15 %, sur les 3,4 millions de voyageurs quotidiens. Sachant que « depuis le 11 mai, la ligne N assure 60 % des circulations et la ligne U assure 33 % des circulations par rapport à la normale », indique l’attachée de presse de SNCF transilien, dans un mail adressé à La Gazette. Et sur toute l’Île-de-France, ce constat se vérifie. « 97 % des transiliens ont une affluence faible ou très faible comme relevé par le PC voyageurs du Centre national des opérations ferroviaires SNCF », poursuit le mail de l’attachée de presse.

Cette jauge de fréquentation ne semble pas si différente de celle observée au moment du confinement. Le 12 mai, à bord de la ligne U, au départ de la gare de Trappes, Joséphine rentre à Versailles après sa journée de travail, en tant que technicienne électronique chez Thalès. Elle a continué à se rendre chez son employeur une semaine sur deux, pendant les deux mois de quarantaine. La jeune femme a noté très peu de différence entre avant et après le confinement : « Il n’y a pas de changement. […] J’emprunte la U, la N ou la C et après je prends un bus. Il n’y a pas beaucoup de monde. »

José, qui emprunte le même train qu’elle, ne s’est pas mis en télétravail pendant le confinement. « Je travaille dans la logistique au Auchan de Trappes », justifie-t-il. Selon lui, les trains seraient plus fréquentés qu’avant. « Il y a plus de monde. Avant, il n’y en avait pas du tout. Ça fait deux semaines que progressivement, il y a plus de monde le matin », souligne-t-il. À voir, ensuite, comment la situation évolue les prochaines semaines. Sachant qu’en fin de journée, les rames sont généralement plus occupées que le matin.

Et pour le moment, les règles de distanciation sont respectées. Le 11 mai, SNCF transilien a noté que plus de 95 % des voyageurs portaient un masque en gare et dans les trains. En plus, 900 stickers sur les lignes N et U, ont été collés un peu partout sur le parcours de l’usager. Ils renseignent sur les conseils pratiques pour limiter les contacts physiques avec les équipements, et incitent à une bonne répartition à bord des trains, soit un siège sur deux. Makan, José et Joséphine étaient seuls assis sur leur rangée de sièges. Sur les quais, des marquages au sol indiquent comment les usagers doivent se placer en attendant leur train, afin qu’ils respectent la règle d’un mètre de distance. En parallèle, des annonces sonores diffusées toutes les sept et 15 minutes informent sur les règles de distanciation.

Mais certains voyageurs s’inquiètent du respect de ces règles sur le long terme, en cas d’augmentation du flux de la population. « Si ça reste comme ça, c’est bien. Mais si les gens continuent à retourner au travail, ça va être compliqué. Même si on veut respecter, si on est plus… », s’interroge José. Joséphine est plus catégorique : « [Les gestes barrières] sont intenables. Ils ont prévu d’assurer 60 % des circulations. Ce n’est pas comme ça qu’on va respecter les gestes barrières. »