« La ville nouvelle a vieilli et ne répond plus aux besoins des habitants », constate Narjiss Berrada, pilote de l’étude sur la rénovation de l’Hypercentre pour l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. Le 23 janvier, au Musée de la Ville, cette urbaniste anime avec ses collaborateurs de l’agence de paysagistes Tn+ et de l’agence d’urbanistes Fortier, deux ateliers de réflexion sur la rénovation de l’Hypercentre de Montigny-le-Bretonneux. Ces ateliers font partie de la première phase du projet visant à définir les priorités de cette réhabilitation. Une marche urbaine de repérage avait déjà eu lieu début décembre.

Datant de la fin des années 70 et de la fin des années 80, cet Hypercentre s’étend de la gare de SQY à la place Truffaut, en passant par l’avenue du Centre, la place Pompidou et le canal urbain. « [Cet espace] souffre d’un certain vieillissement ainsi que d’un problème de lisibilité et d’attractivité », peut-on lire dans l’Ignymontain de décembre 2019. Dans le même magazine, le maire de Montigny-le-Bretonneux, Jean-Luc Ourgaud (DVD), annonce une volonté de restructurer et de renouveler les espaces publics et le centre commercial afin de redynamiser le centre-ville.

Dans la salle Léo Ferré du Musée de la Ville, une vingtaine d’habitants de la commune, plutôt des seniors, sont venus participer à la concertation organisée à midi. « Je désespère de voir le centre-ville se ternir, dévoile Jean, la soixantaine, habitant la commune depuis 1981. C’était la ville la plus jeune de France, il y avait du mouvement. […] Là on dirait que ça s’est arrêté. » Pendant cet atelier de deux heures, autour de trois tables ludiques, munies de cartes de l’Hypercentre, de pictogrammes, et d’images, les Ignymontains sont souvent tombés d’accord sur l’importance de ramener la nature dans le centre, d’avoir plus de zones piétonnes et cyclables, et plus d’animations.

Alors les idées fusent pour faire renaître le centre-ville, ouvrir « des boutiques éphémères », installer « des expositions temporaires », et faire « des cinémas plein air » font l’unanimité.

« On peut peut-être commencer par discuter du canal », annonce un Ignymontain à l’une des trois tables dès le début de l’atelier. « J’aimerais avoir de l’eau qui coule en continu et que ça fasse du bruit », ajoute un autre habitant, qui reçoit l’approbation générale des autres participants. À une autre table, la place Truffaut prend une tout autre forme. Les participants réfléchissent à l’installation d’un miroir d’eau, afin de laisser ce lieu devenir le centre de toutes les animations.

La végétation n’est pas pour autant laissée de côté. Dans leurs choix d’images, illustrant des moments de vie animés en centre-ville, beaucoup montrent des espaces verts avec des arbres. Sachant que les points ombragés manqueraient à priori dans l’Hypercentre. « [Place Pompidou], il faut de l’ombre. On pourrait mettre des oliviers dans des pots », propose une femme très active pendant l’atelier. « Et pourquoi pas des bambous pour faire des touffes de verdure ? », complétera une autre. En revanche, d’autres habitants n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la mise en place de jardins partagés. « On aimerait bien, car c’est agréable, mais les gens qui entretiennent sont peu nombreux. […] Je n’y crois pas », reconnaît un Ignymontain.

Les vélos et les zones piétonnes arrivent rapidement dans les conversations. « Faut mettre des bancs partout, on ne peut pas s’asseoir », « il n’y pas de pistes cyclables », « enlever le stationnement », « faire plus de parkings vélos ». L’une des participantes propose alors une piste douce et continue, pour vélos et piétons, depuis l’avenue Nicolas About jusqu’à la gare de SQY, avec une part réduite réservée à la voiture.

L’animation est l’autre clé de voûte de l’atelier. Jean craint que sa ville ne soit devenue « une ville dortoir ». Alors les idées fusent pour faire renaître le centre-ville. Ouvrir « des boutiques éphémères », installer « des expositions temporaires », faire « des cinémas plein air » font l’unanimité. Le marché est aussi un sujet de discussion. « On pourrait mettre un marché de producteurs locaux place Pompidou ? », propose un participant.

À la fin de l’atelier, certains se rendront compte que deux heures n’auront pas été suffisantes. Le 29 février aura lieu une séance de restitution, pour mettre en commun toutes les propositions. En attendant, la pilote d’étude et son équipe vont organiser des caméras trottoirs pour interviewer « les salariés qui ne viennent pas » à ce genre d’atelier, constate Narjiss Berrada. Ils comptent également intervenir dans les lycées et les universités.