Kone, une des entreprises leaders dans le domaine des ascenseurs, escalators et portes automatiques, recevait le 8 novembre la visite de Patrick Toulmet, délégué interministériel au développement de l’apprentissage dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, dans son centre de formation de Trappes. Le « seul centre de formation du groupe en France », et qui forme au métier de technicien de maintenance et d’installation, durant huit à neuf semaines, en alternance sur une période de 11 mois, selon sa directrice Carole Cordier.

Cette visite du délégué interministériel s’inscrit dans sa tournée des quartiers sensibles visant à augmenter le nombre d’apprentis. En l’occurrence ici dans la filière ascensoriste, métier méconnu. « On n’arrive pas à recruter beaucoup d’ascensoristes, constate-t-il. On a beaucoup de postes à pourvoir dans les prochaines années, le but est de les aider à avoir de nouveaux centres de formations […] et de former de plus en plus de jeunes. »

Et pour cause, puisque d’après un communiqué de la Fédération des ascenseurs, la profession, qui compte environ 18 000 salariés en France, prévoit 2 000 nouveaux recrutements en 2020. « On ne connaît pas le chômage », affirme Valérie Hascoët, référente experte de la Fédération sur la formation des techniciens ascensoristes, ajoutant que l’on distingue trois types de métiers différents dans la filière : maintenance/dépannage, modernisation et remplacement d’équipements, et installation immeubles. « Entre les besoins qui se font sentir aujourd’hui, le renouvellement des personnes qui vont partir à la retraite et les nouveaux immeubles qui se construisent avec les métropoles qui s’agrandissent, on a besoin de tous ces métiers-là », expose-t-elle.

Des métiers pour lesquels trois types de cursus existent : la mention complémentaire technicien ascensoriste, accessible après un bac professionnel et proposée par une quinzaine de lycées dans le pays via un système d’alternance école-entreprise, le Certificat de qualification paritaire de la métallurgie, pour lequel les apprentis se forment pendant 18 mois dans des centres spécialisés, et les CFA, pour les étudiants et les personnes en reconversion.

Mais face au faible nombre de jeunes postulant à ce type de formation, certains établissements ont été contraints de fermer leur filière ascensoriste ces dernières années, comme le lycée Louis Blériot à Trappes. D’où l’idée de moderniser l’offre de formation avec la mise en place d’un BTS. Espéré en septembre 2020, il serait plus adapté à « l’évolution des technologies », « correspondrait plus au niveau des compétences et serait plus valorisant et significatif pour les jeunes », juge Valérie Hascoët, par ailleurs dirigeante d’une PME d’ascensoristes de 90 salariés.

Elle insiste sur le fait que le métier d’ascensoriste n’est « pas délocalisable », offre des possibilités de reconversion et est évolutif, en termes de rémunération, puisque le salaire de base – « un peu plus que le Smic » – « se réajuste très vite » et aussi en termes de postes. « On peut commencer technicien et finir chef d’entreprise », avance-t-elle.

Les jeunes apprenant ce métier semblent en tout cas s’y plaire. Illustration avec l’un d’entre eux, Nicolas, rencontré au centre de formation Kone. « Le travail est très diversifié et on est assez autonome », confie-t-il, en dépit des risques de chute, d’écrasement ou de cisaillement qui peuvent exister lors de la manipulation d’un ascenseur. Valérie Hascoët, elle, l’assure : « C’est un métier passionnant, très peu de gens quittent cette profession. Vous pouvez vraiment vous éclater. Si vous gérez bien votre parc, vous êtes pénard. »