Le guichet unique vie associative organisait le 15 octobre au SQY Cub, l’incubateur de start-up de l’agglomération, une table-ronde sur le thème du mécénat. Intitulé Associations/entreprises, les clés d’un partenariat réussi, ce rendez-vous a réuni de nombreuses associations du territoire, qui ont pu recevoir des conseils, notamment de l’association Admical, spécialisée dans le mécénat, et de l’entreprise Koeo, œuvrant pour le mécénat de compétences (voir encadré).
L’objectif était de « vous apporter toutes les clés pour développer des partenariats, essentiellement avec les entreprises, pour vous aider à trouver des nouvelles solutions pour accompagner vos projets mais aussi vos financements », d’après les mots employés par Geoffroy Greff, directeur général adjoint à la proximité à SQY, pour s’adresser aux membres d’association présents. « Il y a presque 3 000 associations sur SQY, a déclaré Jean-Michel Fourgous, président LR de SQY, en ouverture de la soirée. Vous êtes un tissu associatif très dynamique et on a besoin de votre dynamique. »
Et les associations saint-quentinoises sont visiblement nombreuses à rechercher des mécènes, si l’on en juge par le nombre important de participants à l’événement. Le mécénat qui, selon la définition du site internet d’Admical, est « un don, d’une entreprise ou d’un particulier, à une activité d’intérêt général. Cet engagement peut être réalisé en argent, en nature (don de produits) ou en compétences, et concerner des domaines très variés. »
Tifenn André, directrice de la professionnalisation chez Admical, a d’ailleurs pris la parole à de nombreuses reprises au cours de la table ronde, distillant ses conseils pour nouer des partenariats avec des entreprises, et appuyant ses propos par de nombreux chiffres. On apprend par exemple qu’en 2017, 9 % des entreprises françaises se revendiquent mécènes. Et seulement 44 % des entreprises ont utilisé la défiscalisation, ce qui tord le cou à l’idée selon laquelle l’argument de la déduction fiscale serait celui retenu en premier lieu par les entreprises lorsqu’elles s’engagent dans du mécénat.
« L’argument principal à mettre en œuvre (par une association auprès d’une entreprise, Ndlr) n’est certainement pas la défiscalisation, insiste la dirigeante d’Admical. L’argument est de contribuer à l’intérêt général, utiliser votre rôle social et sociétal. De leur dire : ‘‘vous êtes une entreprise, vous avez un rôle, sur le territoire, dans la société, et en faisant du mécénat, vous allez exercer ce rôle au plus profond de votre âme d’entrepreneur’’. »
Autre idée reçue : le mécénat serait uniquement d’ordre financier. « Ce n’est pas juste une entreprise qui donne un chèque, assure Tifenn André. Au quotidien, vous allez peut-être donner de la nourriture, des vêtements, il y a différents moyens d’aider les autres. » Concernant les démarches, les associations doivent d’abord s’assurer que leur action est bien considérée comme d’intérêt général en demandant un rescrit fiscal. Si tel est le cas, il faudra se constituer un dossier de partenariat. « C’est quatre-cinq pages, des images, des chiffres, peu de texte, quelque chose qui doit donner envie », avise Tifenn André.
Elle affirme qu’il ne faut pas avoir peur, non plus, de la concurrence des collectivités. « Les structures publiques ont aussi besoin d’argent et se mettent à chercher du mécénat pour leurs projets, indique-t-elle. Voyez-le plutôt comme un partenaire pour aller chercher du mécénat tous ensemble. » Et les cibles peuvent aussi et surtout être des « PME du coin, qui ont envie d’œuvrer pour leur territoire » et pas forcément des grands groupes.
Quand les entreprises prêtent leurs compétences aux associations
« Un dispositif gagnant-gagnant-gagnant, pour les associations, les collaborateurs et les entreprises. » C’est ainsi qu’Isabelle Barbey, directrice conseil chez Koeo, entreprise développant le mécénat de compétences, qualifie cette forme de mécénat, qui a été longuement évoquée lors de la réunion du 15 octobre au SQY Cub.
Le mécénat de compétences se définit comme « un don de compétences professionnelles et personnelles de salariés sur leur temps de travail au profit de structures d’intérêt général », selon Koeo. « Par exemple, si vous êtes un informaticien, vous allez aider une association à développer son site », illustre Isabelle Barbey. Et d’ajouter : « Pour le salarié, rien ne va changer, il aura toujours son contrat de travail et percevra tous ses éléments de rémunération. Pour l’entreprise, il y a une réduction fiscale au pro rata du temps passé dans l’association. »
Les missions de mécénat de compétences sont de durée très variables. « Vous avez des missions d’une demi-journée comme vous en avez parfois de plusieurs années, en particulier pour des collaborateurs en fin de carrière, pour leur permettre de faciliter la transition entre l’activité professionnelle et la retraite », détaille Isabelle Barbey.
Selon elle, le mécénat de compétences s’est développé pour deux raisons principales. D’abord, les obligations légales en termes de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Mais également le fait que les entreprises « se disent qu’elles ont un rôle à jouer dans la société », assure Isabelle Barbey. Les collaborateurs peuvent eux aussi trouver leur compte. « Plus l’entreprise a une politique de mécénat importante, plus le collaborateur va être heureux et satisfait de son travail et l’entreprise sera performante », avance Isabelle Barbey.
Les associations, elles, vont notamment « optimiser les chances d’un mécénat financier auprès de l’entreprise car il est toujours plus facile d’aller demander en premier lieu un mécénat de compétences qu’un mécénat financier. Donc on conseille de commencer par du mécénat de compétences, et une fois que la relation s’est installée, le mécénat financier va venir assez naturellement », précise Isabelle Barbey.