« En colère », « On n’est pas des sardines ». Les messages étaient éloquents, sur les panneaux brandis par les enseignants mercredi 13 février devant la Direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN), à Guyancourt. Ce jour-là, une cinquantaine de professeurs de lycées et collèges de villes comme Trappes, Élancourt, Chanteloup-les-Vignes, Conflans Sainte-Honorine, Les Essarts-le-Roi, etc, s’étaient rassemblés pour exprimer leur indignation et demander un rendez-vous avec la direction. Dans leur ligne de mire : les dotations, en heures, octroyées par l’État aux établissements pour la rentrée 2019 et qui déterminent le nombre de classes, d’enseignants et d’élèves par classe.
« Chaque année, les établissements se voient attribuer un certain nombre d’heures, explique Delphine Romagny, secrétaire du syndicat Snes FSU 78. Moins il y a d’heures, moins il y a de classes et donc plus il y a d’élèves dans les classes restantes. » Une classe représentant 26 heures. Or, selon la secrétaire, 1 026 élèves de plus que l’an passé devraient rejoindre les établissements scolaires yvelinois à la rentrée 2019. « Et on ne nous octroie que 270 h de plus d’enseignement sur le département, relate Delphine Romagny. Ce n’est pas du tout proportionnel. » La secrétaire déplore également la suppression de 13 postes d’enseignement sur le département, compensés par la création d’heures supplémentaires.
Au micro, les représentants de différents établissements se sont exprimés. « On perd une dizaine d’élèves à la rentrée 2019 et ils ont saisi ça comme prétexte pour nous enlever deux classes », s’indigne une professeur de mathématiques du collège de l’Agiot, à Élancourt. Venue en nombre, l’équipe de l’établissement fait état de conditions de travail déjà dégradées : « On n’avait déjà pas assez d’heures l’année dernière donc on a dû se les répartir pour éviter une suppression de postes. […] Dans les classes trop chargées, les AVS (Auxiliaires de vie scolaire, Ndlr) ne peuvent même pas s’asseoir à côté de l’élève dont ils s’occupent. »
La situation serait également préoccupante dans les collèges classés en Rep (Réseaux d’éducation prioritaires, Ndlr) et Rep +, tels que Youri Gagarine, à Trappes, classé Rep +. « L’année dernière on a déjà eu des dotations trop faibles donc on a dû supprimer des heures d’aide pour les élèves, ce qui est problématique car 30 % des élèves de sixième chez nous n’ont pas un niveau de lecture suffisant », explique M. Durand, professeur de mathématiques. Cette année, avec des dotations encore amoindries, il craint que les heures d’aide disparaissent complètement pour pouvoir garder le même nombre de classes.
La situation est similaire dans le collège trappiste Le village : « On a beaucoup d’élèves en difficulté, raconte Mme Aumigny, professeure d’art plastique. Déjà avec 18 élèves par classe c’est compliqué mais si ça monte à 24 … Alors quoi, maintenant l’école publique va devenir l’école des pauvres ? Avec des élèves à qui on ne donne pas les moyens de s’en sortir ? » Aux alentours de 15 h 30, la DSDEN a annoncé accepter de rencontrer ensemble un représentant de chaque établissement. Si les professeurs souhaitaient dans un premier temps être reçus établissement par établissement, ils ont finalement bien été reçus tous ensemble selon nos informations.
Marie Lombard