Un gigot cuit à l’étouffée pendant deux heures dans un bain de bitume à 250 degrés. Voilà comment Yves Le Breton, traiteur spécialisé dans cette pratique culinaire, réalise son gigot pour CFC développement. À Élancourt dans son parc d’affaires tertiaires Oméga parc, le promoteur immobilier célèbre le 11 juin, l’avancée des travaux de la tranche 2. « On fait le gigot bitume lorsque le bâtiment est hors d’eau hors d’air, (lorsque la construction est close et étanche, Ndlr) », explique Didier Wauquiez, directeur du développement chez CFC.

Cette fête traditionnelle connue dans le BTP vise à réunir autour d’un gigot en fusion, « l’ensemble des personnes qui ont participé à la construction du bâtiment », indique Didier Wauquiez. En d’autres termes, les architectes, les ouvriers, les bureaux d’études, les entreprises de gros œuvre ou encore celles de préfabrication, sont présents ce mardi midi. Même les élus sont maintenant invités, selon l’architecte Zoltan Bartal.

Mais cette tradition serait-elle en train de se perdre ? Les avis divergent au sein du bâtiment encore brut de la tranche 2, dans lequel les convives vont déguster le gigot. En attendant, Yves Le Breton, traiteur spécialisé depuis 30 ans, veille à la bonne cuisson et pour lui, la tradition perdure. « Cette semaine, j’ai des commandes presque tous les jours en Île-de-France et la semaine prochaine, j’en ai presque deux par jour », assure-t-il.

D’autres pensent au contraire que cette cérémonie du BTP aurait tendance à se perdre. C’est l’avis de Didier Wauquiez, qui justifie : « [Cette tradition] n’a pas de fonction commerciale. » Malgré cela, CFC développement continue d’organiser des gigots bitumes pour chacun de ses bâtiments. C’était par exemple le cas pour Proxima V, inauguré fin mars, comme se le remémore l’architecte.

Et c’est surtout en raison de la taille de sa société et de ses opérations que CFC développement maintient la coutume. « Nous sommes une entreprise à taille humaine, nous restons des artisans. Nos volumes de bâtiments sont faibles. Et nous avons tendance à faire travailler les mêmes équipes dans nos autres immeubles », estime le directeur du développement du promoteur, qui souhaite préserver l’esprit d’équipe, notamment grâce au gigot bitume. L’un des invités, Jean-Rémi Lamoureux de Cibetanche, spécialisé dans les travaux d’étanchéité, confirme justement : « Quand il y a des petites opérations, il y a une certaine convivialité, c’est pour cela qu’on continue. Mais ça se perd avec les gros travaux. »

En réalité, chacun semble célébrer le gigot bitume à sa manière. Certains le font avec tous ceux qui ont participé à la construction du bâtiment et d’autres le font par équipe. Au sein des services de l’agglomération, dont certains représentants sont présents pour le festin, l’on donne l’exemple du Grand Paris express. Les équipes parties prenantes de cet énorme chantier, réaliseraient entre elles, des gigots bitumes à chaque étape des travaux. Mais Thomas, électricien chez Idelec, préfère quand toutes les équipes sont réunies : « Ça change de le faire qu’entre nous. » Invité au gigot bitume de CFC développement, ce n’est seulement que son deuxième en 15 ans de métier.